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Où va le monde avec toute
cette violence ? La violence n'est plus l'ensemble des comportements brutaux
coalisés dans les pays en guerre ou dans d'autres endroits connus pour leurs
interminables conflits. Elle n'est plus le caractère agressif de certains
quartiers des villes, plus ou moins chauds que d'autres. Elle est générale, le
climat est tendu partout, même dans les rues les plus luxuriantes
du monde. La violence n'est pas toujours prohibée par les lois, elle est tolérée, générée par la constitution des pays comme un fait de libre expression, concrétisée par le droit à la manifestation pour obtenir des revendications légitimes. Malheureusement, certains rassemblements de populations contestantes perdent leur signification pacifique en glissant, délibérément parfois, vers diverses situations d'affrontements virulents entre manifestants et forces de l'ordre. Partout sur terre, les populations se rebellent contre les autorités qui les dirigent. Que l'on soit à Paris ou à Caracas, à Alger ou à Téhéran, à Khartoum ou bien à Abidjan, des manifestations populaires importantes marquent l'actualité continuellement dans ces capitales. Beaucoup d'autres rassemblements surgissent, périodiquement, un peu partout ailleurs. Certaines démonstrations débordent du cadre disciplinaire et deviennent plus agressives, avec plus de dégâts que d'autres. Des actes de vandalisme, des casses de magasins, des blessures ou même des décès sont souvent signalés parmi les belligérants des confrontations des rues. Partout dans le monde, les populations se soulèvent contre la hiérarchie souveraine. Les revendications sont souvent d'ordre économique ou social, quand le peuple plaideur réclame de meilleures conditions de vie et de travail, dénonce la hausse des prix d'éléments nécessaires à son existence, ou déclare son mécontentement face aux instances tutelles pour leur rappeler leurs négligences concernant différentes défaillances. L'accroissement du taux du chômage, la précarité de l'environnement ou bien la nécessité d'avoir un logement décent sont des raisons de survie urgentes qui incitent les citoyens à exposer leurs revendications dans la rue. Les réclamations des populations deviennent politiques lorsque leurs prétentions exigent plus de justice, d'équité dans les choix, de liberté d'expression et d'opinion. L'impopularité des élites se traduit par l'indignation exprimée à leur encontre par la masse des sujets gouvernés. Les hommes au pouvoir ne savent plus écouter les gens qui les ont élus pour défendre leurs droits. Le plus grave c'est lorsque ces élites ne connaissent pas le peuple qu'ils gouvernent, soit par manque de compétence et de vocation, soit par négligence et distraction dans leur affairisme personnel. Le décalage entre le sommet et la base populaire conduit forcément à l'absence de communication entre l'ensemble de la société civile et ses représentants. L'absence du dialogue est une marque de négligence ou d'incompétence qui génère des conflits divers. Les manifestants envahissent, donc, les rues pour revendiquer le droit à de meilleurs services, pour s'opposer à telle ou telle loi, pour demander plus d'attention de leurs tuteurs, ou pour les forcer carrément au départ, quand le fossé entre les deux camps atteint les limites des fautes irréparables. La force qui donne la notoriété au peuple qui manifeste sa contestation contre la conduite de ses gouverneurs réside dans le volume populaire et dans la teneur qui unit ce peuple autour de ses idéaux. Physiquement, le guichet qui sépare l'Etat du citoyen paraît sans frontière. En réalité, la distance qui se creuse entre gouverneurs et gouvernés est considérable. La relation entre les deux pôles est machinale. Elle se limite aux échanges postaux, aux envois de factures, à la réception de dossiers ou à la fourniture de différents documents. Le lien est alors typiquement administratif, évidé de l'ambiance naturelle, de la convivialité joviale, et parfois même de l'étique de la morale humaine. Ce genre de contacts bureautiques bruts conduit à un manque d'harmonie dans les rapports. L'absence de transparence engendre, aussi, l'incompréhension et la détérioration de la confiance, ce qui peut aboutir au mécontentement, à l'appel, puis à la révolte du citoyen. Qu'il soit riche ou pauvre, moderne ou sous-développé, aucun pays n'est à l'abri de tensions citoyennes qui prétendent à différentes doléances. Cette règle généralisée n'exclut pas un système ou un autre. Monarchique ou républicain, capitaliste, socialiste ou conservateur, tous les régimes de gérance sont exposés à la critique, à la réprimande et à la condamnation des peuples. Les réclamations que tous les peuples ont en commun se résument dans un seul mot : démocratie. Les causes qui induisent aux rébellions populaires sont relativement d'ordre politique, et surtout financier. La politique devient un exercice de pègre lorsque le trésor de l'Etat ne sert pas à accomplir les engagements des gouvernements envers leurs contrats sociaux. La défaillance de l'économie d'un pays n'est jamais un fait du hasard. Il n'est pas question de mauvaises gestions, de fausses planifications ou de stratégies mal adaptées. Il s'agit d'un dépérissement programmé, préalablement, motivé par l'intérêt restreint des uns et des autres, au dépens du profit général. L'incompétence des responsables, citoyens compris, se reflète dans leurs comportements préjudiciables et nuisibles à toute la société : corruption, clientélisme, nihilisme, vol, gaspillage, détournements de fonds et bien d'autres activités de banditisme font la règle qui régit la nation quand la justice est incapable de corriger ces délits. L'élite au pouvoir possède aussi l'outil médiatique, les gouverneurs imposent les choix qui les arrangent à travers ces canaux d'influence. Ils peuvent déformer l'actualité, manipuler l'opinion des gens, mentir ou bien censurer l'information selon leurs besoins. Ces méthodes d'action sont aussi considérées comme une forme de violence morale qui s'oppose à l'éthique humaine, à la conscience professionnelle et au droit à la vérité et à la connaissance. Mais, les réseaux de communication sociaux ont pris le dessus sur les instruments d'information classiques. La population est parfois mieux informée, mieux éveillée et mieux décidée que ses dirigeants. Un pays se détériore et va à la dérive quand le lien de la politique est indissociable de la Finance, quand les enjeux économiques et sociaux ne prennent pas en compte les vraies valeurs de la réussite qui sont le travail, la rigueur et le mérite réservé à la compétence. Les fléaux sociaux se multiplient dans un pays quand l'argent sale s'initie comme une mesure légale, depuis la poche du simple citoyen jusqu'à la banque qui sponsorise les systèmes. Décidément, on peut tout faire avec l'argent dans un pays qui ne respecte pas les principes consignés dans sa propre Constitution. On peut vendre sa voix pour un parti qui n'a aucun programme, payer pour modifier le contenu des urnes lors des élections ou acheter le poste de maire, de sénateur et même celui de président. Avec l'argent, on peut exclure les uns et rémunérer d'autres, marchander pour l'obtention d'un diplôme, innocenter un malfaiteur ou simplement s'investir grossièrement pour déranger l'allure d'une mobilisation populaire pacifique. Ceux qui ne savent pas comment s'enrichir, par le moyen du travail, peuvent facilement devenir riches en s'intégrant dans la politique. Ceux qui s'opposent à la politique d'un pays sont, généralement, des partis qui n'ont pas pu bénéficier de sa corruption. L'argent est source de tous les malheurs. Les méthodes de gouvernance enrichissent les petits groupes des riches et soumettent la large majorité des peuples à une lutte perpétuelle contre la pauvreté. Dans les hautes sphères des Etats, la violence est faite de luxe. C'est beaucoup d'argent qui se consomme sans qu'il ne soit question d'un paradis fiscal. Les quantités faramineuses d'argent mal acquis ne sont pas vraiment de repos. C'est la pression des gros chiffres des revenus soupçonneux, ce sont les contraintes diaboliques de l'engrenage des engagements véreux, c'est aussi l'oppression terrible des lobbyings des finances locales et internationales. En haut, plus on en a et mieux on en demande. Par contre, l'argent fait gravement défaut en bas de l'échelle. Plus on creuse dans les profondeurs de la société et plus les fortunes faiblissent jusqu'à l'aplatissement, jusqu'au combat pour la survie. La violence d'en bas est plus ardente, c'est plus de misère et de précarité, c'est moins d'ambition avec énormément de rêves qui se perdent. L'autorité au pouvoir et les citoyens ont chacun sa violence particulière. Les stratégies politico-financières adoptées par le système gouvernant sont à la base de l'exaspération qui s'accroît entre ces deux mondes. Le taux d'agressivité dans les rapports se mesure à la distance qui sépare un peuple de ses dirigeants. Plus la faille est large et plus le terrain entre les deux est miné de malentendus, d'accidents et de polémiques qui se tordent parfois jusqu'à la rupture totale. La violence que connaît le monde de nos jours n'a ni race, ni couleur, ni nature particulière. Les systèmes politiques, bien qu'ils aient des dogmes, des doctrines et des méthodes d'actions différentes, tendent tous vers un seul objectif, celui d'asservir les peuples et les soumettre au service des cercles oligarchiques qui les gouvernent. Il arrive que les peuples acceptent leur soumission à la conjoncture, mais ils ne tolèrent jamais leur situation d'esclaves. Les tensions grondent et la colère grossit. Les conflits génèrent lorsque les gouvernés refusent la servitude sous le joug oppressif de leurs gouverneurs. Le peuple doit se prendre en charge à un moment donné, lorsqu'il est abandonné par l'ensemble des partis politiques, des syndicats sans effets et des associations sans influence. Rappelons que ces organismes sont initialement choisis par le peuple lui-même, dans le but de le représenter auprès des instances de l'Etat, de l'accompagner dans ses projets d'émancipation et de défendre ses causes et ses droits légitimes. Ainsi, tous les systèmes politiques semblent avoir échoué à conduire l'Humanité vers une civilisation de paix et de quiétude. La loi des hommes est imparfaite, impossible à l'intelligence humaine de vaincre l'instinct des tentations égoïstes. Il n'existe pas de méthodes modèles pour dompter les peuples, pas de techniques susceptibles aux chefs d'apprivoiser toutes les opinions. Il n'y a pas de percepts philosophiques experts capables de satisfaire les peuples dans leur vaste diversité. Il n'y aura pas de changement vers le mieux aussi longtemps que l'argent demeure le nerf qui excite l'ambiance de la politique. Toutefois, la Finance régit le domaine économique vital à toute société. L'économie influe aussi sur les décisions politiques, c'est le domaine des relations internes et internationales, par excellence. Son importance est capitale dans les rapports sociaux. Il est, donc, impensable de séparer l'argent de la politique, les hommes sont appelés à composer avec ces deux éléments qui font toute sa déchéance. Ils doivent s'ordonner même dans le désordre. Le cercle est vicieux, mais on réussit certainement à se frayer un chemin toujours meilleur, grâce à la rigueur, la sincérité et la bonne volonté. On peut changer d'hommes, de gouvernement, de système de constitution et de slogans, sans pour autant concrétiser un régime démocratique idéal. Il est temps de comprendre que la démocratie est un parcours continu, un combat sans limite. Il y aura toujours des erreurs à corriger, des lacunes à combler, des difformités à retaper, des malaises à exulter et de la violence à devoir supporter. *Ecrivain |
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