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Le Foot en fête

par Belkacem Ahcene Djaballah

Des clubs de football, échappant de justesse, à une relégation en division inférieure, et ce, après une saison calamiteuse, qui fêtent cela dans la liesse populaire ! C'est là un spectacle que l'on trouve un peu partout à travers le monde. Il est vrai que le Foot, à travers ses supporteurs et ses dirigeants, ainsi d'ailleurs qu'à travers le comportement de ses joueurs, est devenu, depuis quelques décennies, un véritable marqueur de la santé mentale publique, le côté santé physique étant dans les oubliettes depuis fort longtemps. Il est vrai, aussi, que le foot, avec ses vedettes -joueurs, entraîneurs et autres intermédiaires, dont les «expertologues» numériques - plus que tout autre sport, grâce à la télévision notamment et aux finances énormissimes générées ou perçues, a de quoi faire tourner toutes les têtes, de la plus couronnée à la plus chauve. En France, Mbappé est désormais reçu comme un prince à l'Elysée et Zidane est idolâtré même par Zemmour, Ciotti, Bardella et Larcher. En Algérie, Benzema -en visite privée pour la première fois en Algérie - est accueilli par des walis (notons que Zidane l'a été par le Chef de l'Etat de l'époque lui-même) avec, toujours, des foules en délire.

Une manière qui démontre que, quelles que soient les positions et fonctions occupées, le sport en général et le foot en particulier, tout particulièrement avec leur mise en vedette par les médias de masse et les réseaux sociaux, sont et restent l'atout essentiel d'approche des foules que l'on sait «d'amour et d'action» et hélas de folies lesquelles, bien que passagères, peuvent être destructrices. Encore plus lorsqu'elles sont manipulées à des fins politiciennes ou affairistes.

Des collégiens et des lycéens qui «fêtent» la fin d'année scolaire en déchirant, en public, leurs cahiers, voilà donc une façon assez originale de terminer une étape de son éducation !

Une manière de se dégager d'un long «stress» accumulé tout au long d'une année (en fait à peine quelques mois) ? Ou, une manière de montrer son rejet d'un système éducationnel leur paraissant obsolète ou à tout le moins inadapté ? Ou, alors, un refus des parents d'encombrer leur domicile de papier porteur de poussières ? Dire que pour notre génération (cinquantenaires et plus), c'est toujours avec émotion et fierté que l'on ressort et retrouve les cahiers, toujours si bien tenus (ou presque), de nos premières années d'école et de lycée.

Si mes souvenirs de parent d'élèves sont bons, cette «tradition» étrange -en dehors des manifestations des élèves de Terminales préparant le bac - n'a commencé à se faire voir qu'à partir des années 2000. A peu près en même temps que les «fêtes populaires» liées à la non-relégation en divisions inférieures des clubs de foot.

Deux domaines concernant les jeunes et la vie socio-culturelle qui se rejoignent, dans la communion et les excès. Exutoires, quelque part, d'un mal-être encore largement insaisissable. Mais qu'il faut rapidement éradiquer pour ne pas aller vers plus grave encore. Une autre éducation ?