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Le 28 avril sera célébrée à
travers le monde la 17ème édition de la journée mondiale sur la sécurité et la
santé au travail. Son principal objectif est de promouvoir dans le monde entier
une culture de la sécurité et de la santé au travail. Elle rassemble partout
dans le monde les travailleurs, les employeurs, les gouvernements et les
ministères de la Santé et de la Sécurité afin de faire la « culture de la
sécurité au travail » en mettant un accent particulier sur la prévention des
accidents du travail.
Lors de cette prochaine édition qui aura lieu le 28 avril 2020, l'Organisation internationale du travail (OIT) produira un rapport mondial qui soulignera l'approche stratégique complète pour la santé et la sécurité au travail au niveau national et sur le lieu de travail et qui permettrait de lutter contre la violence et le harcèlement dans le monde. C'est donc l'année dernière en juin 2019 lors de la Conférence du centenaire de l'OIT que ce thème a été adopté, appelant à l'interdiction et à la prévention de la violence et du harcèlement dans le monde du travail. Cela comprend, par exemple, l'intégration de dispositions relatives à la violence et au harcèlement dans les lois, règlements et conventions collectives en matière de santé et sécurité au travail et l'élaboration de normes, codes de pratiques et directives spécifiques pour soutenir la mise en œuvre de programmes et de mesures préventives sur les lieux de travail. Au niveau du lieu de travail, des systèmes complets de gestion de la santé et la sécurité au travail peuvent inclure l'évaluation et le contrôle des risques psychosociaux, y compris l'interaction avec la violence et le harcèlement. A l'occasion de cette journée mondiale sur la santé et la sécurité au travail qui sera célébrée ce 28 avril nous dresserons dresser l'état des lieux en matière de risques professionnels et les mesures à prendre. En Algérie les statistiques des accidents du travail et des maladies professionnelles de l'année 2018 dévoilées par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) laissent apparaître 47.555 accidents de travail dont 529 mortels et 410 maladies professionnelles, à des degrés divers. Ces maladies professionnelles portent sur la surdité (19 %), la tuberculose (13,6%) et les troubles de la parole (12,02 %). Si nous nous intéressons au nombre des accidents de travail enregistrés en Algérie durant cette année 2018, ce sont donc 529 cas de décès suite à des accidents du travail. Il n'en demeure pas moins que ce nombre demeure très important par rapport à beaucoup de pays plus industrialisés. En 2017 le nombre de décès suite aux accidents de travail a été de 552 cas. En France par exemple il y a en moyenne 550 décès par an suite à des accidents du travail (552 décès en 2012 et 514 décès en 2016) mais le nombre de salariés en Algérie est presque trois fois moins important qu'en France avec 10,6 millions de salariés contre 26,9 millions de salariés en France. Il y a donc en Algérie en moyenne deux décès par jour durant l'année suite aux accidents du travail. L'Algérie enregistre chaque année une moyenne de 600 décès dont 200 sont enregistrés au niveau de la capitale. Plus de la moitié de ces pertes humaines a été recensée notamment dans le secteur du bâtiment suite à des chutes en hauteur. Parmi ces personnes beaucoup sont de nationalité chinoise, une main-d'œuvre mobilisée rappelons-le surtout dans le secteur du bâtiment (Source I.N.P.R.P). Par ailleurs la maladie professionnelle est la deuxième cause des accidents du travail. Une cinquantaine de travailleurs décèdent chaque année en service suite à des attaques cardiaques. D'autre part le stress est reconnu comme facteur ayant provoqué des accidents du travail plus ou moins graves quand on sait qu'un tiers des travailleurs algériens en sont atteints. Comparé aux pays voisins le nombre de décès enregistré en Algérie est pratiquement le même qu'en Tunisie. C'est ainsi qu'en Tunisie ce sont 151 cas de décès suite à des accidents de travail enregistrés en 2016 pour un effectif total de 4.171.900 employés ce qui est proportionnellement le même comparé à celui enregistré en Algérie. I- ANALYSE ET CONSEQUENCES DES RISQUES PROFESSIONNELS Chaque année, les risques professionnels entraînent des pertes humaines, des maladies et des handicaps. Ils pénalisent ainsi le potentiel des travailleurs des entreprises. Au niveau de l'entreprise, les estimations mondiales de l'Organisation internationale du travail (OIT) montrent qu'au-delà de la souffrance humaine, ces accidents ont des conséquences économiques importantes sur les affaires, puisque 150 millions de journées de travail sont perdues chaque année et les coûts d'assurance supportés par les entreprises se montent à 20 milliards d'euros (OIT, 2003). Les conséquences sont graves pour le travailleur, sa famille ainsi que pour la société en général entraînant des coûts de réparation très élevés. Et encore les statistiques nationales précitées concernant les accidents de travail et les maladies professionnels sont loins de refléter la situation réelle sur le terrain. Le pays est marqué par un large secteur où le travail est dissimulé, non déclaré et à l'écart de toute surveillance. Beaucoup de travailleurs contribuent à la production dans plusieurs entreprises artisanales ou familiales. Peu d'entre eux sont protégés par des lois régissant les conditions de travail, on note que les mesures de surveillance ne touchent qu'une faible proportion des travailleurs. La majorité d'entre eux étant embauchée par de petites entreprises travaillant dans l'informel, inconnues des pouvoirs publics et qui sont donc extrêmement difficiles à contrôler. Le nombre des indemnisations journalières en Algérie prises en charge par les Caisses de sécurité sociale (C.N.A.S ) durant l'année 2018 s'est élevé à 2.158.431 tandis que les dépenses ont dépassé 26 milliards de dinars en matière de prise en charge des accidents de travail et des maladies professionnelles, selon les chiffres communiqués lors des travaux de la 2e édition du Congrès International de Prévention des risques professionnels. Les chiffres précités tout aussi importants qui font que les autorités devraient se pencher davantage sur le problème de la sécurité du travail au niveau des entreprises. Ceci tout en sachant qu'il y a beaucoup de décès suite à des accidents de travail qui ne sont pas comptabilisés puisque les dits employés exercent dans l'informel. Nous estimons que la prévention des risques professionnels en Algérie est une question de facteur humain, s'il est bien sensibilisé, bien formé, bien suivi, bien motivé, bien équipé en protection individuelle que collective il y aurait moins d'accidents de travail et moins de maladies professionnelles. Cependant nous énumérons ci-dessous les points sur lesquels il faudrait s'attarder afin de réduire la facture salée du coût des risques professionnels et les graves conséquences que subissent et le travailleur, sa famille et les caisses de sécurité sociale. A)-INVESTISSEMENT La maîtrise des risques professionnels est un enjeu pour les hommes, l'entreprise et la société. Si les arrêts de travail et les maladies professionnelles ont un coût, la prévention est un investissement. Tout responsable d'entreprise commerciale a pour objectif de produire plus mais la question que nous nous posons est la suivante : ce gain se fait dans quelles conditions ? L'employeur est dans la plupart des cas réticent quand il s'agit de dépenses liées à la prévention des risques professionnels, les causes sont connues : mévente de ses produits, faibles rendements, masse salariale importante, etc. A ce titre nous estimons que plus l'investissement en matière de prévention est élevé, moins la réparation est coûteuse. Nous nous référons à une entreprise économique/industriel ne disposant pas de moyens de lutte contre l'incendie au niveau de son magasin de pièces détachées évalué à des dizaines de millions de dinars et avec un personnel d'agents de sécurité insuffisamment formé. Si un feu se déclare au niveau de ce magasin, l'extinction prendrait du temps en attendant le renfort par la protection civile. Et le temps perdu ne fera qu'augmenter la facture des dégâts occasionnés à la pièce détachée. La réparation coûtera plus chère que la prévention à savoir l'équipement en moyens de lutte contre l'incendie et la formation des agents de sécurité de l'entreprise. Mais l'investissement à lui seul ne suffit pas. Au niveau de certaines entreprises et unités l'employeur ne lésine pas sur les moyens : acquisition de moyens de lutte contre l'incendie, équipements de protection, formation, médecine du travail, etc. Ce qui est grave c'est qu'avec tous ces moyens, il est toujours enregistré des accidents du travail et des maladies professionnelles dépassant les normes requises. Dans ce cas l'employeur est-il seul responsable de cette situation ? N'y a-t-il pas d'autres paramètres qui doivent jouer un rôle important au niveau des unités et entreprises pour réduire les risques professionnels ? Nous citerons ci-après des points qu'il faudrait prendre en charge par les interventions de l'employeur, la législation et les interventions gouvernementales : B-FORMATION : Généralement, les formations à la maîtrise des risques sont basées sur des aspects informationnels qui laissent à la marge les aspects comportementaux. On part du principe qu'une fois l'information donnée, les comportements de sécurité s'effectueront de manière appropriée et adéquate selon le message délivré. Mais ce lien n'est pas si évident. La maîtrise des risques ne peut se concevoir sans prendre en compte le comportement des individus face aux risques ainsi que de la perception qu'ils en ont. En effet, on a pu remarquer que même si on informe les individus sur les risques auxquels ils peuvent être confrontés, ces derniers n'en changent pas forcément leurs comportements, en continuant de fumer au niveau des espaces où il est formellement interdit, d'avoir une conduite rapide qui dépasse les limitations de vitesse ou de ne pas porter certains équipements nécessaires à leur protection comme la ceinture de sécurité ou les casques de sécurité, ou les gants conçus pour le contact des fardeaux de fer rond à béton ou les lunettes de soudure . Au niveau de toutes les entreprises et unités existent des commissions d'hygiène et de sécurité chargées de la prévention des risques professionnels. Ces commissions sont composées des membres représentant l'employeur et le syndicat et dont les profils généralement ne répondent pas souvent au volet hygiène et sécurité. Il faudrait donc assurer leur formation et également l'élargir au personnel d'exécution. Cette formation est prévue par des textes notamment le décret exécutif n°02-427 du 04 décembre 2002 relatif aux conditions d'organisation de l'instruction de l'information et de la formation des travailleurs dans le domaine de la prévention des risques professionnels. La formation sur le tas dans notre pays est très courante et laisse à l'arrière-plan les exigences de la sécurité. L'apprentissage du travail en équipe ne peut être complètement réalisé qu'à partir des apprentissages individuels. Cette formation n'est pas une fin en soi mais le relai d'une autre formation qui doit se prolonger à différents moments de l'évolution professionnelle. C- MEDECINE DU TRAVAIL : Préserver la santé d'un travailleur, c'est assurer le rendement continu sans maladies professionnelles. Ce ne sont pas toutes les unités et entreprises qui disposent d'un service de médecine du travail. Il est constaté dans ces cas des unités et entreprises n'ayant pas de médecin de travail ou sont conventionnées avec un médecin, qu'il n'y à pas de prise en charge des prescriptions de sécurité du travail tels que l'ambiance du travail se traduisant par un mesurage de la chaleur, les bruits, la lumière, les vibrations sur les sièges des élévateurs (cas des ports, etc.) Il arrive des cas où le travailleur est inapte médicalement de conduire un chariot élévateur ou manipuler des machines, incapacités qui ne sont pas détectées en l'absence de visite médicale d'embauche et qui causerait des accidents graves au cours de l'exercice de fonction du travailleur concerné. Aussi lors des visites médicales périodiques il est important de signaler que lorsque le médecin du travail constate l'incapacité physique d'un travailleur à occuper un poste et suggère à l'employeur le changement de poste. Souvent cette décision n'est pas respectée. L'opération nécessite normalement un remplacement se traduisant soit par un recrutement que l'employeur évite souvent, soit par une formation ce qui aux yeux de l'employeur perturberait le fonctionnement du service. A suivre... *Ex-Commandant de port/Cadre dirigeant. Expert maritime agréé près les tribunaux (Non opérationnel). |
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