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Soutien militaire en question

par Abdelkrim Zerzouri

Doit-on vraiment croire que les Occidentaux puissent bloquer les livraisons d'armes à Israël ? Dans un esprit cartésien, on en douterait fort. Dans ce sens, la première pique vient du plan d'aide adopté en avril dernier par le Congrès et approuvé par le Sénat prévoyant de débloquer pas moins de 96 milliards de dollars en faveur de trois pays, en l'occurrence l'Ukraine, Taïwan et Israël, et ce dernier devrait recevoir 13 milliards de dollars d'assistance militaire en guise de soutien aux attaques meurtrières de l'armée israélienne contre Ghaza. Difficile, dans ce cas, de croire que l'administration américaine, qui a défendu bec et ongles ce plan par le biais de ses représentants au Congrès et au Sénat, puisse se tourner contre ses propres desseins. Le doute est également permis à propos de l'appel lancé dans ce cadre, jeudi 9 mai, par le Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, exhortant les pays européens à ne pas vendre d'armes à l'entité sioniste, afin de stopper les bombardements de Ghaza. Peut-être bien que cet appel trouve écho auprès de certains pays, comme l'Espagne, qui a ouvertement dénoncé les crimes commis par Israël contre les civils palestiniens, exigeant un cessez-le-feu immédiat et total, ainsi que la reconnaissance d'un Etat palestinien, mais pour d'autres, pareille initiative reste difficile à concevoir.

On peut croire à la sincérité de l'appel de M. Borrell, qui a été « horrifié », selon son expression, par les crimes commis par l'entité sioniste à Ghaza, mais son appel sera-t-il entendu, notamment par la Grande-Bretagne et la France ? M. Borrell, s'adressant à certains dirigeants qui disent qu' « il y a de nombreux morts à Ghaza » sans rien faire pour arrêter le massacre des civils palestiniens, leur lancera que «la question qui doit être posée est : combien de personnes doivent encore mourir ? Devons-nous attendre qu'il y ait 50.000 morts avant de prendre les mesures nécessaires pour empêcher plus de pertes ?»

On peut croire également que ces informations qui circulent ces jours-ci à propos d'une certaine volonté occidentale de cesser ses livraisons d'armes à Israël, du moins la limiter momentanément, sont destinées, notamment, à faire baisser la tension sur les campus, où les manifestations des étudiants contre Israël et (justement) les livraisons d'armes à ce pays font tache d'huile à travers les universités de plusieurs pays.

Sous un autre angle, on est tenté de croire que pareille initiative n'est pas loin de la réalité quand on entend Netanyahu dire qu'Israël mènera son offensive contre Ghaza, notamment contre Rafah, «même seul», laissant clairement voir que ses alliés sont contre ce plan du gouvernement Netanyahu. Les alliés d'Israël lâchent ainsi Netanyahu mais pas Israël, bien sûr.

Sans le soutien des puissances occidentales, Netanyahu sait qu'il n'ira pas loin dans sa guerre contre Ghaza, et la question qui se pose est : ira-t-il vraiment « même seul » vers une offensive contre Rafah ? Des bombardements de l'aviation israélienne dans cette région ont été engagés ces derniers jours, et on verra si cela va user ses munitions ou pas.