Le mois de Ramadhan est à nos portes. Plus de un milliard et demi de musulmans s'apprêtent, aujourd'hui, à accueillir cet hôte illustre, avec beaucoup de dévotion et de piété.

En Islam, parmi les mois du calendrier de l'Hégire, il en est un qui possède une sacralisation toute particulière, c'est le mois de Ramadhan. Il correspond au 9ème mois, donc à une naissance sur le plan spirituel, après en quelque sorte une longue période de gestation. Son caractère sacré est lié au fait que c'est au cours de ce mois que le Saint Coran fût révélé, qu'en dehors des quatre actes de foi liés à la pratique religieuse cultuelle, le jeûne du mois de Ramadhan est le seul acte de foi purement et seulement dédié à Dieu, scellant ainsi le pacte de fidélité et de soumission au Tout-Puissant.

Ce mois sacré est donc une sorte d'apologie de la foi chez le musulman. Il est à noter, par ailleurs que le rituel du jeûne n'est pas l'apanage uniquement des Musulmans mais existe également dans les deux autres religions monothéistes.

Le mois de Ramadhan est le mois par excellence de la Miséricorde du Tout-Puissant, le mois du pardon et de la fraternité. Il est le seul mois de l'année où la spiritualité revêt une attention toute particulière chez le Musulman. En effet, c'est le mois où se dissocie la vie spirituelle de la vie physique. Au cours de ce mois sacré, la vie spirituelle est avant tout dominée par la pratique du jeûne, de l'aurore au coucher du soleil, et qui est le réceptacle, la matrice de tous les actes cultuels.

Comment devrait-on se préparer pour l'accueillir ?

Le monde musulman est régi par des règles sociétales émanant du Saint Coran et de la Sunna du Prophète (QSSSL). En plus des pratiques « canoniques » que sont la « chahada », les cinq prières, la « zakat », le grand pèlerinage et le jeûne du mois de Ramadhan, l'Islam prône l'égalité entre les musulmans, entre les hommes et les femmes, le droit de la personne âgée, celui de l'enfant, la fraternité entre les races, les ethnies et les religions. Le Musulman vit donc en parfait et constant équilibre entre sa vie spirituelle et sa vie « terrestre». Qu'apporte donc de plus le mois de Ramadhan dans la vie des Musulmans ? Il permet une halte sur le plan de la vie terrestre et un renouvellement de l'acte de foi sur le plan spirituel.

A- La préparation physique :

Comment se traduit la «halte» de la vie terrestre ?

La « halte » de la vie terrestre correspond tout simplement à se détacher de son physique durant le mois sacré de Ramadan et à ne lui accorder que le strict minimum. Les soins physiques de propreté sont basiques sans excès, l'habillement est simple et modeste. Les signes de richesse extérieure et d'opulence sont proscrits et à la rupture du jeûne, le repas doit être sans excès et sans gabegie. Cette façon de se comporter au sein de la société durant le mois de Ramadhan, a pour but de ne pas heurter et susciter des convoitises parmi les citoyens les plus démunis.

Quelle est la particularité du mois de Ramadhan sur le plan «physique» ?

Le mois de Ramadhan exige du Musulman outre le jeûne, une attitude comportementale emplie d'humilité, faite de générosité, de partage, d'entre-aide et de compassion. Le mois de Ramadhan est le mois des démunis, qui trouvent gîte, refuge et nourritures. Point de différence entre le riche et le pauvre, la seule distinction est le degré de piété et de la foi. Le Musulman doit redoubler d'effort là où il se trouve, s'appliquer dans son travail, venir en aide aux nécessiteux, protéger le faible, donner de son temps et faire l'aumône. A l'occasion du mois sacré, les prix des produits de première nécessité et de consommation doivent être à la portée de l'ensemble de la communauté. Le Musulman doit être soucieux de son environnement et en prendre soin et surtout doit lutter contre le gaspillage (A titre d'exemple, des quantités importantes de pain sont jetées quotidiennement durant le mois de Ramadhan !!!).

Malheureusement, dans la société d'aujourd'hui, l'on constate l'effet inverse ! Le « jeûne » se résume seulement à s'abstenir de manger, et de boire pendant quelques heures. On constate par ailleurs, l'absence de civilité, l'apparition d'une agressivité « à fleur de peau », l'intolérance et la cupidité. Ces troubles du comportement sont exacerbés pendant la période de jeûne et témoignent en fait « d'un déficit » important en matière de foi et en termes de piété.

B-La préparation spirituelle :

Le mois de Ramadhan est le mois où la foi chez le Musulman est mise à l'épreuve. En effet, de tous les actes cultuels, seul le jeûne du mois sacré est pour le « Tout-Puissant » et de ce fait, l'on doit s'appliquer dans sa pratique afin d'être au plus près de sa réussite et de son parfait accomplissement.

« Dieu absout tous les péchés après un mois de jeûne bien conduit ». C'est donc l'occasion unique offerte au Musulman, de parfaire le jeûne du mois sacré. Le jeûne permet donc de se détacher de la vie d'ici-bas, pour s'élever, grâce à la foi, à un niveau supérieur, qu'est celui de la recherche de la compréhension du vrai sens du jeûne, sur le plan de la spiritualité.

Quels sont donc les voies et moyens pour y parvenir ?

1- Les prières surérogatoires

La prière est un acte cultuel, permettant à travers la gestuelle et la lecture des versets du Coran, d'établir un lien avec le Créateur. Sa répétition, cinq fois par jour, à des horaires fixes dans le temps, de la levée du jour au coucher du soleil et à la tombée de la nuit, reflète la notion de l'existence d'un cycle céleste « spirituel » ainsi que la nécessité d'être en communion et en liaison permanente avec le Créateur durant les vingt-quatre heures de la journée. Aussi, au cours du mois de Ramadhan, il est recommandé d'accroître le rythme des prières surérogatoires, durant la journée et la nuit pour raffermir et développer sa foi. « N'est-il pas écrit que la prière nous éloigne du péché ? » Sourate...

2- La lecture du Saint Coran

Le Coran, est le livre Saint des Musulmans, au même titre que la Thora du peuple juif et la Bible des Chrétiens. Il est recommandé particulièrement durant le mois de Ramadhan, de lire le Coran dans sa totalité, car c'est le mois au cours duquel le Saint Coran est « descendu » et fût révélé à notre Prophète (QSSSL). La lecture du Saint Coran, permet en premier lieu de raffermir sa foi en l'existence de Dieu, l'Unique, à travers Ses versets mettant en évidence Ses « Ayates » ou miracles, de revisiter la genèse de l'homme (le Prophète Adam (QSSSL), l'histoire des peuples, la vie des Prophètes (QSSS eux), et celle de notre Prophète Mohamed (QSSSL), le dernier des envoyés à l'ensemble des êtres sur terre. Par ailleurs, le Coran, qui est intemporel et universel, nous permet de comprendre certains aspects de la vie, telle la création des univers, les cieux, la terre, le monde du vivant et celui qui nous parait figé (comme les montagnes par exemple) et la fin du cycle de la création. La lecture du Coran comporte également de nombreuses vertus, comme la sensation de sérénité, de quiétude et de plénitude. Le Coran renferme des « qualités incommensurables », pouvant aller jusqu'au pouvoir de « remède » et de « guérison » !

3- La lecture de la Sunna et la pratique cultuelle dans l'Islam

La Sunna est l'ensemble des dires, faits et gestes du Prophète (QSSSL) relatés et rapportés par Ses compagnons. Lire la Sunna, s'en imprégner et l'appliquer, nous rapproche de la vie cultuelle et spirituelle du Prophète (QSSSL). Le mois de Ramadhan, est le mois le plus propice, pour le Musulman d'essayer de vivre la Sunna du Prophète (QSSSL) du point de vue comportemental et du point de vue spirituel. L'aspect comportemental nous enseigne sur les relations fraternelles qu'avaient le Prophète (QSSSL) avec ses compagnons et ses disciples, la mise en valeur de la notion du partage, de l'humilité, du pardon, le bannissement de l'égoïsme et de l'hypocrisie. La vie spirituelle du Prophète (QSSSL) est emplie de piété et d'une profonde foi inébranlable, que le commun des musulmans ne pourra jamais atteindre. Néanmoins, son rapprochement grâce à des efforts permanents et un engagement sans faille dans la foi, permet d'accomplir le rite du jeûne de façon presque parfaite. Il n'y a pas de bonheur plus exaltant que le partage du repas après la prière de la rupture du jeûne avec autrui.

4- La méditation

La méditation a, de tout temps, fait partie de la spiritualité et dans laquelle, elle en occupe une place prépondérante, en particuliers chez les soufis. La méditation est une action sur le plan psychologique, de recherche du soi, en son for intérieur. Elle permet de se remettre en question, de faire le bilan sur le plan spirituel de sa vie, et les diverses actions entreprises. La méditation a pour but de recentrer l'âme et de la rééduquer selon les recommandations du Saint Coran. Aussi, il est recommandé de méditer, de jour comme de nuit, au cours du mois de Ramadan, en son domicile, à la mosquée ou en quelque endroit, afin de se mettre en communion avec le Créateur et le monde qu'il a créé.

Je termine cette modeste contribution, par une note d'optimisme, en espérant que ce mois de Ramadhan sera à la portée de toutes les bourses et que la solidarité et la fraternité l'emporteront sur les mauvais comportements et les incivilités. Le Ramadhan est cyclique, annuel, alors profitons de cette unique occasion qui nous est offerte, tant que Dieu nous prête vie, pour réincarner dans les faits et gestes la vie de notre Prophète (QSSSL) et sauver nos âmes de la déperdition.

Je souhaite un joyeux Ramadhan, empli de piété et de sérénité à toutes et à tous les Musulmans sur terre.

*Professeur des Universités - Faculté de Médecine d'Oran - Université Ahmed BENBELLA 1