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Les Arabes et la Palestine

par El Yazid Dib

L'on constate, ces derniers jours, un certain fléchissement dans le soutien à la lutte du peuple palestinien. On n'en parle pas trop. Est-ce l'usure d'un génocide qui ne semble pas finir, les vacances d'été, la coupe d'Europe, les élections françaises ou bien une simple lassitude ?

Quoique la Palestine n'est pas par principe, une affaire exclusivement arabe ou musulmane, étant un cas d'universalisme, les États arabes doivent être plus impliqués que d'autres pour la défendre. Outre ce lien moribond « d'arabité », il y a aussi la géographie qui favorise ce devoir de défense et d'assistance.

Cependant, face à l'horreur qui persiste à se commettre sur Ghaza, personne, parmi notamment les « normalisateurs « n'a osé rompre ses relations avec l'entité sioniste. Des condamnations du bout des lèvres et pas assez d'audace. L'histoire des Arabes est assez riche en événements douloureux. Elle ne fut en réalité qu'une kyrielle de guerres, de combats et d'éloges post mortem à l'honneur des grandes victoires d'une ère enterrée. Celui qui a dit « dans le corps de chaque Arabe repose l'âme d'un prince » voulait en fait suggérer qu'il fallait comprendre par « prince » le sens réel de « pouvoir » « force » et « puissance ». Ainsi les Chefs, les Guides, les Combattants suprêmes, les Moulouk, les Emirs, les Mawlay, les Ouali el ahd, ne font plus la différence avec les Mollahs, les Ayat, et les Shahs et les Raïss. La commune mesure est une convergence, pour eux, dans l'otique de la destinée de leur peuple. Ils se croient tous investis de l'oracle divin. Ils gouvernent par procuration providentielle. Ils se prennent pour les héritiers du pouvoir de Dieu sur terre.

Dire avec toute l'aisance de ne point se tromper, que le seul ennemi de l'Arabe reste son comparse.

L'affaire palestinienne ou la guerre contre l'Irak ont bien démontré le fossé qui sépare la rue et le peuple des palais royaux ou des cabinets présidentiels.

Tellement enfoncés, chacun dans ses couacs internes, ils n'ont plus la tête à la « Cause ». Toutes leurs déclarations n'étaient que de molles positions. Dénuées de cran, s'assimilant, pour la plupart, à de la complaisance imposée, elles n'expriment, en fait, qu'un laisser-faire. Certains campent dans un « juste » milieu. D'autres prennent le silence un peu bavard en louant la formule des deux États, sans aller à condamner l'occupation de l'entité sioniste et s'ils le font c'est avec des pincettes, si comme l'on veut ménager le chou et la chèvre.

« Normaliser » ses relations avec Israël c'est d'abord mettre sous le tapis le droit du peuple palestinien, un peu plus, c'est le prendre pour un conflit entre un une « communauté » envers qui l'ont fait les yeux doux et un usurpateur que l'on n'ose plus condamner. En somme, c'est vendre toute la légitimité historique du combat mené, auparavant, par tous les États arabes. Du moins du temps de leurs défunts leaders. Qu'ont-ils à gagner en contrepartie de ce lâchage, voire trahison ? Une paix intérieure hypothétique ? Une protection contre toute susceptible agression de tiers-frères?

L'Algérie reste avec la noblesse de son peuple et de ses positions, le seul pays qui ne se fatigue pas. Le drapeau palestinien s'est encore arboré au stade du 5 Juillet, lors de la finale de la coupe en ce 5 juillet, jour d'une indépendance inégalée.