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A quelques jours de
l'expiration de son mandat aux commandes de l'Algérie, Bouteflika décide enfin
de jeter l'éponge, face à l'insistance de la mobilisation populaire qui réclame
son départ depuis plusieurs semaines, lui et tous les symboles de son système
nocif à la nation.
Un système schématisé par une structure oligarchique fermée sur elle-même, décrit de «bande de malfaiteurs» par le chef de l'état-major militaire dans son dernier discours qui a accéléré le retrait du président. On se demande encore quels sont les motifs réels de cette initiative tardive, réclamée pourtant depuis quelques années par plusieurs politiciens opposés au régime. Au lendemain de l'abdication du président, l'information est officiellement déclarée par le Conseil constitutionnel, comme la loi le définit dans pareil cas, dans une réunion tenue par l'assemblée du sénat avec ses deux chambres parlementaires. Mais, comme le gouvernement exerce toujours dans le flou et l'opacité, aucune information n'a été divulguée sur les tenants et aboutissants de cette démarche. Plus tard, on apprend fraîchement que l'assemblée visait le déblayage parmi les partis politiques et la restructuration du champ du mouvement associatif. Ce qui porte à comprendre que cette réunion est une autre tentative maligne, manœuvrée dans le but de se maintenir au trône après le renoncement de Bouteflika. Pourquoi cette décision importante survient-elle précisément en ce moment ? Quelles seront ses retombées sur l'évolution de la péripétie politique que vit pays ? Beaucoup de questions restent suspendues, sans réponses pour l'instant. Entre rumeurs, «fake news», insinuations et énormément de non-dits, les informations fallacieuses fusent dans toutes les directions. Ainsi, on raconte parmi ces obstructions médiatiques que ce départ précipité est la conclusion tirée suite à une réunion extraordinaire secrète qui a rassemblé un ancien président algérien, le chef de l'état-major militaire, des éléments de la présidence actuelle, le responsable ainsi que d'anciennes figures des renseignements algériens, des chefs de partis alliés au pouvoir, mais également en présence de représentants du service des renseignements français. Pourquoi donc la France se mêle-t-elle des affaires internes de l'Algérie ? Quels en sont ses intérêts ? L'Algérie, est-elle une colonie française éternelle ? Cependant, s'agissant de cette réunion hypothétique qui a fait l'objet de gros débats médiatiques sans issues, l'opinion publique estime l'initiative comme une autre action amorale qui écrase les règles juridiques en vigueur. C'est un dépassement du cadre de l'autorité populaire et une négligence quant aux principes de la souveraineté nationale. Toutefois, le peuple éprouve une sensation de soulagement suite à la résignation du poste de la présidence. Il considère cet acquis comme une bataille gagnée contre la caste au pouvoir, sachant qu'il n'était pas facile de déloger le chef d'un gouvernement d'un régime cloué au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie. Par ailleurs, d'autres voix s'élèvent et dénoncent un conflit entre le clan de la présidence et le parti de l'armée. Là encore, la connaissance est incertaine sur ce qui se passe dans les hautes sphères de ce qui reste de l'Etat. Beaucoup d'autres racontars sont déversés dans toutes les stations d'information, c'est vraiment le moment de dire parfois n'importe quoi, soit pour manipuler l'opinion publique, soit pour combler le vide effrayant en imaginant des scénarios incroyables qui servent d'itinéraires pour entamer les suites de la crise encore inconnues. La chute du président a entraîné la poursuite judiciaire contre plusieurs cas de détournements et de malversations, l'arrestation et l'emprisonnement pour certains, l'interdiction de quitter le territoire et la mise sous enquête pour d'autres. Des administrateurs, des politiciens, d'anciens cadres de l'Etat et des hommes d'affaires sont impliqués dans cette compagne de nettoyage. Le président était l'arbre qui cachait une forêt de bandits. La suite de l'opération judiciaire risque de dévoiler des nouvelles qui vont certainement surprendre les âmes les plus averties. Aujourd'hui même, au septième vendredi de la mobilisation, le peuple apprend la nouvelle du limogeage et du remplacement de deux éléments importants au sein de l'Etat, le chef des services des renseignements et le responsable chargé de la sécurité extérieure. Néanmoins, si on examine le développement de l'événement, on peut conclure que le cas de cette démission induit à deux conséquences rationnelles. La première piste consiste à l'application des directives dictées par la constitution, lesquelles agréent au président du Conseil de la nation de tenir le relais de la présidence et d'organiser des élections pour désigner un chef d'Etat dans les trois mois qui viennent. La deuxième suite est plus simple, il s'agit d'écouter la voix du peuple et de modeler les décisions selon l'appétence de la population. Sans président, sans élections présidentielles en vue, il faut avouer que l'étape est délicate dans le parcours de l'exercice du changement. A cet effet, l'écrivain et poète égyptien Abderahmane Youcef compare cette période cruciale que vit le peuple algérien actuellement à celle vécue par l'Egypte lors de la chute de Moubarak. Le renversement du président est l'œuvre grandiose de la population, la continuité de son système est le rôle réservé à l'Etat lui-même. L'écrivain conseille aux Algériens de se tenir soudés. L'intérêt national commun doit prendre la primauté sur les différences d'opinions, de régions, d'idéologies ou de tendances politiques. L'écrivain égyptien dit que le grand soutien qu'il puisse apporter à la révolution algérienne c'est de lui offrir les erreurs commises par le peuple égyptien. Le gouvernement en partance ne doit pas se charger de la gérance de la période transitoire ; ce n'est pas à lui qu'il faut confier l'organisation du suffrage présidentiel. Les appareils institutionnels doivent rester en fonctionnement, ce sont les éléments humains qui les manipulent qu'il faut substituer à la racine. L'armée ne doit pas s'occuper de la politique dans un système de gouvernance civile. Son rôle se limite à arbitrer cette période de changement et sécuriser le terrain pour que la mutation se déroule dans des conditions ordinaires. L'armée n'est pas un concurrent au pouvoir, elle est un compagnon neutre dans cette opération de conversion du régime. Bouteflika est parti sans dire adieu convenablement. Son passage, malgré ses vingt ans de longévité, sera cité par l'histoire comme l'échec de toute une nation. Il a laissé sa chaise vide, froide. Il a légué au peuple une structure politique paralysée, une économie presque en ruine et une administration gangrenée de délits et de corruption. Triste, par ailleurs, est la fin de Bouteflika. Lui qui a commencé son parcours aux côtés de Che Guevara, Castro, Tito, Mandela et bien d'autres grands hommes du monde, voilà qu'il termine son chemin entre Tliba, Ould Abbes, Haddad, Ghoul et d'autres malandrins légitimés par la fraude et l'illégalité. *Ecrivain |
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