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Le village scientifique en sera l'élément central structurant: Une batterie d'investissements «thématiques» à la Sebkha de Petit Lac

par Houari Saaïdia

Près d'un tiers de la superficie de la zone au niveau de la Sebkha d'Oran sera réservé à des investissements publics-privés en dehors du futur village scientifique, l'élément central et structurant du projet d'ingénierie écologique, d'aménagement et de mise en valeur de cette zone humide. Bien qu'il représente la structure principale du plan d'aménagement global du périmètre, le village scientifique en stade d'étude n'est pas le seul et unique compartiment du master-plan. C'est ce qu'il ressort des explications données par le wali Saïd Sayoud, au détour d'une récente sortie de travail et d'inspection. Une bonne partie du sol attenant au lac salé sera exploitée en tant qu'une batterie de terrains à mettre en concession au profit des investisseurs porteurs de projets qui soient en concordance et en harmonie avec la thématique générale du site. D'où un ensemble de critères particulièrement exigeants et sélectifs dans le dispositif d'approbation des projets d'investissement convoitant ce site.

UNE BATTERIE DE TERRAINS ET DES CRITÈRES DE CHOIX

« Le projet de réalisation du village scientifique sera lancé prochainement au niveau de Dhaya Morsli », avait annoncé dernièrement le wali d'Oran. Inscrit au titre de l'année 2024, le projet est en phase d'étude avant l'élaboration du cahier des charges et le lancement des travaux, et ce dès la finalisation des procédures administratives. Le futur village scientifique sera mis à la disposition de l'Université d'Oran, dès son entrée en exploitation. Les travaux projetés porteront notamment sur la réalisation d'espaces verts, d'aires de détente et d'autres réservées à la pratique sportive, des structures commerciales, ainsi que 5 bâtiments devant être dédiés à diverses activités. Le futur village scientifique, dont la conception est inspirée du patrimoine architectural de la capitale de l'Ouest, sera le premier du genre à l'échelle nationale. Dès son entrée en exploitation, il constituera un espace supplémentaire de loisirs et de détente pour les familles oranaises et les visiteurs. Il faut signaler que dans le cadre du suivi des travaux d'aménagement de ce lac, une délégation du ministère de l'Intérieur s'est déplacée à plusieurs reprises pour un constat de visu de l'avancement des travaux. Selon nos sources, ces travaux sont en partie pris en charge par un investisseur privé. Outre l'apport financier accordé par le ministère de l'Environnement, la wilaya d'Oran a contribué à la réhabilitation de cette zone humide après le déblocage d'une enveloppe de 150 millions de DA par le ministère de l'Environnement.

Fin 2016, on s'en souvient, on levait un coin du voile sur un projet algéro-turc très ambitieux: un pôle touristique à hauteur de la zone humide appelée « Lac de Dhayat Morsli » plus connue sous l'appellation de Petit-Lac.

ON REPREND LA MÊME IDÉE DE FOND ET ON REPART SUR UNE BASE SOLIDE

Objet d'innombrables études, plus proches de l'académique que du rationaliste, ce périmètre périurbain, mis à mal par son surnom de Sebkha et l'exutoire d'eaux usées d'à-côté, était promis à un bel avenir, à en juger de la bande d'annonce présentée, à grand renfort médiatique, par un architecte libanais aux cheveux longs, lors d'un workshop en novembre 2016, à la salle de conférence de la Mosquée de Abdelhamid Ben Badis. Après les effets d'annonce, plus rien. Aujourd'hui, on reprend la même idée de fond, et on part sur une base solide, mais surtout un projet réalisable. Financièrement parlant, au premier chef. L'idée de fond ? Oran tourne le dos à ce lac salé. C'est peu dire, en fait. Non seulement la ville tourne le dos, jusque-là du moins, à ce bassin occupant le fond d'une dépression à forte salinité, mais elle est complexée, obnubilée, par son existence, par sa mitoyenneté avec son corps urbain. Comme si ce pan de la nature était un greffon indésirable dont se défend l'organisme en le rejetant, le rendant du coup inapte à remplir sa fonction. Et il faut, dans le cas de Petit-Lac, prendre le mot rejet dans son sens hydraulique : déversement, écoulement, évacuation des eaux usées (ménagères comme industrielles). Bref, mal loti, victime de son existence à l'orée d'une cité en panne d'imagination, mordant sa propre queue, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, Petit-Lac -l'étendue d'eau et non le secteur urbain s'entend- est rejeté, banni, laissé pour compte. Un no man's land. La ville n'ose pas s'approcher d'un iota de ce terrain inconstructible, marécageux, bourbeux, sale et salé, d'air irrespirable. Rien que pour avoir osé déplacer la ligne des faux interdits, casser ce vieux tabou qui consiste à sacraliser le lieu dans les tribunes officielles et s'en servir de déversoir derrière le rideau, défaire cet ennuyeux complexe de zone intouchable sous prétexte, plutôt drôle, de zone humide classée Ramsar, lequel prenait en otage la ville et l'amputait de sa jambe saine, rien que pour cela, le projet conçu par les pouvoirs publics locaux est à saluer à plus d'un titre.