Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Quel avenir pour les textiles ?

par Abdelkrim Zerzouri

La crise du secteur des textiles est latente depuis près de vingt ans, et elle semble s'installer dans la durée face à une rude concurrence étrangère acceptée comme une fatalité en l'absence d'initiatives fortes pour imposer le produit ‘made in Algeria' sur le marché local. Les autorités ont engagé ces derniers mois des tentatives pour relancer les activités du secteur, notamment à travers des partenariats avec des sociétés étrangères qui souhaitent produire localement (4 protocoles ont été signés, en avril 2023, avec des représentants d'enseignes internationales de vêtements prêt-à-porter), mais pour sortir de la dépendance des importations pour les besoins en textiles et habillement, qui dépasse les 80%, il en faut plus pour répondre à une demande nationale qui atteint 150 millions d'articles d'habillement par an. L'ouverture du marché algérien aux firmes internationales pourrait s'avérer infructueuse si on ne dissèque pas la crise qui frappe le secteur des textiles afin de s'orienter vers des solutions efficaces. Il faudrait tout simplement chercher à savoir pourquoi les investissements dans le secteur des textiles marchent bien dans certaines régions du monde et pas dans d'autres pour comprendre et agir en conséquence. Chercher également à savoir pourquoi un Algérien a-t-il trouvé mieux de délocaliser ses activités de l'Algérie vers la Turquie ? C'est l'unique exemple dans tous les secteurs où un acteur économique local spécialisé dans les articles d'habillement a délocalisé ses activités vers un autre pays. Certainement que les encouragements sont biens meilleurs en Turquie, au Bangladesh, en Inde ou en Chine, et il faut se mettre au diapason de ces pays si on veut sortir de cette crise latente qui étouffe un secteur pourvoyeur de dizaines de milliers d'emplois directs et indirects. Il existe des pays qui ont bâti leur croissance économique sur ce seul secteur des textiles, alors qu'en Algérie, qui produisait des articles d'habillement (vestes en cuir, chemises, pantalons, chaussures de sport…) et autres couvertures, pouvant rivaliser avec le haut de gamme, il a été déstructuré au milieu des années 2000, pour ne plus se relever. Pourra-t-il renaître de ses cendres dans les prochaines années avec les bonnes attentions que lui accordent les pouvoirs publics ? Pour cela, il faut rivaliser avec d'autres pays attrayants pour les investissements étrangers, particulièrement à cause d'une main-d'œuvre bon marché qui, accompagnée d'un équipement très développé, se placent hors de toute concurrence. Le marché des textiles exige une étude approfondie afin de relancer ses activités sur des bases solides. Sur un plan international, le secteur des textiles est en pleine turbulence, avec des disparitions d'entreprises qui ont explosé ces deux dernières années, et l'on tente encore aujourd'hui de trouver des explications à cette faillite. Certes, le secteur a été touché de plein fouet par la crise sanitaire, mais contrairement à d'autres, il ne semble pas retrouver sa forme en parallèle à une relative croissance économique mondiale.