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VOYAGER EST UNE LEÇON DE VIE

par Abdou BENABBOU

Ce n'est pas adhérer à un misérabilisme de mauvais aloi que de dérouler dans l'esprit les misères et la trime du monde pour se rendre compte de la satisfaction, un rien égoïste, d'être autrement mieux logés. Il est vrai, tout n'est pas parfait et il ne le sera jamais, comme il est certain que la terre depuis qu'elle existe ne deviendra pas un éden dans le temps infini.

Pourtant de nombreux peuples se satisfont de leurs sorts, décidés à ramer contre le flot des insupportables aléas de la vie, en les transformant en culture vivace sans trop rechigner. Il y a ceux qui s'enterrent vivants au fond des mines pour gagner de quoi nourrir leurs familles. Il y a ceux qui parcourent un désert pour s'alimenter en eau à boire et il y a ceux qui n'en veulent pas au ciel pour les avoir habitués à une existence primaire. Ils sont loin de l'autosatisfaction, mais en les observant vivre, on a presque l'impression qu'ils nous la recommandent.

Ce n'est pas pour rien que l'on soutient toujours que les voyages sont la plus belle et la plus grande des écoles. Heureux sont ceux qui parviennent à ouvrir les portes des lointaines randonnées pour acquérir une réelle richesse d'âme et prendre connaissance de la relativité de la vie. Ils découvrent avec étonnement le génie de larges populations lointaines qui ont réussi à faire de la faim et du besoin des amis. Sans être des hymnes à la misère, ce génie est une leçon de vie. Cette vie a, par définition, des mouvances différentes chez les peuples, et chacun d'eux se conforme sans rechigner outre mesure aux pesants plis de leurs destinées. On se surprend alors, sans se rendre compte, à nourrir un drôle d'égoïsme à se savoir mieux lotis que d'autres. La nature humaine veut que le grand inconfort des uns rassure sur le confort des autres.