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Les étrangers menacés?

par Abdelkrim Zerzouri

Les élections législatives anticipées en France, annoncées le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second, mettent-elles en danger la quiétude des étrangers, et des Français eux-mêmes, notamment ceux de confession musulmane ? Décidées par le président français Macron dans le sillage de la victoire écrasante de l'extrême-droite aux dernières élections européennes, ce rendez-vous est très appréhendé par les étrangers vivants en France, à cause de l'orientation politique anti immigration d'une extrême-droite qui place ce thème au cœur de sa campagne, voire de toute la portée de sa politique. Les responsables politiques de ce camp, ainsi que ses candidats en lice, qui ne se cachent pas de promettre l'enfer aux immigrés réguliers et clandestins de confession musulmane, inquiètent, au plus haut degré, les étrangers vivant en France.

La décision du Président Macron est souveraine, mais est-ce qu'elle ne met pas en danger l'équilibre social et politique de la France, avec des retombées qui affectent, en premier lieu, les étrangers ? Est-ce qu'il n'a pas mesuré qu'en cas de victoire de l'extrême-droite, les relations de la France avec de nombreux pays musulmans seront détériorées ? Ou sait-il que la défaite de l'extrême-droite est quasi certaine ? Il est vrai que les Français ne se sont pas trop impliqués dans les élections européennes, et qu'on estime qu'ils le seront dans ces prochaines élections législatives, pouvant, dans ce sens, barrer la route aux candidats de l'extrême-droite, mais cela reste de simples estimations, à vérifier au lendemain du prochain rendez-vous électoral.

On apprend dans ce sillage que les Français mesurent, en toute conscience, l'importance de ces prochaines élections, d'où une mobilisation dans cette campagne électorale des voix qui appellent, dans les mosquées, au sein des familles, des voisins et des amis, à barrer la route aux candidats issus de l'extrême-droite. Mais, faut-il le rappeler, ce camp politique n'a pas cessé, ces dernières années, de prendre des forces dans une société qui croit, de plus en plus, que tous ses maux viennent de l'immigration. La décision du Président Macron a été désapprouvée par des politologues français, ainsi que de hautes personnalités politiques, qui y voient un risque majeur et inutile pour leur pays. Car, comment le président peut-il avoir la certitude que l'extrême-droite ne rééditera pas le même exploit des élections européennes en prenant les commandes à l'Assemblée nationale ? Dans ce cas, il ne pourra pas dissoudre l'Assemblée nationale dans l'année qui suivra, et il sera dans l'obligation d'aller vers une dure cohabitation en choisissant un chef de gouvernement issu de cette majorité qu'il tente de combattre. Est-il prêt à assumer cette probabilité ? Insondable la décision du Président Macron, qui a choisi un délai extrêmement court pour aller vers des élections législatives anticipées, ajoutant à la pression politique la pression du temps réduit pour aborder cette échéance électorale. Ça passe ou ça casse.