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Moines de Tibhirine: «L'ami de la dernière minute» présentée

par K.Assia

Pour la première fois, à Oran, la pièce théâtrale en hommage aux moines de Tibhirine (localité relevant de la wilaya de Médéa), a été présentée au centre Pierre Claverie par la compagnie de l'art dramatique théâtre el Bahdja. Cette oeuvre intitulée «l'ami de la dernière minute» et mise en scène par le réalisateur Azzeddine Larfaoui met en avant l'humain et surtout les liens fraternels qui existaient entre ces moines trappistes et les villageois vivant à proximité du monastère. Un spectacle à la fois touchant et riche en émotions de par sa simplicité et ses enseignements sur les valeurs de partage et de vivre ensemble.

La pièce retrace le quotidien des moines trappistes qui avaient choisi de s'installer dans ce lieu en cultivant la terre, proches de la nature et toujours au service de la population qui les entoure. Il met également en exergue le dévouement du frère Luc, médecin de formation, qui recevait chaque jour, au niveau du dispensaire que les moines avaient ouvert au sein de leur monastère, une centaine de malades, parmi les villageois. Même malade, il n'hésitait pas à se déplacer pour soigner ses patients et être à leur chevet. Le jardin du monastère faisait vivre des dizaines de villageois qui venaient prêter main-forte aux moines pour l'entretien, l'élagage des arbres fruitiers. Sans oublier l'apiculture, une activité qui avait fini par tisser des liens profonds entre croyants chrétiens et musulmans comme en témoigne cette pièce. Ainsi et loin de toute considération politique, «l'ami de la dernière minute» illustre sans ambiguïté, la beauté du dialogue de ses personnages si proches par leur quête d'amour et de paix. Il rappelle également le refus des moines trappistes à quitter leur monastère et leur terre d'accueil malgré l'insistance des autorités locales et les propositions qui leur ont été faites pour leur sécurité.

En effet, toutes les mesures prises n'ont pas fait changer ces moines qui ont préféré rester pour être proches des villageois, de leurs patients et surtout de laisser leur destin entre les mains de Dieu. « Comment partir alors que nous partageons le jardin avec les villageois », s'interroge le moine Christian. Et d'ajouter « comment voulez vous qu'on ferme le dispensaire alors que nous accueillons 100 patients par jour ? » Une scène remplie d'émotions.

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines sont enlevés par un groupe terroriste. Deux mois plus tard, leurs têtes sont retrouvées à 4 km de leur Abbaye. Selon l'un des comédiens amateurs, on saura que cette pièce se penche plus sur le côté humain et sur l'attachement et les liens qui existent entre villageois et les moines trappistes.

Des comédiens de quelque 18 nationalités ont pris part à cette représentation et plusieurs wilayas de l'ouest du pays y sont présentes comme l'a souligné l'Évêque d'Oran, David Carraro précisant que cette pièce est une initiative de la compagnie de l'art dramatique El Bahdja. Elle a été présentée le 29 juin 2024 à la basilique Notre Dame d'Afrique à Alger.

Etaient présents à cette représentation, le consul général de France à Oran, les directeurs du centre culturel français et celui de l'institut Cervantès à Oran et l'archevêque d'Alger Jean Paul Vesco.