Après en avoir terminé avec le réseau social «TikTok», ou presque, puisque le président américain a signé un texte qui lui accorde 270 jours (près de neuf mois) pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois, faute de quoi l'application sera interdite aux États-Unis, le tour est à l'interdiction du logiciel antivirus du russe Kaspersky. Ce dernier ne sera plus en mesure, entre autres activités, de vendre ses logiciels aux États-Unis ou de fournir des mises à jour aux logiciels déjà utilisés », a indiqué le ministère américain du Commerce dans un communiqué, publié le 20 juin. Ajoutant que « l'interdiction s'applique également aux sociétés affiliées, filiales et sociétés mères de Kaspersky Lab ». Le même communiqué précise, qu'un délai est accordé à certaines activités de la société jusqu'au 29 septembre, afin de donner aux clients le temps de trouver une alternative.

La guerre numérique bat son plein entre les puissances de ce monde, les Etats-Unis et les Européens d'un côté et la Chine et la Russie de l'autre. Les Etats-Unis accusent les deux pays d'espionnage à l'aide de ces deux outils, en l'occurrence TikTok et Kaspersky, dont l'exploitation par les services de renseignements militaires des deux pays est indiscutable pour les services de sécurité intérieure américains, même s'ils affirment, eux, leur indépendance des autorités chinoises et russes.

Les arguments avancés dans ce sens par les deux géants du net n'arrivent pas à convaincre les Américains, qui ont tranché d'une manière radicale et sans appel dans le dossier. Loin des ces soupçons d'espionnage, la décision des autorités américaines porte un dur coup commercial et économique aux deux sociétés qui vont perdre un marché qui rapporte des milliards de dollars, ainsi que pour les deux gouvernements chinois et russe qui, même si on croit qu'ils n'entretiennent aucune relation directe avec les deux sociétés sur le plan organique, touchent indéniablement d'importantes dividendes en matière de rentrées fiscales.

Si TikTok contribue pour 24 milliards par an à l'économie américaine, sa contribution pour l'économie chinoise serait à multiplier par cent ou plus. Idem pour la multinationale Kaspersky, qui a des bureaux dans 31 pays, et des clients dans plus de 200 pays et territoires, fournissant des antivirus et autres produits et services liés à la cybersécurité à plus 400 millions d'utilisateurs et 270.000 entreprises dans le monde, dont la manne financière serait également conséquente pour l'économie russe. Maintenant, qui peut garantir que les géants américains du Net ne s'appliquent pas à la tâche d'espionnage au profit des services de renseignements militaires américains ? Dans ce cas, tous les pays doivent prendre des dispositions pour contrer ce risque, du moins en interdisant l'utilisation des réseaux sociaux dans les communications officielles.