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«Neten-yahu», pro-palestinien ?

par El Yazid Dib

Bizarre, est cette hypothèse. Ben, oui ça arrive! Il a fait pénétrer ses troupes dans un enfer qu'il a lui-même créé. Il ne veut plus rebrousser chemin. Il s'obstine à arrêter la guerre qu'il entretient sans succès, depuis voilà neuf mois. Cela serait pense t-il une capitulation et une décision contre-productive en rapport à tout ce qu'il a voulu réaliser. Tous les plans d'arrêt des hostilités conçus et proposés, tant par son cabinet et ses négociateurs que par les bons offices du Qatar et de l'Égypte sont systématiquement rejetés.

Y compris le dernier en date présenté par Joe Biden et qui en fait porte bien son seing. Il avorte chaque tentative devant, pourtant aboutir à la libération des « otages ». A bien le comprendre, c'est qu'il en a cure. Leur élargissement traduirait sa fin. Peu lui importe cet objectif qui bien que sérié comme priorité dans son programme de guerre est devenu impossible sans le cessez-le-feu réclamé par Hamas.

Il tend à justifier le torpillage de tout accord par la criarde faillite dans la réalisation de ses grands exploits militaires, l'arrestation des leaders de Hamas, l'anéantissement total de ses capacités d'attaque. Niet sur tout le front.

Il y a aussi d'autres motivations qui le poussent à plus d'atrocités pour nourrir ce climat belliqueux, mais qu'il n'ose dire et que tout le monde sait. C'est que la fin de la guerre serait impérativement sa fin politique. Déchu de ses fonctions, il deviendra justiciable à plus d'un titre. La colère persistante des parents et proches des otages, la situation économique effondrée du fait de l'effort de guerre, le quiproquo avec son principal allié et pourvoyeur et la détérioration de leurs relations, la menace explosive de l'extrême droite, le diktat des ministres Ben Gvir et Smoritch font qu'il s'est mis dans une terrible impasse. S'il cesse la guerre, il cessera illico-presto.

Il ne pourra échapper, par ailleurs, à l'échec cuisant qu'on lui impute de n'avoir pu à temps contrecarrer l'assaut du 7 octobre où même l'avoir prédit. Il était occupé en ce temps-là, disent ses opposants, à enjoliver le séjour de son rejeton Yaïr sur les rives de Miami Beach.

C'est dans le chaos qu'il a semé à Ghaza, au nom d'un hypothétique impératif sécuritaire que son nom sera enterré. Arrêter la folie qui l'anime de son propre chef, c'est comme mettre un éteignoir sur sa personne et se livrer aux mains de la justice israélienne qui aura son mot à dire sur ses frasques de corruption et de malversation. Il y a aussi la Justice pénale internationale qui est à ses trousses avec ce mandat d'arrêt qui le guette malgré son improbable efficacité. Ainsi, c'est par la guerre qu'il pense sauver sa peau. C'est par la guerre qu'il se protège et semble se procurer une paix stricto personnelle. Comment voulez-vous qu'il l'arrête ? L'homme est en voie d'extinction. Chaque jour de plus dans la guerre est un jour en moins de sa vie politique. Il est aux ultimes phases de sa longue agonie. Lâché de toute part, honni par toute la jeunesse mondiale, décrié par ses concitoyens exigeant sa démission, il ne reste de lui que l'ombre ruinée de sa dramatique politique.

Contrairement à toutes ses attentes, il ne savait pas que sa politique criminelle allait permettre une inédite sympathie universelle aux Palestiniens et de surcroît ramener plusieurs Etats de son giron à leur reconnaître le statut d'Etat indépendant. Sa démence l'a rendu, malgré lui, pro-palestinien du fait qu'il a participé, sans le vouloir à promouvoir la Cause palestinienne à travers le monde et montré, à tous, le calvaire de ce peuple.