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La paix au lieu d'une médaille

par Abdelkrim Zerzouri

S'inspirer des valeurs olympiques, qui visent à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d'aucune sorte et dans l'esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l'esprit d'amitié, la solidarité et le fair-play, pour faire régner la paix dans le monde.

C'est le plaidoyer de plus de cinquante prix Nobel, qui ont lancé un appel à travers une tribune publiée par des médias étrangers à « l'arrêt et aux règlements des conflits en cours pendant les Jeux olympiques » qui s'ouvrent le 26 juillet prochain à Paris. On peut se demander à qui s'adresse cet appel à l'arrêt et aux règlements des conflits, et penser qu'il ne peut concerner que les dirigeants de ce monde, les gouvernements des grandes puissances, mais ce n'est pas le cas.

Considérant que les Etats ne parviennent pas à mettre fin aux conflits armés dévastateurs, dont le nombre atteint au moins 55 en cours actuellement, dominés par le génocide à Ghaza et la guerre en Ukraine, les nobélisés passent outre les responsables politiques pour s'adresser directement aux religieux, sollicités voire implorés « d'appeler à un cessez-le-feu et aux actions nécessaires pour y parvenir afin de mettre un terme à la perte des vies humaines et empêcher une catastrophe nucléaire». Et, il n'existe pas meilleure opportunité pour agir que celle du rendez-vous des Jeux olympiques, sinon quel sens peut avoir cette manifestation si elle ne va pas au fond de son principe, chercher à atteindre un monde meilleur.

Mais, est-ce que les religieux sont-ils en mesure de réussir là où les responsables politiques ont échoué ? Les nobélisés ne peuvent pas appeler les responsables onusiens à agir pour éteindre les conflits armés à travers le monde, vu que les concernés ont déployé toutes leurs forces dans ce sens sans y parvenir, ainsi que les responsables politiques qui, s'ils ne sont pas à l'origine de l'éclatement de ces conflits, se montrent impuissants face aux ravages des guerres, et ils se sont tournés vers les religieux qui peuvent avoir une certaine influence sur les fidèles, qui se comptent par milliards et dont font partie les responsables politiques eux-mêmes.

Ainsi, le Pape François, parmi d'autres, est sollicité dans le cadre de cette action. Mais, les nobélisés ont-ils oublié ou ne savent-ils pas que le Pape François a déjà appelé, le 31 mars dernier, dans son traditionnel message de Pâques, à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et en Ukraine, et ne pas «se soumettre à la logique des armes et du réarmement».

Mais, la réalité est là, cet appel n'a eu aucun écho. Dans cet esprit, les nobélisés ne devaient-il pas appeler, en sus des religieux, également les responsables onusiens, tant que les appels des uns et des autres à la paix se sont heurtés à un mur ? Il ne reste qu'à solliciter les sportifs en compétition pour gagner la paix au lieu d'une médaille.