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Lourde responsabilité de la CIJ

par Abdelkrim Zerzouri

Un nouvel examen d'une demande déposée par l'Afrique du Sud pour mettre fin aux opérations militaires israéliennes à Ghaza a été entamé jeudi 16 mai par la Cour internationale de Justice (CIJ). Il s'agit d'une quatrième demande introduite par l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ qui a conclu que les mesures provisoires précédemment ordonnées par la Cour n'ont pas été suffisantes pour répondre à «une brutale attaque militaire sur le seul refuge restant pour le peuple de Ghaza». Cette fois-ci, l'Afrique du Sud a demandé à la Cour d'ordonner à Israël de se retirer de Rafah, de prendre des mesures pour garantir un accès, sans entraves, aux responsables des Nations unies, aux organisations humanitaires et aux journalistes à la bande de Ghaza, et de rendre compte dans un délai d'une semaine de la manière dont il répond à ces demandes. Peut-on s'attendre à ce qu'un verdict de la CIJ, dans le cas où il répondrait favorablement à la demande l'Afrique du Sud, puisse changer le cours des événements alors que l'entité refuse d'écouter ses propres alliés qui lui demandent depuis plusieurs jours de ne pas mener des attaques à Rafah, où se sont réfugiés les civils palestiniens fuyant le nord de Ghaza complètement dévasté ? Les Etats-Unis ont même déclaré qu'ils ne soutiendraient pas une opération à Rafah, mais des bombardements de l'aviation israélienne dans la région ont bien commencé, augurant d'un assaut terrestre à suivre. D'ailleurs, Israël a plaidé le rejet de cette demande de l'Afrique du Sud, niant que sa campagne militaire à Ghaza constitue une violation de la Convention sur le génocide, tout en reconnaissant qu'il y a «des victimes civiles tragiques et atroces dans cette guerre, mais pas de génocide». Ce qui laisse clairement entendre que l'assaut militaire contre Rafah sera exécuté selon les plans du gouvernement israélien. D'où l'importance d'un soutien plus fort à l'action de l'Afrique du Sud devant la CIJ. Opposée au déplacement forcé de la population de Ghaza, l'Egypte qui voyait les réfugiés palestiniens s'approcher de sa frontière à Rafah a annoncé se joindre à l'Afrique, le dimanche 12 mai, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, qui a déclaré que les actions militaires israéliennes «constituent une violation flagrante du droit international, du droit humanitaire et de la quatrième Convention de Genève de 1949, concernant la protection des civils en temps de guerre», sans joindre la parole à l'acte. En fait, plusieurs pays ont indiqué qu'ils prévoyaient d'intervenir au côté de l'Afrique du Sud, mais jusqu'à présent, seuls la Libye, le Nicaragua et la Colombie ont déposé des demandes formelles en ce sens. Attendre l'avenir pour reconnaître le génocide en cours à Ghaza ? Les juges de la CIJ ont une lourde responsabilité devant l'histoire.