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Bien que le peuple algérien
ait tous les droits de se réjouir puisque l'une de ses principales
revendications vient d'être satisfaite, l'ère de Bouteflika en tant que
personne est révolue dans la sérénité et grâce à l'unité et à la persévérance
de tout le peuple qui a su s'exprimer d'une seule voix et qui a mis de côté
toutes ses divergences longtemps entretenues par le système qui utilisait la
règle de diviser pour régner.
Mais hélas, ce n'est pour le moment qu'une étape et ce n'est que le début de la vraie bataille qui tient en haleine, en plus des Algériens, des millions de personnes qui subissent la dictature et l'oppression à travers le monde, en général, et les pays arabes, en particulier. Le système tentera inéluctablement de courber l'échine mais sans aller jusqu'à la casser, poussé par la ferme volonté de garder ses avantages mal acquis, il tentera de résister jusqu'à ce que la tempête passe. Les exemples de ce retournement de situation sont malheureusement légion, la Tunisie, la Libye, la Syrie et surtout l'Egypte, où la contre-révolution a repris le dessus profitant d'un moment d'euphorie du peuple et de sa démobilisation naïve. Les régimes totalitaires orientaux et même les chantres de la démocratie occidentale sélective n'épargneront aucun effort pour faire avorter cette révolution pacifique; certains, pour maintenir en joug leur peuple en leur évitant de suivre «le mauvais exemple» algérien et d'autres, pour maintenir leurs intérêts et la mainmise sur les richesses nationales. Le peuple a toutes les raisons de rester mobilisé tant que cette phase qu'on essaye de nous vendre comme transitionnelle sera gérée par un gouvernement qui a été parachuté par une bande qualifiée d'anticonstitutionnelle, selon les propos mêmes du chef d'état-major de l'armée, bien placé pour le savoir, et surtout selon la conviction de millions de citoyens. Les membres désignés, qui en réalité n'ont rien de technocrates, activaient déjà pour la plupart d'entre eux dans le sillage de l'équipe démise, à l'instar de la ministre de l'Education dont le successeur n'est que son bras droit des années, convaincu par sa politique décriée par la majorité des enseignants et des parents. Affirmer et reconnaître solennellement que toutes les décisions prises ces derniers jours l'ont été d'une façon illégale, cela devrait donc nécessairement en faire tirer les conséquences qui s'imposent, à savoir la dissolution de ce gouvernement fantoche, chassé par la porte et qui le voilà revenu par la fenêtre. Il n'est en fait que le prolongement du système honni par le peuple et qui risquera de faire prolonger encore et pour longtemps cette crise. Accepter ce fait accompli et s'accommoder de ce gouvernement sous n'importe quel prétexte voudrait dire que la feuille de route établie par la bande en question et au nom de l'ancien président Bouteflika est mise en exécution au grand dam des millions d'Algériens qui ne cessent d'exprimer leurs revendications d'en finir avec tous les acteurs de ce système depuis maintenant plus d'un mois. Le peuple a aussi toutes les raisons de craindre un scénario à l'égyptienne où la junte militaire s'est réaccaparée la victoire populaire pour se positionner à la tête de l'Etat et imposer une dictature sanguinaire après avoir abusé de la confiance du peuple. Les mots restent insuffisants pour recouvrer la confiance des Algériens devenus extrêmement suspicieux par la force des évènements et des années de fausses promesses. Le peuple doit maintenir la pression aussi longtemps qu'il le faudra, car cette cohésion dans la revendication n'a pas beaucoup d'occasions pour se répéter, le peuple n'a d'autres choix que celui de maintenir le cap sans se détourner de l'objectif principal qui est de faire désintégrer, une fois pour toutes, ce système lourd à supporter. Des tentatives de groupuscules insignifiants dans la société algérienne tentent de parasiter le mouvement en voulant donner l'illusion que c'est la société elle-même qui est à l'origine de toute cette injustice; ces groupuscules ont toujours surfé sur les vagues de protestation pour faire passer leurs idéologies qui divisent plus qu'elles ne rassemblent au moment où nous avons besoin de l'implication de tout le monde pour venir à bout de ce cauchemar qui n'a que trop duré. L'urgent et le prioritaire, ce n'est pas le respect de la Constitution à laquelle le peuple n'a pas été convié à donner son avis et qui, du coup, ne la considère pas comme un livre révélé, mais plutôt c'est de faire aboutir les revendications justes et légitimes du peuple. La crédibilité se conquiert vis-à-vis du peuple et non vis-à-vis de l'opinion internationale souvent hypocrite et intéressée surtout par les dividendes offerts par un régime corrompu. Le peuple est au-dessus de toute constitution, il est souverain de la renier s'il juge qu'elle est contre ses intérêts. D'ailleurs, il ne cesse de le revendiquer haut et fort tous les jours et surtout les vendredis. |
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