Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Souvent pointé du doigt pour les pénuries de vaccins enregistrées au courant de l'année, l'Institut Pasteur se défend en rassurant sur la disponibilité de ces produits. Son directeur général, Kamal Kezzal, rencontré mercredi à l'ouverture du Salon international du médicament et de l'équipement médical (SIMEM), organisé au centre des conventions d'Oran jusqu'au 18 avril, revient dans cet entretien sur le plan d'action de l'IP pour éviter toute pénurie de vaccins, sur le nouveau calendrier vaccinal et les créances des hôpitaux. Explications. Le Quotidien d'Oran: La population est souvent confrontée au problème de pénuries de vaccins à répétition. Comment expliquez-vous ces ruptures de stocks pour une structure aussi importante ? Kamal Kezzal: D'abord, Il faut savoir que l'Institut Pasteur (IP), ce n'est pas uniquement les vaccins et sérums. C'est une institution nationale et internationale sous la tutelle du ministère de la Santé, chargée de la recherche, de la formation, du diagnostic et aussi de la référence. L'institut compte 1 000 employés dont 350 scientifiques et deux grands départements. Une direction de la production et une direction commerciale. Il y a deux types de vaccins et sérum. Il y a ceux qui sont importés des grands laboratoires mondiaux et ceux produits localement. Nous œuvrons actuellement pour que la production locale soit réhabilitée, renforcée et développée. Il y a une règle d'action en 2014 et 2015 pour que la production locale soit de meilleure qualité dans de meilleures conditions. Aujourd'hui, je rassure la population que les vaccins sont pris en charge. Donc, chaque année, six mois à l'avance, le ministère de la Santé envoie des informations qu'il recueille de la base. Chaque wilaya, envoie ses prévisions en fonction des stocks disponibles et des besoins futurs pour l'année suivante. Ces besoins sont envoyés à l'Institut Pasteur qui dans ce cadre là, fait la procédure habituelle. Contrairement aux années précédentes, le ministère de la Santé soutient financièrement les institutions dont la PCH (pharmacie centrale des hôpitaux) et l'IP. Le budget relatif aux vaccins et sérum dédiés aux hôpitaux est versé, depuis 2012, directement à l'Institut, conformément à la règlementation. Donc, chaque année, l'argent qui était donné au titre des chapitres 4 et 5, aux hôpitaux, est à 50% versée à la PCH. Une nouvelle procédure adoptée vu les soucis de trésorerie qu'avait l'IP en 2012. Il y avait des créances énormes non honorées par les hôpitaux. Conséquences, l'institut Pasteur ne disposait donc pas de liquidités et de crédit pour agir. Q.O.: Est-ce que ce problème des créances est totalement réglé aujourd'hui ? K.K.: En 2014 et sur instruction du ministère de la Santé, ces créances énormes devaient être apurées par les hôpitaux. Aujourd'hui, il y a un suivi constant assuré par la tutelle et le ministère des Finances. Il existe même un département recouvrement entre l'IP et le ministère des Finances, chargé uniquement de recouvrement des créances. Avant, ce département n'était pas organisé. Je peux dire qu'actuellement, ces créances ont été apurées à 80%. Nous avons un autre souci, maintenant, celui de l'identification de ces créances. Elles sont identifiées par facture ou par envoi. Pour cela, nous faisons des rapprochements entre les directeurs des hôpitaux et l'IP pour assainir la situation et c'est en bonne voie. D'ici le mois de juin prochain, les créances seront réglées à 90% pour l'IP et la pharmacie centrale (PCH). De plus, le ministère de la Santé a pris une nouvelle mesure, celle d'octroyer le budget aux hôpitaux au mois de janvier. C'est une première car avant, ce budget était débloqué au mois de mars, avril ou mai. Aussi, pour sécuriser la population, les opérations d'acquisition de vaccins et sérums se font par contrats pluri-annuels. Cela veut dire que les contrats pour les vaccins ne se font pas chaque année mais sur 3 ans. Nous savons tous que pour conclure un contrat, cela demande six mois. Donc, il s'agit de contrats à moyen terme de trois ans dont l'objectif est d'assurer une stabilité et un prix identique et stable. Aujourd'hui, nous avons pu assurer une sécurisation pour les vaccins du PEV (programme élargi de vaccination), avec un stock de sécurité de 3 à 6 mois. Q.O.: Vous avez aussi parlé d'un nouveau calendrier vaccinal. S'agit-il de nouveaux vaccins qui seront introduits à la place des vaccins classiques ? K.K.: Suite à la demande des techniciens de la pathologie mondiale, le ministère de la Santé a jugé bon de réintroduire dans le calendrier vaccinal de nouveaux vaccins. Une commission technique a été installée et a été instruite avec le ministère de la Santé pour établir un nouveau calendrier vaccinal. D'ici fin décembre, début 2016, ce nouveau calendrier sera introduit après sensibilisation de la population. Il s'agit d'un nouveau système immunitaire algérien. Les vaccins actuels seront conservés et il y aura d'autres vaccins introduits comme celui de la polio injectable en plus de la polio orale. C'est le renforcement du système immunitaire algérien. Un 2ème vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole seront ajoutés. Le pneumocoque contre la pneumopathie d'enfants et d'adulte, un vaccin préconisé par le monde médical sera aussi introduit. Il faut rappeler que nous sommes un des rares pays où le vaccin est gratuit et obligatoire. Quant au vaccin antigrippal, il sera disponible en temps utile en plus du vaccin pour les hadji. 50 000 doses sont prévues pour le mois de juillet. Les besoins exprimés l'an dernier étaient de 2,5 millions de doses. Nous avons mis les instruments pour que tout le monde travaille. Il faut donc les évaluer, les surveiller et les contrôler régulièrement. Pour toutes les maladies émergentes, dont l'Ebola, le ministère de la Santé a pris toutes les précautions utiles au niveau des frontières, des diagnostics et des hôpitaux. Nous avons un système extrêmement performant. L'OMS nous a reconnu un laboratoire de référence. Nous avons 16 labos de référence. Nous allons avoir 5 labos d'excellence, prochainement. Un labo d'excellence pour la tuberculose, pour l'antibiotique, les arbovirus, la grippe. .. L'Institut Pasteur vient également, et pour la première fois, d'enregistrer quatre produits au niveau du ministère de la Santé. C'est le sérum antirabique, antivipérin, le ragibac, et le sérum antiscorpionique. C'est désormais une propriété de l'Institut Pasteur. Ces dossiers sont normalisés au niveau international. Q.O.: Sur le plan modernisation des structures, l'Institut Pasteur traine encore. Des projets en vue pour le développement de la production locale? K.K.: Sur le plan structure, il n y a pas eu de développement. C'est pourquoi, le ministre de la Santé nous a donné instruction, en janvier 2014, pour l'élaboration d'un plan de développement de la production locale. Et évoluer dans la technique par l'introduction de nouveaux produits. Il est également question de réhabilitation des structures existantes et de la mise en place de procédures de qualité. Toute production nécessite des intrants et une animalerie de haut niveau. Aujourd'hui, l'animalerie est une priorité. Nous sommes les seuls en Algérie qui fournissons les animaux à tous les laboratoires. Lapins, souris et rats. Nous avons une cavalerie de 70 chevaux. Nous avons ramassé 60 000 scorpions pour préparer les vaccins de 2016. Aujourd'hui, cette production est dispersée sur plusieurs sites. Un site à Dely Brahim, un à El Hamma et Kouba. L'idée est de créer un pôle production à Dely Brahim pour regrouper l'ensemble des activités. C'est un projet. Aujourd'hui, nous sommes encore à l'étape de réhabilitation des structures. Pour la production des vaccins, nous avons décidé de faire des partenariats avec des étrangers. Les Cubains pour l'animalerie et certaines molécules particulières et certaines techniques de biotechnologie. Les Indiens sont très avancés dans le domaine. Nous comptons également lancer des formations sur site. Nous travaillons également avec les Américains. Ces projets sont maturés au niveau de la tutelle. L'objectif de ces partenariats est d'améliorer la qualité de certains produits que nous fabriquons, et introduire de nouveaux produits. |
|