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Que la théorie marxiste ait
été honnie, fustigée, raillée, déclarée mille fois agonisante par la pensée
bourgeoise (ses intellectuels organiques : professeurs, politiciens,
journalistes), n'est que l'expression normale d'une lutte idéologique menée par
les tenants du capital.
Que la théorie marxiste ait été corrompue, falsifiée, altérée, dévoyée par les multiples courants du mouvement ouvrier (partis réformistes, révisionnistes, staliniens, maoïstes, gauchistes, tiers-mondistes), cela fait partie aussi des vicissitudes du cours historique de la lutte des classes. Mais aujourd'hui, la théorie marxiste des crises triomphe contre ses détracteurs. En effet, la crise actuelle du mode de production capitaliste vient nous rappeler combien toutes les théories économiques bourgeoises (désignées sous le titre pédantesque de « sciences économiques ») forgées depuis deux siècles n'ont jamais pu obvier la récurrence des récessions et des crises profondes. Ni endiguer définitivement la paupérisation généralisée des populations. Le capitalisme n'a jamais connu une période de prospérité permanente. Depuis son apparition, il est jalonné par des cycles d'expansion et de dépression. Au reste, plus singulièrement, depuis plus d'un siècle, le capitalisme fonctionne sur le mode de la triade : Crise/ Guerre/ Reconstruction. En effet, au cours du 20ème siècle, à deux reprises, pour résoudre à sa manière impérialiste les crises économiques, il a provoqué deux Boucheries mondiales. Avec comme conséquences les destructions gigantesques de milliards de dollars d'infrastructures et le massacre de millions d'individus (20 millions au cours de la première et 60 millions au cours de la seconde). Certes, depuis 1945 l'Europe capitaliste et les nations occidentales ont été épargnées par les guerres, mais elles les ont exportées dans des dizaines d'autres pays du monde, au grand bénéfice de leur complexe militaro-industriel (actuellement, au moins 50 conflits armés sanglants sont recensés dans le monde). À l'issue de la deuxième Guerre mondiale, après une période de moins de 30 ans de reconstruction (les fameuses Trente Glorieuses, ainsi dénommées par les économistes, mais permises grâce à la surexploitation des rares forces productives survivantes européennes et immigrées issues des colonies, ces forces de travail taillables et corvéables à merci), le capitalisme est de nouveau entré en crise dès le début des années soixante-dix. Depuis lors, toutes les solutions réformistes, notamment keynésiennes et sociales-démocrates, appliquées pour juguler la tendance récessive, n'ont pu freiner l'accélération et l'approfondissement de la crise. Avec comme corollaire la fermeture de centaines de milliers d'entreprises et le licenciement de millions de salariés. Sans rentrer dans une analyse exhaustive de l'origine de la crise actuelle, il n'est pas inutile de rappeler quelques fondements explicatifs marxistes des crises. Le mode de production capitaliste repose sur l'extraction de la plus-value arrachée aux travailleurs, principale source d'accumulation. Mais sous l'effet conjugué de l'augmentation du capital constant de plus en plus performant et de la concurrence exacerbée, le profit moyen ne cesse de baisser. À ce stade productif, la crise est déjà permanente. La contradiction centrale. Enfin, le capitalisme porte en lui, depuis toujours, une sorte de morbidité congénitale : il produit de manière abondante une toxine que son organisme ne parvient pas à enrayer : la surproduction. Il fabrique plus de marchandises que son marché ne peut en absorber. À ce second stade de la circulation, la crise est encore opérante, permanente. Aussi, pour poursuivre infailliblement son accumulation, son développement, sa valorisation, le Capital doit-il donc trouver des consommateurs hors de la sphère étroite des ouvriers et des capitalistes. Autrement dit, il doit impérativement se lancer à la quête (impérialiste) de débouchés en dehors de son système (de son pays, cristallisé jadis par les nations colonisées), sous peine de saturation de marchandises invendues, entraînant l'engorgement du marché. C'est alors la crise de surproduction. À cet ultime stade, c'est la crise explosive, destructrice. Dernier subterfuge : pour pallier l'absence de solvabilité restreinte par les lois économiques inhérentes à ce mode de production fondé sur le salariat, le capitalisme recourt au crédit. Aussi, depuis plus de 40 ans, le capitalisme use-t-il et abuse-t-il de ce palliatif pour maintenir un succédané de croissance en permanence sous perfusion des sondes de l'endettement. Dès les années 1970, sous incubation bancaire, le système s'est engagé dans une politique suicidaire de recours illimité au crédit. Conséquence : l'endettement des ménages et des États a explosé : il a atteint des sommes astronomiques. En vérité, ces dernières décennies, le capitalisme survit par le recours impulsif à l'endettement. Mais ce remède est pire que le mal. Il accélère et accentue la maladie du capitalisme. Pour illustrer notre analyse, adoptons cette image médicale : la dette est au capitalisme ce que la morphine est au malade condamné (ou le vaccin ARN-m est aux firmes pharmaceutiques damnées). Certes, en y recourant, le souffrant surmonte temporairement ses crises. Grâce à l'absorption permanente de sa morphine, sa douleur s'atténue et s'apaise. Mais peu à peu, la dépendance à ces doses quotidiennes augmente (comme la dépendance aux injections vaccinales géniques semble s'installer dans le corps social à observer les politiques de rappel imposées par les gouvernements stipendiés par Big Pharma). Le produit, dans un premier temps salvateur, devient ainsi à son tour nocif jusqu'à l'overdose. Le stade de l'overdose financier se précise, se précipite. Le grand capital financier devient le principal danger mortel pour le système capitaliste. L'endettement et la spéculation financière vont achever le corps malade du capitalisme (comme la vaccination effrénée finira par achever le corps des humains à force d'injections de doses ARN-m illimitées, vectrices de production «d'anticorps facilitants» permettant au virus d'infecter certaines cellules immunitaires). Aujourd'hui, dans l'ensemble des pays développés, particulièrement aux États-Unis et le bloc atlantiste, la crise économique s'aggrave. La désaffection de l'investissement industriel, pourtant seule source d'accumulation de la plus-value extraite du travail humain, s'accentue. L'activité principale du capitalisme est assurée par la sphère financière au moyen de la spéculation dans les bourses. Les investisseurs se sont totalement détournés de la sphère productive, actuellement au ralenti, voire totalement à l'arrêt, du fait des pénuries des matières premières et des composants électroniques. Preuve de l'irrationalité du capitalisme. Baisse tendancielle du taux de profit, surproduction, endettement abyssal, guerre économique entre les multiples puissances, destruction d'usines, chômage endémique, tensions impérialistes, guerre régionale (Ukraine), paupérisation absolue généralisée : jamais le capitalisme, depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, n'a vécu une crise aussi grave. De toute évidence les tensions commerciales actuelles entre les principales puissances sont annonciatrices de conflagrations armées généralisées. Comme l'avait écrit Karl Marx : «Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société - l'épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu'une famine, une guerre d'extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l'industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce». Quoi qu'il en soit, l'histoire de ces dernières décennies, jalonnée de crises économiques récurrentes, nous le prouve, surtout depuis la crise économique de 2007/2008, et l'actuelle récession de 2020/2022, masquée derrière la crise sanitaire, autrement dit la pandémie politiquement instrumentalisée, et la guerre d'Ukraine, dernier bouc émissaire invoqué pour dissimuler les véritables causes de la crise mortelle du capitalisme : la bourgeoisie est aujourd'hui incapable de trouver une solution efficiente et pérenne à la crise économique systémique de son mode de production capitaliste. Nullement parce qu'elle serait devenue soudainement incompétente mais du fait d'un problème insoluble. La crise du capitalisme ne peut pas être résolue par le capitalisme. Encore moins par les experts affidés et charlatans professeurs d'une « science » économique dépourvue de toute efficacité. L'économie est la seule discipline à être encore enseignée en dépit de ses défaillances analytiques et inexactitudes scientifiques. Si la médecine actuelle avait provoqué autant de dégâts et de morts que la «science économique bourgeoise», elle serait depuis longtemps interdite (quoique la médecine contemporaine vénale et corrompue, à la faveur de la pandémie, semble emprunter la même déchéance avec l'abandon de sa fonction thérapeutique médicale curative, déléguée désormais à l'activité lucrative vaccinale, devenue la principale médication proposée par les médecins pour qui le soin est bout de la seringue). En vrai, la «science économique» est une discipline nécrologique : elle se contente d'étudier le nombre de cadavres productifs massacrés par le capital ; nombre d'usines fermées, nombre de travailleurs mis au chômage. D'encenser la spéculation financière, cette sphère stérile de l'économie. De conseiller ses maîtres pour préserver leurs intérêts. C'est une « science » de la mort et non de la vie. C'est une « science » appelée à disparaître avec son système macabre. Depuis l'apparition de la pandémie politiquement instrumentalisée, notre époque actuelle vient d'ouvrir le dernier chapitre dans l'interminable histoire de la déliquescence du capitalisme, impulsée en 1914 avec la Première Guerre mondiale. Une chose est sûre : actuellement, la capacité de la bourgeoisie à ralentir, encore moins à circonscrire, la crise demeure vaine. Et pour cause. De même que c'est la dégradation du système de santé, opérée par le capital depuis trente ans, qui a favorisé la propagation de la pandémie (calamité sociale et non pas fléau naturel), à telle enseigne qu'elle est devenue incontrôlable et meurtrière, de même que ce sont les contradictions inhérentes au capitalisme qui provoquent actuellement la crise économique systémique mondiale, et non la guerre d'Ukraine. Au reste, dans le mode de production capitaliste c'est toujours la crise économique qui provoque la guerre, et non l'inverse. Les explications de la crise par les analystes bourgeois ont toujours pour fondement d'exonérer le capitalisme de toute responsabilité. On se souvient qu'en 1973, l'augmentation exponentielle du chômage et la flambée de l'inflation furent attribuées à la hausse du prix du pétrole. Or la hausse comme la chute du prix d'une matière première (comme de toute marchandise) est inhérente aux lois de fonctionnement du commerce capitaliste, et non à quelque entité supra-économique hissée au-dessus du système. De nos jours, en l'espace de deux ans, pour expliquer l'approfondissement de la crise économique, matérialisée par les pénuries, la flambée de l'inflation, l'explosion du chômage, la multiplication des faillites d'entreprises, l'expansion de la paupérisation, la bourgeoisie a incriminé successivement deux événements, rendus responsables. D'abord, ce fut la faute au Covid-19. Maintenant à la guerre d'Ukraine. De même, la cause de cette guerre est attribuée à la Russie totalitaire, mais jamais au capitalisme globalement en crise. Tout se passe comme si la Russie n'était pas un pays intégré dans le capitalisme mondial en proie à des guerres économiques et militaires structurelles et permanentes (Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage). Aujourd'hui, force est de constater que le capitalisme est confronté à l'effet boomerang de la «mondialisation» outrancière impulsée au début des années 1980 sous les gouvernances libérales de Reagan et Tchatcher, dans le dessein de doper la rentabilité du capital au moyen notamment de l'externalisation d'une partie de la production fabriquée par une main-d'œuvre bon marché des pays émergents. Avec l'aggravation de la crise économique couplée à l'exacerbation des tensions inter-impérialistes, ce processus de mondialisation économique et financière marque un véritable ralentissement, entamé avec l'apparition de la pandémie politiquement instrumentalisée, qui avait entraîné la fermeture des frontières et la contraction des échanges suscitée par la pénurie des matières énergétiques et des composants électroniques. Cet étiolement de la mondialisation vient de s'accélérer avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. En effet, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, suivie des sanctions économiques infligées à cette dernière, a accentué les pénuries, révélant la dépendance économique de nombreux pays. Actuellement, dans l'affolement et la précipitation, avec l'isolement et le découplage de l'économie mondiale de la Russie et de l'Ukraine, les entreprises et les États des pays européens ferraillent pour enrayer leurs dépendances énergétiques et industrielles par la réorientation de leur politique économique de production et d'approvisionnement, déjà impulsée à la faveur de la pandémie de Covid-19. Ce remodelage économique des pays européens vise à juguler leur dépendance industrielle et énergétique par la relocalisation ou implantation d'entreprises sur leur propre territoire ou pays limitrophes politiquement fiables. Cette économie de guerre autarcique adoptée par le capital occidental pour maintenir son hégémonie entraînera inévitablement le rapatriement des unités de production installées notamment en Chine. En vrai, cette tentative de sauvetage de l'hégémonie occidentale est impossible à réaliser. En effet, ce découplage ? désarticulation ? démonopolisation du procès de production et de commercialisation capitaliste ? est vouée à l'échec. Car, si cette politique de rapatriement des unités de production ? commercialisation permet à court terme d'assurer temporairement et partiellement les approvisionnements de l'Occident, elle s'accomplira au prix de l'accroissement substantiel des coûts de production ? distribution, qui avantagera assurément son concurrent chinois et d'autres pays. En effet, plusieurs pays, notamment le Brésil, le Mexique, les États-Unis, des pays de l'Asie du Sud-Est, pourraient bénéficier de ce bouleversement économique, de cette redistribution de la chaîne de production et d'approvisionnement mondiale initiée par les pays occidentaux. In fine, cette solution expéditive d'émancipation se révèlera plus désastreuse pour l'Occident, comme l'illustre l'application des sanctions ? boycottage contre la Russie, mesures punitives impactant davantage les pays européens avec le surenchérissement des coûts de production et des prix des matières énergétiques et de consommation courante. En outre, au risque de décrochage économique, cette flambée durable des prix menace également la stabilité sociale. Incontestablement, le front social est en ébullition. Actuellement, les travailleurs comme les retraités pâtissent du renchérissement des prix des matières énergétiques (gaz, électricité, essence) et des produits de première nécessité (notamment le loyer). Dans l'ensemble des pays occidentaux atlantistes, l'inflation frôle les 6%. Et les salaires ne suivent pas la courbe d'augmentation des prix. Par ailleurs, la guerre d'Ukraine (ou plutôt les sanctions adoptées par les pays atlantistes occidentaux contre la Russie) va amplifier les tendances stagflationnistes. Une chose est sûre : avec l'approfondissement de la crise, c'est à un véritable numéro d'équilibriste auquel doivent se livrer les gouvernements occidentaux pour juguler l'explosion des prix. Les pays occidentaux sont devant un véritable dilemme. 1) Augmenter les taux d'intérêt pour neutraliser l'envolée de l'inflation mais au prix du tarissement du crédit (impactant et affaiblissant les entreprises. 2) Soutenir à coup de subventions étatiques l'économie mais au prix du creusement du déficit budgétaire (impossible à maintenir sans déstabiliser l'ensemble de l'économie, et donc aggraver la crise). Qui plus est, dans une conjecture marquée par la stagnation de l'économie couplée à une inflation galopante (la fameuse stagflation). D'aucuns prophétisent un «mouvement pendulaire» dans le processus de la mondialisation, autrement dit l'impulsion de la formation de nouveaux blocs économico-militaires autarciques continentaux, matérialisés par une nouvelle division internationale du travail et de la production, tremplins à un nouvel ordre mondial fragmenté et dirigiste, moins libéral et plus autarcique. «Plus respectueux des intérêts de chaque pays». Quelle naïveté. Le capitalisme, depuis sa naissance, est expansionniste, autrement dit mondialiste. À plus forte raison depuis le début du 20ème siècle, date du développement monopolistique du capitalisme, autrement dit de l'impérialisme, caractérisé par la concentration et l'imbrication des moyens de production, des échanges commerciaux et des flux financiers internationaux. Aussi, postuler une résurrection du modèle capitaliste classique nationale « pré-impérialiste » est une vue de l'esprit, une mystification réactionnaire. La mondialisation est inscrite dans les lois incontournables du capitalisme. En revanche, à défaut d'un nouvel ordre mondial, le capitalisme s'achemine vers la constitution de nouveaux blocs économico-militaires, illustrée par la fuite en avant dans le militarisme de tous les États engagés dans une économie de guerre, le basculement et retournement géopolitique des alliances, préfiguration de la troisième guerre mondiale, actuellement entravée, justement, par la très forte imbrication des économies, autrement dit par la mondialisation. En effet, la division internationale de la production et l'unification de la commercialisation, solidement implantées à l'échelle mondiale, illustration de l'imbrication des économies entre pays producteurs et pays consommateurs, constituent autant d'entraves au déclenchement de la troisième guerre mondiale. Sans oublier le risque apocalyptique mondial de l'utilisation de l'arme nucléaire par une des puissances belligérantes. Certes, à court terme, le risque d'une troisième guerre mondiale est minime, mais la possibilité de la prolifération de guerres locales est considérable. |
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