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Pas de répit pour l'esprit

par Abdou BENABBOU

Tout le monde s'accorde pour reconnaître que le mental n'est pas au point fixe. D'aucuns affirment que l'esprit a perdu la sérénité nourricière du calme et du recul. Certains, par pléiades entières, se disent étonnés de ne pas comprendre pourquoi le malaise des âmes étrangle le riche comme le pauvre sans qu'ils réussissent à situer la vraie cause des maux et pourquoi les tristes réflexions sur soi et sur les autres deviennent un menu quotidien.

La vie d'aujourd'hui est hachurée par un pessimisme frisant la neurasthénie. Le galop des âges n'y est pour rien, sauf que ceux qui les a surpris ressentent mieux le décalage existentiel qu'il impose.

Catastrophique crise économique? L'enfer du Covid ? Sans doute plus encore pour trouver une explication juste à l'humaine déroute, inscrite dans une flagrante pérennité. Faudrait-il maudire l'aisance inouïe de la tarabustée de la nouvelle et de l'information qui ne laisse aucun répit à l'esprit ?

Ainsi, la vieille ignorance des faits et des événements qui secouent les recoins du monde les plus reculés avait tout de même la faveur d'offrir une bienheureuse quiétude aux consciences. Avec la vitesse du son, les nouvelles si brûlantes arrivées en instantané aujourd'hui endossent le rôle vicieux d'artisanes attitrées de la déprime, et parfois de la dépression.

A travers le monde entier, les architectes des sorts sont devenus si familiers que l'on n'a plus de peine à déceler leurs entières nudités. Leurs travers et leurs petitesses souvent. Leurs grandeurs rarement.

L'autre nudité, celle des errants miséreux et assoiffés ou de ceux engloutis par les mers a fini par sa régularité à semer une tenace familiarité avec nos pensées. Celle-là, avec ses différents visages embrouillés n'offre pas la facilité de trouver le point commun entre l'amertume et la malédiction des étalages des marchés.

Par la force et le poids des faits et les violences aussi fortes que variées, il devenu impossible d'adapter l'esprit à un monde entamant sa dégénérescence pour que la déroute soit consommée.