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Mai 68... Mai 2024, bis repetita ?

par Belkacem Ahcene-Djaballah

L'Université française est en ébullition. Mais, pas que! Et, le risque est grand de voir les manifestations des étudiants, en faveur de la Palestine et contre les massacres de Ghaza et en Cisjordanie par l'entité sioniste, se multiplier et se transformer en un raz-de marée qui bloquera toute la société. A l'approche des élections européennes et des JO, l'inquiétude est globalement grande, surtout au niveau des commentateurs et autres chroniqueurs expertologues, tout particulièrement les pro-sionistes et ceux de droite ou anti-gauche. On s'évertue à décrire toutes ces manifestations comme des tentatives antisémites (sic!) et/ou gauchistes ou comme l'expression d'un parti ou d'un homme ou d'un groupe qui tente, par le biais des étudiants et des jeunes, de provoquer les Institutions publiques et politiques afin d'accéder au pouvoir par tous les moyens. Du grand n'importe quoi ! Et, une accusation vide de sens de la part d'une droite aux délires arabo-islamophobes et anti-migratoires juste au moment où le pouvoir, lui, paraissait à portée de mains, celui médiatique ne lui suffisant plus et celui économico- sioniste battant de l'aile. Enfermée dans ses «convictions» et embourbée dans ses implications, aidée- en France, la plus «percutée» car le plus pro-sioniste - par de récents «ragots gouvernementaux», tentant de créer des consensus sur le dos des communautés, elle refuse de comprendre que les massacres des Palestiniens sont désormais dénoncés et honnis pas seulement en France mais à travers le monde, au sein des Universités tout particulièrement.

A noter que le mouvement estudiantin, éternellement pro-humain et anti génocidaire, avait déjà commencé dans les Universités américaines et dans plusieurs autres pays occidentaux que l'on croyait tous acquis et soumis aux thèses «israéliennes». A l'image de ce qui s'est passé à partir d'octobre 65 aux Etats-Unis, contre la guerre au Vietnam et juste après, en Mai 68, en France. Des mouvements qui ont commencé petitement face à l'immobilisme des partis politiques et des syndicats et l'arrogance des pouvoirs. Un mouvement qui a obligé les pouvoirs en place à revoir leurs positions politiques internationales et qui, du même coup, à balayer une bonne partie des politiciens et affairistes en place et à transformer les sociétés. Les hasards de la vie d'étudiant dans les années 60, ont fait que j'ai eu la chance, en tant qu'étudiant de passage, d'assister aux premières contestations, dans certains grands campus américains, de bien des comportements sociétaux et de politique internationale aux Etats-Unis. Cela avait commencé avec le mouvement hippie (beaucoup), la «fumette» (un tout petit peu) et Bob Dylan et Joan Baez (surtout).

1968 en France ! Étudiant Rue Saint-Guillaume (Paris) durant près de trois ans, j'ai assisté, «en direct», à la «Révolution» de Mai, puis à ce qui a suivi comme changements sociétaux et politiques.

56 ans après, l'Histoire continue de bégayer, de plus en plus fortement, mais les observateurs et autres expertologues (pour emprunter à Pierre Bourdieu, «tous ces pauvres Blancs et demi-savants qui, en construisant des fantasmes sociaux et politiques font écran entre une société et sa propre vérité») continuent de radoter. Et, de causer encore plus de mal et de dégâts (ailleurs, mais aussi chez eux). Au minimum, retarder les solutions justes.