La toute dernière résolution adoptée vendredi par l'ONU, instaurant une journée internationale du dialogue entre les civilisations, malgré son énorme densité, charrie malheureusement aussi un goût de plaisanterie.

L'organisation onusienne fait ce qu'elle peut et multiplie les plus sages des recommandations, mais ses efforts baignent exagérément dans une pitoyable virtualité pour demeurer en déphasage avec la réalité.

Sur proposition de la Chine, la résolution a toutefois le mérite de mettre le doigt sur un sujet essentiel, qui depuis les temps les plus reculés de l'humanité n'a pas cessé de perturber le monde. C'est en son nom que les grandes étapes des colonisations ont été planifiées comme il a été du reste au centre des conquêtes des espaces et des territoires.

Toutes les croisades, de tous les bords et de toutes les croyances, en s'accordant la primeur de l'accaparement des richesses ont de la peine à voiler leurs principales et fondamentales raisons basées d'abord sur la religion et la civilisation. Les croyances religieuses et raciales ont toujours guidé les historiques expéditions guerrières. Les stigmates laissés n'ont jamais été effacés pour que des pans entiers de l'humanité restent convaincus de l'inégalité entre les peuples. Le monde demeure toujours truffé de drames humains nourris par des vérités surfaites opposées. En changeant seulement de formes et de couleurs, les génocides se poursuivent et se prolongent pour que l'institution d'une journée internationale du dialogue des civilisations ne soit elle aussi qu'un stérile rappel de l'inégalité catastrophique entre les hommes.

S'étale alors et encore le miroitement d'une fausse naïveté pour laisser penser que le monde pourrait appréhender la concorde et la solidarité entre les nations. Mais on ne peut qu'acquiescer à un appel à la sagesse et à la paix. Faute de mieux, l'ONU aura tout de même le mérite de mettre le doigt sur une immense plaie. Bien qu'il faille se contenter d'allonger la liste des journées internationales déjà galvaudées.