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Ghaza: Des familles entières massacrées à Tel Al-Hawa

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 281e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 38.345 martyrs et 88.295 blessés, selon les chiffres de la journée de jeudi annoncés par le ministère de la Santé de l'enclave assiégée.

L'armée sioniste a continué et a même augmenté, jeudi et vendredi, ses opérations génocidaires contre les civils de Ghaza, faisant des dizaines de martyrs et autant de blessés, pour la plupart des femmes et des enfants. Netanyahu est assuré que ses alliés américains, qui continuent à envoyer des bombes, des britanniques, et de la majorité des pays occidentaux, ne feront rien pour l'arrêter ni même dénoncer les carnages contre les civils soumis à une famine calculée.

C'est ce que confirme le Premier ministre espagnol en affichant son inquiétude face à la politique du « double standard » que les occidentaux appliquent selon qu'il s'agisse de l'Ukraine ou de Ghaza.

S'exprimant (mercredi) lors du sommet de l'OTAN à Washington DC, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a réitéré que les pays occidentaux « ne peuvent et ne doivent pas se permettre d'être accusés par qui que ce soit d'appliquer les deux poids, deux mesures dans la défense du droit international », rapporte Al Jazeera English (AJE).

« Dans ce contexte, ce que l'Espagne a fait, c'est d'exiger pour l'Ukraine, ainsi que pour Ghaza, de la même manière et avec la même fermeté, le respect du droit international », a-t-il déclaré.

Pour M. Sanchez, les pays occidentaux étaient coupables de «deux poids, deux mesures» en ce qui concerne leur ferme défense du droit international lorsqu'il s'agissait de l'Ukraine, mais pas des Palestiniens lorsqu'il s'agissait de la guerre d'Israël contre Ghaza, avant d'appeler à une « politique cohérente », ajoute encore AJE.

« L'Administration américaine doit rendre des comptes »

Jeudi, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une des composantes de la Résistance, a appelé à faire juger le président Démocrate, Joe Biden, devant les tribunaux internationaux. « L'administration américaine, dirigée par le criminel de guerre Biden, doit rendre des comptes devant les tribunaux internationaux. Nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces crimes », a déclaré le FPLP en réaction à une « enquête du Wall Street Journal qui a révélé que l'administration Biden avait accepté d'envoyer des bombes de 500 livres à l'occupation ».

« Cette décision est un feu vert pour la poursuite de la machine à tuer sioniste. Nous appelons tous les peuples libres du monde et les victimes du terrorisme américain à cibler partout les intérêts américains ».

Par ailleurs, le Royaume-Uni n'est pas en reste dans la course à la vente d'armement et de munitions à l'entité sioniste. Selon Al Jazeera, citant des données publiées par « Campagne contre le commerce des armes » (Campaign Against Arms Trade – CAAT), une organisation britannique, le Royaume-Uni « a accordé 108 licences pour exporter des armes militaires et non militaires à des entreprises vendant des armes à Israël entre le 7 octobre 2023 et mai 2024 ».

« La Grande-Bretagne a accordé 13 licences d'exportation d'une valeur totale de 666.000 livres sterling à des entreprises qui souhaitent vendre des armes britanniques à Israël au cours des trois derniers mois de 2023 », ajoute Al Jazeera.

Un massacre à Tel Al-Hawa

Après le retrait de l'armée d'occupation israélienne vendredi matin des zones de Tel Al-Hawa et de la rue Al-Sinaa (industrie) dans la ville de Ghaza, suite à une opération militaire qui a duré 7 jours, la Protection civile a découvert les corps de dizaines de martyrs.

Le porte-parole de la Protection civile de l'enclave, Mahmoud Bassal, a déclaré à Al Jazeera que le nombre de martyrs dans ces deux zones a atteint « environ 60 martyrs ».

« Des dizaines de corps de martyrs étaient éparpillés dans les ruelles et à l'intérieur des maisons, et des familles entières ont été massacrées dans la rue Al-Sina'a », affirme la même source.

Mahmoud Bassal affirme également que les équipes de la Protection civile ont découvert des « corps calcinés de martyrs et des maisons complètement incendiées » à Tel Al-Hawa et dans la zone industrielle, soulignant que « l'occupation a tué des citoyens qui allaient s'approvisionner en nourriture dans la région ».

L'intervenant a confirmé que l'armée sioniste « a incendié des maisons et des installations avant de se retirer de deux zones », ajoutant que ses équipages étaient obligés de se déplacer à pied pour atteindre les lieux en raison de la destruction des infrastructures (dont les routes) et du manque de carburant pour les ambulances. Hier vers 15h, l'occupation a empêché la protection civile d'atteindre les bâtiments incendiés à Tel Al-Hawa. Plus tôt, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté aussi que les « forces d'occupation israéliennes ont empêché les équipes de la Protection civile d'atteindre les bâtiments incendiés avec toutes les familles qui s'y trouvaient à Tel Al-Hawa ».

Oxfam et Amnesty critiquent les « ordres de déplacements »

L'organisation Oxfam a critiqué les ordres de déplacements de l'armée sioniste aux populations de Ghaza « vers des lieux sans infrastructures ». Ce constat est valable pour tous les ordres de déplacements donnés par l'entité d'occupation depuis le début des bombardements contre Ghaza le 7 octobre 2023. Cette politique génocidaire s'est confirmée à Rafah depuis le 6 mai dernier lorsque la population de l'est de ce gouvernorat du sud de l'enclave a été sommée de se diriger plus au nord, soit dans des zones totalement détruites après plus de 7 mois d'intenses bombardements.

Fidaa al-Araj, conseillère mondiale en matière d'égalité des sexes pour l'association caritative britannique Oxfam, explique dans une déclaration à Al Jazeera English, que les ordres d'évacuation du nord vers le sud vers la zone d'al-Mawasi, déclarée « zone de sécurité », n'est « n'est rien d'autre qu'une bande de terre sablonneuse ».

« Avant le début de la guerre, al-Mawasi n'était qu'une bande de terre sur la plage, pas une zone résidentielle… il n'y a aucune infrastructure ni aucun bâtiment », a déclaré al-Araj à Al Jazeera depuis la région d'al-Mawasi.

L'intervenant décrit la zone où « des dizaines de milliers de personnes vivent entassées dans des abris improvisés, recouverts de bâches en plastique ou de couvertures ». « La zone est tellement peuplée que jusqu'à quatre rangées de tentes de personnes déplacées atteignent l'eau », a-t-elle ajouté, précisant que les gens « n'ont pas d'eau à boire, pas de voies de transport faciles, pas d'électricité ni de lignes d'alimentation en électricité ».

De son côté, l'ONG Amnesty International estime aussi que « les ordres d'expulsion répétés de l'armée israélienne aux habitants de Ghaza constituent un déplacement illégal, un crime de guerre en l'absence de toute garantie de retour et en l'absence d'hébergement sûr ».

L'info de dernière minute, donnée hier vers 14h45 par Al Jazeera English (AJE), confirme que les ordres de déplacement de l'armée sioniste sont un danger pour les populations et les personnels des organisations humanitaires.

Citant des sources médicales, AJE rapporte que des personnels d'une organisation humanitaire étrangère ont été tués dans un bombardement israélien à al-Mawasi. « Les correspondants d'Al Jazeera dans la bande de Ghaza, citant des sources médicales, rapportent que quatre membres du personnel d'une organisation humanitaire britannique, nommée Al-Khair, ont été tués dans un bombardement de l'armée israélienne contre un entrepôt à al-Mawasi, à l'ouest de Khan Younes, au sud de l'enclave ».