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Des clés du pouvoir rouillées

par Abdou BENABBOU

L'une des leçons que nous enseignent les situations politiques actuelles aussi bien en France, qu'en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Pologne ou dans d'autres pays est que la démocratie a pris une tournure versatile et fluctuante en fonction de la tournure des événements. On a beau s'accrocher à son contenu et à son éternelle définition, elle n'obéit toujours, aujourd'hui plus qu'hier, qu'au résultat final de la confrontation des besoins des peuples et des moyens dont disposent leurs gouvernants.

On le constate bien aujourd'hui, en France ou ailleurs, les salades des sérails peuvent friser les pitreries. Les clés du pouvoir ont fini par se rouiller faute de réussir à huiler la démocratie. Les chemins vers les majorités absolues sont définitivement obstrués pour que les élus du peuple adaptent leurs pas de danse à une musique nouvelle laborieuse à suivre pour ne pas dandiner.

Le monde étant en profonde transformation, les relais des pouvoirs opposés d'avant ne tiennent plus et le condensé des idéologies divergentes s'effiloche pour que les sens donnés à la démocratie se désintègrent amenant le citoyen d'aujourd'hui à n'accorder de primeur qu'à la justice et à l'équité. Chacun les définit à sa convenance selon ses rêves et ses besoins. L'adéquation est devenue un exercice impossible pour les classes politiques ne trouvant pas une brèche solvable à emprunter entre le virtuel des calculs et des positions gardées et le populisme des intentions. Contenter tout le monde et même une majorité est un défi intenable.

Le socialisme, comme le conservatisme, le libéralisme ou d'autres itinéraires dans la contradiction ont fait leur temps. La démocratie a été dépouillée de ses octaves infinies pour que sa perception ne repose plus que sur les intérêts concrets des populations et se résume au contenu du panier et du portemonnaie.