|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
On
évalue à 6 à 8 millions les ukrainiens, des jeunes pour la plupart, qui ont
quitté leur pays depuis le début des hostilités avec la Russie.
Beaucoup ont voulu profiter au départ de l'aubaine des conditions d'accueil exceptionnelles faites par les pays occidentaux, en solidarité politique avec une population dont le pays s'était effondré économiquement après la séparation de la Russie et le pillage des oligarques. Mais surtout, on peut estimer sans grand risque de se tromper, qu'ils ont voté avec leurs pieds contre la guerre. Ce mouvement de fuite du pays ne cesse de croitre. Il est loin le temps où on s'émerveillait du patriotisme des ukrainiens et où on le comparait à l'absence de motivation des soldats russes. L'âge de la conscription a été abaissé à 25 ans. On veut l'abaisser encore à 22 ans et même 18 ans. Les besoins en chair à canon sont énormes et insatiables.. En Ukraine, les autorités font désormais la chasse aux conscrits, souvent violemment. On évalue à 650 000 le nombre de jeunes ukrainiens ayant fui à l'étranger et susceptibles d'être appelés à l'armée. le pouvoir ukrainien demande à ses alliés occidentaux de leur faire eux aussi la chasse. . Certains États européens ont assuré de leur collaboration. On propose de les priver de documents d'identité consulaire. On veut tout simplement obliger les jeunes ukrainiens à se battre. Des armes contre du sang et de l'argent La propagande occidentale se refuse de tirer la seule conclusion logique. Cette guerre n'est pas populaire, elle n'est pas patriotique. Seuls les pays occidentaux, à part quelques exceptions mais qui paraissent ces derniers temps devenir plus nombreuses, veulent à tout prix s'auto-convaincre du contraire. Les États Unis et d'autres pays occidentaux veulent rester sur le respect du marché de départ: eux fournissent les armes et les ukrainiens leur sang, «pour la défense de l'Occident». L'Occident va-t'en guerre donne même à présent des leçons de patriotisme aux Ukrainiens. On clame désormais bien haut que les Ukrainiens doivent faire leur devoir. On veut leur donner des leçons de patriotisme. Dans les médias, on va jusqu'à donner l'exemple héroïque des générations de la guerre de 1914 qui ne rechignaient pas à rejoindre l'armée et le front. «oui, la guerre est dure mais c'est la guerre, et il faut la faire, on n'a pas besoin d'en avoir envie ou d'être un patriote».. On reste songeur lorsqu'on entend désormais un discours aussi cynique, dit par des journalistes et même des intellectuels bien chaudement installés sur les plateaux ou chez eux par connexion Skype. Bref: «armons nous et partez!» Entre temps, les dirigeants ukrainiens réclament sans arrêt des armes, de l'argent, surtout de l'argent. Leur soif d'argent est insatiable. Le holdup La dette de l'Ukraine est égale à trois fois son PIB. Les États Unis et l'UE ne cessent de déverser sur les dirigeants ukrainiens un flot de dollars et d'euros, gratuitement, à fonds perdus, à tel point que l'ex président Trump demande aujourd'hui que cela soit considéré comme des prêts. C'est d'évidence un véritable racket. Alors on a eu recours à un autre racket: le G7 vient de décider un holdup up sur les intérêts des fonds russes gelés en Europe. Butin: 57 milliards d'euros. Pourquoi l'Ukraine demande-telle autant d'armes s'il y a si peu, et de moins en moins d'hommes pour s'en servir. Ces aides financières énormes ne serviraient elles pas à autre chose lorsqu'on sait la corruption régnant en Ukraine et aussi aux États Unis , d'après les accusations réciproques des candidats aux élections présidentielles eux-mêmes.? On a la surprise de constater que dans la dernière aide américaine, seulement le tiers concerne des équipements militaires, si, bien sûr, ce qui est annoncé est vrai et ne comporte pas des clauses secrètes. Il est étonnant en effet comment on prend les déclarations américaines, ou européennes au pied de la lettre, dans des médias complaisantes, sans exprimer des doutes à leur sujet. Il y a eu tellement de mensonges pour justifier toutes les expéditions guerrières. Quoi qu'il en soit, il est annoncé officiellement que les deux tiers de l'aide, votée par le Congrès des États-Unis, va vers des subventions au fonctionnement de l'Etat ukrainien et des aides humanitaires. Les étatsuniens, les européens paient tout en Ukraine: les fonctionnaires, les militaires, les services publics, la facture des importations etc.. Bref, l'Etat ukrainien, ou ce qu'il en reste, fait la manche Il n'a plus rien, plus aucune souveraineté. Les dirigeants ukrainiens ot un seul moyen de pression sur leurs alliés occidentaux, c'est de faire la grève de la guerre. Ils le font sans cesse indirectement en criant à une catastrophe militaire si les aides s'arrêtent. Aussitôt celles-ci reprennent. Chacun semble s'être mis d'accord pour faire durer la guerre, les dirigeants américains comme les dirigeants ukrainiens, et de veiller sur la poule aux œufs d'or. On en arrive donc à cette conclusion monstrueuse, mais qui s'impose d'évidence: l'Ukraine vit de la guerre, elle est nourrie par la guerre, elle se nourrit de la guerre. Mais c'est un équilibre qui ne peut durer indéfiniment. Il est de plus en plus difficile de faire fonctionner le discours neonationaliste des premiers temps de la guerre. Le pouvoir ukrainien va certainement vers de graves tensions sociales et civiles. L'argent ne peut tout faire, il creuse même l'écart entre ceux qui profitent de la guerre et ceux qui la payent avec leur sang. Un des signes de ces déséquilibres grandissant sont les protestations, dans la jeunesse, à l'égard du favoritisme, des passes droits dans la conscription. La nature même de cette guerre se révèle de plus en plus. Une guerre artificielle, en réalité civile. En Russie de même, beaucoup avaient jugé cette guerre fratricide. C'est ainsi, qu'au début du conflit, beaucoup de jeunes avaient aussi quitté le pays, fuyant les rumeurs d'une mobilisation. Un grand nombre est revenu. La différence, peut être, est que l'opinion a changé lorsqu'elle a vu concrètement qu'il s'agissait d'une guerre de l'alliance occidentale de l'OTAN pour encercler le pays, l'affaiblir, le soumettre à l'hégémonie occidentale, voire le démanteler et le faire disparaitre en tant que grande puissance indépendante et souveraine. La corde au cou du dollar Les États unis ont une dette abyssale, supérieure à leur PIB. Et ils continuent de financer à fonds perdus l'Ukraine, ainsi d'ailleurs qu'Israel. Cela leur coûte l'impression du dollar. Et lorsque les intérêts de leur dette grandissent, ils procèdent de même. On se trouve devant un cercle vicieux où même les pays qui achètent de la dette américaine, la Chine, et d'autres pays non occidentaux, par exemple l'Inde, les pays du Golfe, d'autres pays occidentaux, se trouvent enchainés et risquent leur propre faillite si l Amérique fait faillite. Cette situation nourrit en même temps l'inflation mondiale. Les États- Unis ont toujours réalisé le tour de force de faire participer ainnsi au financement de leurs guerres, même ceux qui y sont opposés. Au bout de la chaine, ce sont les peuples du monde qui financent le militarisme étatsunien, à travers l'inflation et les prêts à taux élevés. Tant que la suprématie du dollar subsistera, ils seront dans la situation de celui qui va serrer toujours plus fort, lui-même, la corde à son cou. Le conflit en Ukraine amplifie les contradictions mondiales. La crise des États-Unis se mondialise. Les moyens auxquels ils ont recours pour la contenir, comme ce holdup, ajouté à la destruction et à la politisation des règles du commerce international, obligent les pays qui veulent avancer à sortir de cette dictature du dollar pour sécuriser leurs avoirs et intensifier leurs échanges. Les américains ont perdu toutes leurs guerres de l'Irak à l'Afghanistan. Ils n'ont gagné qu'une seule guerre: celle du dollar. On comprend qu'ils s'y accrochent de toutes leurs forces. Mais jusqu'à quand? Les militaires font de la politique Dans le contexte général du déclin de l'hégémonie occidentale, cette guerre peut avoir des conséquences inattendues. Elle peut nourrir les facteurs de graves tensions politiques et sociales, en Europe, voire de guerre civile en Europe. Cette guerre est déjà larvée à voir la confusion politique qui règne en Occident. Les militaires apparaissent de plus en plus sur la scène politique ou médiatique occidentale C'est un signe qui ne trompe pas des tensions politique et sociales qui se développent dans le camp occidental. Aux États Unis, le Pentagone, la CIA, l'armée interviennent de plus en plus souvent publiquement: Le chef d'Etat major le général Mark Milley, celui de l'armée de terre James McConville, des officiers supérieurs en retraite , ont pris la parole. En Angleterre il y a les interventions nombreuses du général Sir Patrick Sanders. L'exemple s'est diffusé en France: Le général Pierre de Villiers, ancien chef d'état-major des armées, qui avait démissionné au début du mandat du président Macron par désaccord avec celui-ci, , sort de sa réserve et déclare à la télévision, le 22 novembre 2022, , «qu'il ne faut pas sous-estimer la capacité militaire de la Russie» et que» l'intérêt de la France est d'arrêter le guerre» . Par contre, plus tard, le 19 mars 2024, le chef d'Etat major de l'armée de terre, le général de corps d'armée Pierre Schill ( et non le chef d'Etat major général, ce qui ne cesse d'intriguer) signe une tribune dans le journal Le Monde suite aux différentes déclarations du chef de l'État français sur un éventuel envoi de troupes en Ukraine pour dire que «l'armée française se tient prête»; Tout cela est inhabituel. Ceux qu'on appelle « les «généraux de plateau», apparus au départ pour commenter en experts, la guerre en Ukraine, font désormais carrément de plus en plus de la politique. Un exemple significatif en est le général Michel Yakovleff. Ancien haut dirigeant de l'OTAN, il a participé à la guerre du golfe et celle contre la Serbie. Il est devenu une figure médiatique majeure se faisant remarquer par des positions jusqu'auboutistes qui veulent séduire par une posture de guerrier franc et ne mâchant pas ses mots, dans la tradition des généraux Bigeard et Massu. Il a publié, le 13 mai dernier, avec d'autres militaires et éditorialistes politiques de TF1, ce qui illustre bien le mélange actuel des genres et des rôles, lui aussi une tribune dans le journal «Le Monde», appelant à l'escalade et à l'utilisation de missiles à longue portée sur le territoire Russe. Un autre général de plateau, ancien chef du renseignement militaire et des forces spéciales, le général Christophe Gomart,, s'est porté lui , vêtu de sa tenue militaire, candidat aux élections européennes sur la liste d'un parti de la droite. Cette intervention de plus en visible des militaires, même «ex militaires et en réserves», dans la vie politique, est un signe des tensions politiques, et de la fragilisation de pays européens, singulièrement la France. Ces tensions peuvent s'exprimer à tout moment sous toutes les formes. La dissolution brutale de l'Assemblée nationale française en est un exemple. Le président Macron subit une grave défaite aux élections européennes qui ont valeur de test de l'opinion publique actuelle et de la répartition des forces. Pourtant, les semaines la précédent, le président Macron était célébré, à grands renforts médiatique comme un chef de guerre, ce qui pouvait donner l'illusion d'une popularité. Elle n'était que médiatique. Et alors éclate la crise Tout cela semble s'être estompé d'un seul coup à la faveur d'une crise politique qui a d'abord éclaté à partir des élections européennes, ce qui est très significatif, pour devenir une crise nationale. Soudain les projets guerriers du président Macron prennent bien moins de relief, et l'apparence, du moins pour le moment, de simples velléités. C'est bien la preuve qu'i devient bien difficile de détourner l'attention des peuples de leurs problèmes réels par une fuite en avant guerrière, et de les convaincre que leur existence se joue en Ukraine, comme essaient de les en convaincre les élites mondialistes dirigeantes des États- Unis relayées par leurs comparses européens. On assiste même à un phénomène inédit historiquement et qui laisse les analystes songeurs faute de précédent. Au fur et à mesure qu'ils perdent leur souveraineté et leur indépendance sous l'action brutale des élites mondialistes américaines, certaines forces dans les pays occidentaux se trouvent désormais des accents libérateurs tiers-mondistes. Cela touche aussi les forces traditionnellement classérs à droite ou à gauche. Elles se découvrent même des sympathies avec le projet d'un monde multipolaire proposée en Europe par la Russie. Face à ce phénomène, les élites mondialistes ne savent plus quelle attitude adopter entre la lutte contre ce courant ou l'alliance avec sa partie la plus autoritaire, celle du parti de l'ordre, face à la montée de la protestation populaire. Le sionisme, mondialiste par définition, se trouve dans la même expectative, une partie s'alliant avec les courants de l'extrême droite souverainiste qui soutiennent Israel, et l'autre s'en méfiant, par crainte de l'histoire chargée d'antisémitisme des courants nationalistes européens. La confusion politique est grande et se manifeste par des renversements incessants d'alliance, qu'elles soient objectives ou formalisées politiquement, comme le montre les élections dans de nombreux pays européens. Quel avenir ? En tout cas, ce qui est très probable c'est que les tensions économiques, donc sociales, donc politiques, vont aller s'accroissant. La raison en est simple et claire, au-delà des analyses économiques sophistiquées: la part des pays occidentaux dits «riches» ne va cesser de diminuer dans la répartition des richesses mondiales, du fait de la montée en puissance irrésistible d'un nombre croissant de pays émergents et du déclin de leur hégémonie. Il ne pourra plus y avoir à un pôle l'extrême pauvreté et l'autre la richesse. Les flux migratoires entrainés par cette situation deviennent eux-mêmes intenables. Les pays occidentaux seront de plus en plus obligés de vivre selon leurs moyens, tout simplement, comme les autres nations. Cela va dans le sens de l'aplanissement des inégalités entre nations. Jusqu'à présent les classes dirigeantes occidentales avaient pu maintenir leur pouvoir tout en achetant la paix sociale, et même entrainer grosso modo l'adhésion de leurs peuples dans les aventures coloniales et néocoloniales, en cédant aux classes populaires et moyennes une part du gâteau, du butin, ce qu'on appelait dans la littérature internationaliste «les miettes de la table». Cela va être de moins en moins possible. Le choc historique est dur et explique le désarroi, la panique, toute la palette des ressentiments et des frustrations dans les pays occidentaux, de classes populaires et moyennes apeurées par un avenir qu'elles ne perçoivent plus. Cela se manifeste en grande partie par des sentiments nationalistes négatifs:, à travers la concentration des luttes politiques autour du thème des migrants et des autres thèmes dérivés: islamophobie, questions sécuritaires, racisme, suprématisme etc.. Mais il va être de plus en plus difficile de détourner ainsi l'attention des peuples européens dans ces directions, vers de faux ennemis, vers des boucs émissaires.. Les revendications, les luttes internes autour de la répartition du revenu national et des richesses vont être donc de plus en plus aigües, de plus en plus graves. Les élites dirigeantes ont de plus en plus de peine à les contenir et à trouver, pour cela, le personnel politique adéquat. L'essentiel des changements viendra évidemment du monde non occidental, c'est-à-dire de la transformation du rapport de forces dans les relations internationales. Mais les pays occidentaux ne manquent pas de traditions dans ce sens, de grands leaders humanistes, et internationalistes, qui ont toujours tenté d'éloigner leurs peuples de l'égoïsme national. C'est désormais le moment où jamais qu'ils se manifestent. Il semble qu'il y a des forces qui dans les pays occidentaux ont relevé ce défi malgré l'hostilité incroyable contre elles dans le système médiatico-politique. il y a l'extraordinaire mouvement de solidarité avec la Palestine aux États Unis, au sein même du parti démocrate et de la communauté juive, ainsi qu'en Europe, il y a certaines forces souverainistes et indépendantistes européennes qui allient revendications nationales et sociales, il y a le parti de «la France insoumise» en France qui est devenu la force centrale den la gauche en France etc.. Dans cette période de transition, si fragile, si dangereuse pour la planète, espérons seulement que les élites mondialisées, enfermées souvent dans le nihilisme, l'inhumanité de leur vision abstraite et désincarnée de l'homme, des cultures, des nations, et souvent même dans leur absence d'empathie pour les souffrances des peuples, n'entrainent pas, avec leur chute, l'humanité toute entière dans la guerre. Telle est l'enjeu principal actuel. |
|