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«Le
deuxième Etat saoudien est né en 1902 après une guerre menée par Mohamed Ben
Abdelaziz contre Aadjlane, gouverneur de Riyad ».
«El Masmak, est le nom tiré de la large épaisseur des murs de la citadelle d'où est partie la révolte contre le gouverneur de Riyad qui régnait sur la région avec toute impunité», nous renseigne notre guide dès notre arrivée au musée qui porte le même nom. «Mohamed Ben Abdelaziz a mis 30 ans pour unifier les tribus de l'ensemble des régions du royaume d'Arabie saoudite», précise-t-il. L'Arabie saoudite compte aujourd'hui plus de 26 millions d'habitants et près de 8 millions d'étrangers dont 3 millions de Yéménites (un million y travaille et deux millions s'y sont réfugiés), deux millions de Birmans et un million de réfugiés syriens. La crise financière engendrée par la chute des cours du pétrole n'a pas épargné le royaume. Les autorités saoudiennes ont décidé alors de passer à la «saoudisation (essaaouada)» de l'emploi. Mais habitués au luxe et au farniente, les Saoudiens auront sans conteste beaucoup de difficultés à se mettre au travail notamment pour ce qui est d'exercer des petits métiers comme serveur, chauffeur ou éboueur. Aujourd'hui, ils ont plus à cœur d'empêcher les femmes de conduire que de travailler. «On se demande pourquoi veulent-elles conduire alors qu'elles ont toutes un chauffeur ! », s'exclame un cadre d'un ministère. Beaucoup d'entre eux craignent que «les femmes vont prendre leur voiture pour passer le week-end ailleurs, déjà qu'elles ne s'occupent pas de la maison ni des enfants, la situation va empirer si elles commencent à conduire? » Les Saoudiens ne cachent pas que la décision de permettre aux femmes de conduire leur a été imposée de l'extérieur. «Elle a été prise à cause de fortes pressions extérieures sur le royaume », soutiennent-ils. C'est en mai prochain que la décision va entrer en vigueur. «Nous n'aurons même pas de place pour stationner, elles vont occuper les rues et créer des embouteillages monstres !», lâche un responsable l'air contrarié. Les rencontres des universitaires et journalistes algériens dans les différentes villes du royaume ont été très fructueuses en matière d'informations, de précisions et de découvertes d'un pays que les Algériens connaissent peu ou pas du tout. Ils ne connaissent de l'Arabie saoudite que les Lieux saints pour le hadj ou la omra. Depuis que la crise au Yémen s'est corsée, les autorités saoudiennes ont décidé de communiquer pour, disent-ils, faire savoir que «la région risque la déflagration à cause des incursions politiques et militaires iraniennes par houthis interposés ». Des autorités civiles et militaires qui accusent clairement l'Iran de vouloir «attenter à la sécurité nationale de leur pays, à celle de la région et par conséquent à celle du monde », aux journalistes saoudiens, l'Arabie saoudite mène une campagne médiatique féroce contre le pays de Hassan Rouhani. «L'Iran a fait évacuer 12 millions de Syriens sunnites et les a remplacés par des Afghans et autres islamistes en vue de renverser les équilibres au sein de la société syrienne en faveur des chiites», soutient un des membres de l'association des journalistes saoudiens. Djeddah «la rebelle» Association qui avait reçu les universitaires et journalistes algériens toute une soirée dans son immense et luxueux siège à Riyad. Mais avant, c'est le quotidien Okaz (Ookadh) qui les avait conviés à visiter son imprimerie. Plus grand tirage saoudien, le journal emprunte son nom «Okaz » à la ville située à une heure de temps de Djeddah, réputée pour son historique marché annuel. Le journal assure son propre tirage par des équipements modernes acquis directement d'Allemagne. Le rédacteur en chef adjoint nous rappelle que dans les années 80, près de 15.000 exemplaires étaient distribués en Algérie? A Djeddah, ce sont les hommes de lettres, écrivains et poètes, qui se sont entretenus avec les hôtes algériens dans leur club. «Comme l'a promis l'émir Mohamed Ben Salman Ben Abdelaziz, on ne reviendra jamais à l'époque des années 30 qui a ignoré l'être humain», a affirmé un poète saoudien. Présenté comme un grand réformateur, le prince héritier compte «reprendre en main beaucoup de choses », selon les hommes de lettres, pour disent-ils, «faire du royaume un véritable Etat moderne». L'on dit que Djeddah est rebelle parce qu'elle a été la première à faire part de ses idées modernistes. «Il y a des Saoudiens qui veulent que Djeddah soit détachée du royaume parce qu'ils jugent que ses habitants sont trop émancipés», lance un écrivain avec un large sourire. Djeddah est la capitale économique du royaume, elle est rattachée à la province de Mecca tout autant que Taëf. Avant de la quitter, nous avons été conviés dans le vieux Djeddah dont le maire est poète. Il nous avait offert un café «arabi» sur la terrasse d'une vieille maison d'époque. Il avait choisi la fin de journée pour qu'on entende l'appel à la prière du Maghrib qui fusait de toutes les mosquées du quartier. Un moment magique. «C'est le adhane qui a fait pleurer une journaliste britannique», rappelle notre hôte. Les autorités saoudiennes avaient, par ailleurs, programmé à leurs invités algériens des virées dans des écoles privées pour différents paliers scolaires (celles des filles pour les journalistes femmes). «Les enfants saoudiens bénéficient d'un enseignement des plus modernes depuis leurs premières classes, ils apprennent l'anglais en bas âge et sont initiés aussi très tôt aux sciences, aux mathématiques, à la physique? », nous renseigne la directrice qui nous avait fait visiter toutes les classes et présenté toutes les enseignantes. Terre sainte de miracles divins? Hana est responsable des enfants en préscolaire. Hana est d'origine algérienne et vit en Arabie saoudite depuis 40 ans. «Je suis d'origine kabyle, de Tizi Ouzou, mais je n'ai jamais vu l'Algérie, ma famille a suivi l'Emir Abdelkader en Syrie, de là-bas, mes grands-parents sont venus en Arabie saoudite, ma grand-mère parlait le kabyle avec les pèlerins algériens », nous a-t-elle fait savoir. Nous quittons Djeddah pour Mecca El Moukarama, à peine une heure de temps par route. Un vent de sable rendait la visibilité difficile. On arrive à Mecca après la prière d'El Icha, le temps idéal pour accomplir une omra en ces temps torrides. Nos guides nous expliquent que le sol du Haram a été fait avec du marbre italien, isolant du froid en hiver et du chaud en été. L'on nous assure que l'eau Zemzem n'a jamais diminué de niveau, elle est toujours la même depuis des siècles. «Des plongeurs occidentaux se sont mis à chercher le fond du puits mais ils n'ont jamais pu en mesurer les quantités», affirme un des guides. Terre sainte de miracles divins que la dynastie des El Saoud régente jalousement depuis des siècles. L'Arabie saoudite procède depuis quelques années à la modernisation des Lieux saints en agrandissant le plus possible leurs capacités d'accueil. Les autorités n'ont pas hésité à détruire par exemple les maisons dans lesquelles ont vécu les épouses du Prophète Mohamed (QLSSSL). «Ce sont plus de 3 millions de hadjis qui viennent une fois pas an et des centaines de milliers durant toute l'année pour la omra, ce n'est pas facile de les loger et de les nourrir tous, ce qui a été détruit ce sont de vieux vestiges, on ne peut faire autrement pour récupérer du foncier et agrandir les Lieux saints, il faut faire un choix pour permettre à tous les musulmans du monde d'accomplir leur hadj dans des conditions acceptables», estime un des responsables. Il précise que «les rentrées financières générées par le hadj et la omra sont une goutte d'eau dans un océan au regard des frais qu'engage l'Arabie saoudite pour la maintenance et l'agrandissement des Lieux saints ». Un pont de «ramia eljamarat » a coûté, selon lui, entre 7 et 8 milliards de dollars. Mecca El Moukarama est circulaire. Elle en est à son 4ème cercle tant ses espaces ont été agrandis. 5.882 habitations historiques détruites pour agrandir El Haram Dans un rapport établi en 2015, les Saoudiens font savoir qu'El Haram a bénéficié de la troisième opération d'agrandissement de ses espaces, «la plus grande dans l'histoire d'El Haram El Mekki Echarif qui lui permet d'agrandir ses capacités d'accueil au profit de 1.250.000 prieurs au lieu des 600.000 avant ». Ce sont plus de 1,47 million m2 qui ont été ajoutés aux espaces existants. «La surface totale d'El Haram El Mekki Echarif atteindra après la fin les travaux 1.826 000 m2 », rapporte le document qui nous a été remis à Mecca El Moukarama. Il est ainsi précisé que «pour réaliser ces agrandissements, il a été procédé à la destruction de 5.882 structures foncières(?). » Le projet a permis d'équiper El Haram de, entre autres, «4.524 haut-parleurs numériques, 2.235 caméras de surveillance fixes et mobiles, 44 caméras de diffusion radiophonique et télévisuelle(?). » Qualifié de «grandiose » par les Saoudiens, le projet est décrit dans le détail par les rédacteurs du rapport qui précisent qu' «il a été décidé et lancé par le défunt roi Abdallah Ben Abdelaziz et a été repris sous l'ère du roi Salman Ben Abdelaziz ». Des milliers de tentes s'étendent à vue d'œil à Mina. «Leurs composants sont anti-incendie et isolants du chaud et du froid», affirment les Saoudiens. A Arafat et Mina, soutiennent nos guides, «il y a 7 hôpitaux au service des hadjis, ils ferment leurs portes dès la fin du hadj, il y a aussi un tribunal islamique qui juge les affaires de vol qui sont fréquentes, c'est une Etat dans un Etat ». A Mouzdalifa, les Saoudiens nous montrent au loin un château d'eau, un réservoir, disent-ils, «dont les capacités peuvent couvrir les besoins en eau de 5 millions de personnes durant tout un mois». De Arafat à Mouzdalifa, les hadjis marchent près de 8 km. Ils peuvent voir à leur droite l'oued Ennar (le feu), «un lieu interdit aux musulmans pour avoir abrité l'histoire d'Elphil (l'éléphant)». Entre les deux lieux, Masdjid Ennamira qui n'ouvre ses portes que durant la période du hadj. Djabel Arafat où se sont rencontrés Adam et Eve reçoit tous les jours des visiteurs. Il surplombe les lieux. «Le Prophète a dit que la montée à Arafat n'est pas conseillée, il ne faut pas en faire un lieu de culte, y faire la prière ou le commerce, quiconque veut monter, ne doit le faire que pour profiter de la vue», disait la voix dans les haut-parleurs qui diffusaient le discours religieux en arabe, en persan et en ourdou. Mais ceux qui se sont agglutinés en haut de Arafat ne semblaient pas prêter une oreille à ce qui était diffusé. Qui prie, qui vend des tapis et autres gadgets, qui pleure en tendant les mains au ciel? C'est au pied de Arafat, Djabel El Rahma, que le Prophète a fait son discours de l'adieu (khotbat elouadaa). Le lieu donne des frissons même sous les 48 degrés qu'il a enregistrés ces derniers jours. |
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