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La Chine et le repli sur soi de l'UE

par Abdou BENABBOU

Le problème de la surtaxe sur les exportations chinoises posé par l'Union européenne n'est pas l'annonce d'une petite guéguerre commerciale passagère. Il confirme seulement la puissante stature de la Chine sur la scène internationale. Il cadre avec justesse sur les données actuelles des grands soucis auxquels fait face le monde et souligne les difficultés économiques que rencontre la sphère occidentale pour s'être trop reposée sur ses anciens lauriers.

Le repli sur soi de l'Europe n'est pas nouveau. On a eu déjà à connaître des formulations médisantes sur la qualité des produits exportés chinois, traités de babioles en toc, accusés de ne pas répondre aux normes de fabrication et de sécurité réglementaires. Une grande partie du monde a fait siens ces négatifs jugements.

Mais Pékin ne s'est pas seulement contentée d'offrir au monde des fabrications à très bas prix, elle a aussi perfectionné ses produits pour atteindre la haute technologie pour dépasser le plus haut niveau de ce qui se crée. Le génie industriel chinois a été probablement d'avoir su se projeter sur un futur économique avec ses brisures et ses cassures tel qu'il se présente aujourd'hui.

Signe évident de la panique européenne actuelle face à la percée grandissante chinoise, le vice-chancelier allemand a tenté, dit-on, ces derniers jours à Pékin de sensibiliser les officiels chinois pour éviter une guerre économique. La peine est perdue d'avance car la guerre n'a pas attendu ses alertes pour s'élargir au monde entier sous des formes variées pour désagréger tous les entendements. Face à la Chine et avant les Européens, les Américains se sont déjà cassé les dents pour n'avoir pas pu stopper l'impressionnante foulée économique chinoise. C'est que la nouvelle puissance asiatique s'est tout simplement adossée à une solution simple mais mordante : réussir à fabriquer de la qualité à moindres coûts et vendre à bas prix. Contrairement à la Chine, l'industrie occidentale n'a pas pu résoudre cette équation et la population mondiale, gagnée par l'élargissement de la disette, est de plus en plus sourde aux gesticulations animées sur les terrasses politiciennes.