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Ghaza: Plus de 37.000 martyrs et près de 84.500 blessés

par Mohamed Mehdi

Dimanche, 247e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de martyrs a dépassé les 37.000. Le ministère de la Santé à Ghaza a annoncé, hier, que le nombre de victimes de l'agression israélienne s'est élevé à 37084 martyrs et 84.494 blessés.

La même source a indiqué que l'occupation israélienne a commis, la veille, 8 massacres dans plusieurs régions de l'enclave, faisant 283 martyrs et 814 blessés, dont 274 martyrs et 698 blessés dans les attaques de Nuseirat.

Samedi, par la voix du président Biden puis du secrétaire d'Etat Blinken, les Etats-Unis ont félicité l'entité sioniste pour la libération de 4 otages vivants, pour la première fois, depuis plus de 8 mois. Dans leurs réactions respectives, les deux principaux responsables de l'Administration américaine n'ont eu aucun mort pour plus de 900 victimes (274 martyrs et 494 blessés) des attaques israéliennes qui ont permis la libération des 4 otages «en bon état de santé», de l'aveu même des autorités sionistes.

A noter aussi, selon le porte-parole des Brigades d'Al-Aqsa, la branche armée du Hamas, Abu Obeida, dans une déclaration sur X, les intenses bombardements sionistes, lors l'opération de libération des 4 otages, ont aussi tué plusieurs autres otages israéliens.

Dimanche, l'armée sioniste a continué de bombarder le camp de réfugiés Nuseirat et d'autres régions du centre de Ghaza, dont les camps al-Bureij et al-Maghazi ainsi que la ville de Deir al-Balah, mais également Rafah (au sud). Peu après minuit, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un raid israélien a visé une «maison dans la zone d'Al-Dawa, à l'est du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza».

Dans le centre de la ville de Ghaza, un bombardement de l'aviation sioniste a fait au moins 3 martyrs et 7 blessés, dont des enfants. L'attaque a visé une maison du quartier d'Al-Daraj.

Des bombardements de l'artillerie israélienne ont visé aussi des zones à l'est de la ville de Deir al-Balah, une maison du camp al-Maghazi, et une autre dans le camp al-Bureij (3 martyrs et des blessés).

Au sud de Ghaza, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté plusieurs bombardements qui ont ciblé le camp d'Al-Shaboura et le quartier d'Areiba dans la ville de Rafah, ainsi que des bombardements d'artillerie et des tirs nourris des chars israéliens dans le centre et le nord de la ville.

A l'ouest de Rafah, le journaliste a fait état de deux martyrs et de plusieurs blessés dans un bombardement israélien ciblant le quartier de Tal al-Sultan.

Nuseirat, «l'épicentre de la tragédie que vit Ghaza»

Les réactions au massacre de Nuseirat ont continué dimanche. Le coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) à Ghaza, Samuel Johann, a déclaré, samedi soir, que ses équipes travaillaient aux côtés du personnel médical des hôpitaux des Martyrs d'al-Aqsa et de Nasser «pour soigner un nombre important de patients gravement blessés, dont beaucoup de femmes et d'enfants», suite aux bombardements israéliens sur Nuseirat et le centre de Ghaza. «C'est un cauchemar à (l'hôpital) Al-Aqsa. Les bombardements de zones densément peuplées ont fait beaucoup de victimes massives. C'est bien au-delà de ce que quiconque pourrait gérer dans un hôpital fonctionnel, sans parler des rares ressources dont nous disposons ici», a déclaré Samuel Johann. Et d'ajouter : «combien d'hommes, de femmes et d'enfants devront encore être tués avant que les dirigeants du monde décident de mettre un terme à ce massacre ?».

Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires, a déclaré que «le camp de Nuseirat est l'épicentre de la tragédie que vit la bande de Ghaza», ajoutant que les scènes du massacre «prouvent que la guerre devient de plus en plus horrible».

De son côté, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des Droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a estimé que la libération de quatre prisonniers israéliens détenus à Ghaza ne devait pas nécessairement se faire au détriment de centaines de vies palestiniennes, dont des femmes et des enfants.

Dans un message sur la plateforme X, Mme Albanese s'est dite «soulagée» pour les quatre captifs israéliens, mais a ajouté qu'Israël «aurait pu libérer tous les otages, vivants et intacts, il y a huit mois, lorsque le premier cessez-le-feu et échange d'otages a été mis en place».

«Israël a refusé» continuant à «détruire Ghaza et les Palestiniens en tant que peuple», a affirmé encore Albanese, considérant que «cette intention génocidaire» des Israéliens «s'est transformée en action». «Israël a utilisé des otages pour légitimer le fait de tuer, de blesser, de mutiler, d'affamer et de traumatiser les Palestiniens de Ghaza», a poursuivi Francesca Albanese.

L'Autorité Palestinienne appelle à une réunion du Conseil de sécurité

Plusieurs pays et organisations ont dénoncé le massacre de samedi dans le centre de Ghaza. L'Autorité palestinienne a demandé à l'envoyé palestinien auprès de l'ONU de convoquer une session d'urgence du Conseil de sécurité suite au «massacre sanglant» perpétré par les forces israéliennes dans le camp de réfugiés de Nuseirat à Ghaza, a rapporté, samedi, l'Agence de presse officielle palestinienne Wafa.

Samedi également, le Parlement arabe a également dénoncé, dans un communiqué, le «massacre perpétré par l'entité d'occupation israélienne dans le camp de Nuseirat au cours duquel des dizaines de citoyens ont été tués et des centaines blessés, pour la plupart des enfants et des femmes».

Le communiqué a tenu Israël et l'Administration américaine pour responsables, affirmant que le silence de Washington sur les crimes de guerre commis par Israël et son incapacité à y mettre un terme font des États-Unis un complice.

L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a condamné, samedi, «l'horrible massacre perpétré par l'armée d'occupation israélienne». Dans un communiqué, l'organisation a souligné la nécessité d'une enquête, de (situer) les responsabilités et de (prendre) des sanctions conformément au droit international, soulignant l'importance du rôle de la Cour pénale internationale à cet égard.

Le Koweït, la Jordanie, l'Egypte, le Qatar et d'autres pays ont également dénoncé le massacre de Nuseirat et du centre de Ghaza.

Le responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, a condamné le massacre commis par l'armée israélienne contre des civils à Nuseirat, et a appelé à «l'arrêt immédiat» de ce qu'il a décrit comme un «bain de sang à Ghaza», soulignant que la proposition présentée la semaine dernière par le président américain Joe Biden est la voie à suivre vers un cessez-le-feu permanent et la fin des combats dans l'enclave.

L'analyste politique principal d'Al Jazeera English, Marwan Bishara, a déclaré, pour sa part, que les célébrations qui ont suivi l'attaque du camp de réfugiés de Nuseirat étaient «l'aspect le plus tragique».

S'il dit comprendre que les «familles et les proches» des 4 captifs célèbrent le retour des leurs, M. Bishara estime que c'est quelque chose de complètement différent pour les gouvernements israélien et américain d'en «faire une sorte de fête nationale». «Après plus de 40 otages (qui) sont déjà morts (dans les attaques israéliennes, ndlr). Après, plus de 40.000 Palestiniens ont déjà été tués. Ils veulent célébrer le sauvetage de 4 captifs qui auraient pu être facilement sauvés dans n'importe quel accord d'échange ? Jusqu'à quel point un politicien peut-il être myope?» a ajouté l'intervenant.