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Suite et fin
L'activité vibrionnante de cette pieuvre, qui a pris position jus-que dans les allées du pouvoir, et dont le train de vie et le comportement est celui d'un profit maximum et une soif inextinguible d'accumulation malsaine de superprofits investis à l'étranger grâce à la fuite de capitaux par blanchiment de fortunes mal acquises. Enrichissez vous ! est devenu le leit motiv de cette classe qui subrepticement depuis 1962 à pris position sur les secteurs les plus juteux (hydrocarbures, agriculture dans le domaine des importations d'intrants et de céréales, grands travaux d'infrastructures, santé et sécurité sociale etc.) et s'est créée des " bunkers " bien gardés. Leurs intérêts vont dans le sens d'une économie extravertie sur l'importation. Ce sont eux qui ont combattu l'industrialisation amorcée par le Président Boumédienne et Belaid Abdessalem et, qui ont adopté la ligne de remise en cause du secteur d'état. C'est ainsi que des milliers de cadres se sont trouvés sans emplois et contraints à émigrer. C'est à l'aune de sa détermination à combattre cette classe compradore qui s'abrite sous l'aile du néo libéralisme que l'on appréciera la politique des réformes. Car, ce sont là autant de facteurs qui contredisent les déclarations officielles de faire progresser, autant que faire se peut et ensemble, tous les citoyens. Dans ces conditions, un intérêt croissant est porté à une évaluation des actions à leur impact sur des structures dont l'évolution est le résultat d'un très long processus. Par exemple, à quelles actions et quels opérateurs peut-on imputer l'amélioration de la longévité constatée ? Il faut savoir raison garder et éviter d'imputer aux mesures prises en cours d'année l'amélioration des indicateurs de développement humain. Le développement humain porte sur des faits non conjoncturels et leur état, pour une année, est le résultat des actions antérieures. Les mesures prises aujourd'hui tracent les contours de l'avenir. C'est là le sens de la multi dimensionnalité du développement humain. Aucune des composantes de l'IDH et des autres indicateurs n'est conjoncturelle. Leurs mouvements sont ceux qui relèvent des cycles moyens et longs de l'Histoire. Avoir contribué à le faire comprendre est à inscrire à l'actif de cet exercice. L'évaluation doit tenir compte des " effets retards et ou boomerangs " que peut avoir toute décision en matière de développement humain. Enfin, c'est une évaluation qui exige que chaque secteur replace son action dans le cadre d'indicateurs universels et donne un sens et une finalité autres que bureaucratique ou politicienne aux dotations budgétaires et à leur consommation LES TERMES DU DEBAT Le débat ainsi ouvert, pose les questions des fondamentaux formels ou non écrits ou informels qui sont les références historiques inscrites dans la mémoire des peuples et des nations. En Algérie toutes les constitutions ont pour référence la déclaration du 1er novembre 1954, comme principe fondateur de l'ETAT et de la souveraineté retrouvée. Il y a, donc, lieu de distinguer ce qui est permanent et ce qui doit nécessairement être élagué. C'est à ce travail de tri que doit se livrer une Révolution pour être, le reflet fidèle des aspirations populaires ; Distinguer entre l'essentiel et l'accessoire. Il se dégage du fil de l'histoire notamment trois fondamentaux : 1. La recherche du consensus dans la conduite des affaires ne doit nullement ignorer la lutte des classes C'est en effet ce critère qui permet d'apprécier a sa juste valeur les politiques engagées, et que se fonde la recherche d'un bien être social (9) optimum, finalité du lien national. Le mode de " gouvernance " des dictatures l'a érodé pour le remplacer par une pratique, fondée sur la censure et autres moyens de contrainte dont le principe consiste à interdire ce qui n'est pas autorisé par la loi ! la logique aurait voulu que la liberté soit la règle et l'interdit l'exception. Et d'abord, subrepticement, s'autoriser à s'octroyer certains avantages et privilèges à eux-mêmes, leur famille et leur clan. Tout se passe comme si l'accession au pouvoir n'avait d'autres buts. L'on considère que le bien être d'une société s'améliore lorsque celui d'un des individus qui la composent diminue moins que n'augmente celui d'un autre. Ou, plus simplement, que certains, en termes de revenus, s'enrichissent tout en enrichissant d'autres. Dans le cas contraire c'est livrer le pays à des prédateurs. Cela étant pour que cette situation proche du bien être social survienne, il est nécessaire de réunir trois conditions : Une augmentation du revenu global, Qu'un transfert de richesses des plus riches aux plus pauvres existe ; Qu'une diminution de l'inégalité des revenus soit objectivement constatée Dans chacun de ces cas, toute mesure qui va à l'encontre ou qui laisse s'instaurer une redistribution spontanée au nom du laisser faire revient à pérenniser sous d'autres formes des inégalités injustifiables, et qui devenues socialement insupportables ont fini par causer les chutes des dictatures. Le transfert de richesses (10) n'est pas un jeu à somme nulle où ce qui est pris à l'un se retrouve chez l'autre. Le bien être social s'améliore par suite d'un impact différent des satisfactions pour le riche et pour le pauvre ; la même somme prise sur le riche crée plus de satisfactions qu'elle n'en détruit. Exemple, après prélèvement le riche renoncera à un costume, alors qu'il ne sait plus combien il en a, tandis que pour la même somme de transfert le pauvre s'habillera disons, au moins pour six mois si tous deux recherchent la même satisfaction.(11) Partant de là l'on peut déduire le principe suivant (12): 2. Chacun a les mêmes droits et devoirs, mais ma liberté doit être compatible à celles des autres membres de la société. 3. Le second principe est celui-ci : les inégalités ne sont acceptables que si elles permettent de diminuer les inégalités. Une société juste n'est pas une société égalitaire ; mais une société équitable qui tient compte de ces deux principes L'on se heurte alors à une contradiction ; celle de la confrontation entre l'intérêt général et les préférences individuelles. C'est l'axiome d'équité fondé sur les " capabilités "(13) qui permet de lever la contradiction. C'est ainsi que la société est poussée à assurer à chacun, non un revenu identique, mais un revenu permettant d'avoir la même utilité qu'un autre. L'égalité est arithmétique. L'équité est " géométrique " ! Le raisonnement fondé sur les moyennes est trompeur et tend à cacher la réalité. Si un revenu donne une utilité (somme des satisfactions obtenues) deux fois inférieure à celle des autres, une idée reçue serait d'attribuer un revenu deux fois supérieur. Mais l'argent ne compensera pas l'ensemble des moyens à mettre en œuvre pour créer une utilité identique. Combien d'handicapés perçoivent des aides qui ne leur permettent pas d'avoir accès à des services et moyens adaptés, ce qui n'est pas conforme à la finalité de l'aide à savoir, assurer une utilité identique des revenus. 2) La solidarité. Celle ci conforte le lien social. Mais la pratique politique passée a eu tendance à la dévier vers une étatisation bureaucratique. En se focalisant ainsi sur la pauvreté comme si celle-ci est naturelle elle ne s'est pas attaquée aux causes et, au vrai, elle assiste impuissante au développement de la pauvreté. Les sommes dépensées (14) ont été peu efficaces pour freiner la pauvreté car celle-ci ne peut se réduire à une seule forme. Elle est multidimensionnelle. Le PIB de l'Algérie est de 170 mds de $. Par habitant il est selon le Pnud de 4.681 $. Il est en termes de parité de pouvoir d'achat de 7749,3$ L''Etat consacre des sommes importantes constituées par des transferts à caractère social (en espèce et en nature) en direction des ménages, de l'ordre de 330,6 milliards de DA soit près de 5,4 % du PIB. Cet effort est complété par les dépenses de la sécurité sociale qui se situent à un niveau proche des dépenses de l'action sociale de l'Etat. L'ensemble des programmes d'emploi, de sécurité sociale et d'assistance, à l'exclusion de l'assurance maladie, a bénéficie à 8,5 millions de personnes, représentant une dépense équivalente à 8,8% du PIB. La répartition du revenu brut des ménages se présente comme suit : salaires 37,7%, transferts monétaires 22,5%, revenu des indépendants, 39,7% (15). En outre, le programme de soutien à la relance de la croissance est venu renforcer par les investissements qu'il engageait, la lutte contre le chômage et contre la pauvreté. Ainsi relayées, la solidarité et l'action sociale exigent une adaptation qualitative articulant leur caractère de " dispositif d'attente " à ceux de participation à la reprise économique des plus défavorisés et pour ceux qui se sont appauvris. Cette articulation est l'un des garants de la cohésion sociale. Actuellement le contenu de la croissance et du développement est inéquitable et déséquilibrés entre les régions et les catégories sociales. Dans des conditions extrêmes de dénuement, cette solidarité s'est estompée. Par suite d'une approche bureaucratique, des régions, particulièrement dans les zones montagneuses, elle a même régressé en matière d'accès à la santé, à l'éducation, au logement et à la solidarité spontanée s'est effacée devant l'Etat qui, par déviation bureaucratique n'a pas su résoudre le conflit inhérent et sous jacent à une économie de marché et s'est empêtré dans les exigences de la nécessaire politique économique financière et fiscale et cette même économie. (Voir affinement de la carte de la pauvreté Ministère de la solidarité) Le contexte de globalisation des économies, et plus récemment de graves crises financières et économiques mondiales, rend impératif cette action afin d'éviter d'amoindrir les efforts menés pour lutter contre la pauvreté et assurer un équilibre social en veillant à corriger la redistribution de la richesse. Face à ce nouveau risque, plus que jamais, la mobilisation et la détermination qui se sont manifestés, jusqu'ici, doivent être plus fortes que par le passé récent, concrétisant ainsi l'aspiration à une plus grande solidarité que la politique sociale est chargée de mettre en œuvre. Ce n'est qu'en visualisant les espaces de pauvreté par rapport à la moyenne nationale, que l'on peut mieux apprécier et évaluer les politiques menées en la matière à savoir : leur efficience et leur efficacité. Une première évaluation à partir des rapports pertinents du CNES, montre que cette politique ne satisfait ni un secteur privé ( dont la seule préoccupation est le risque de change et l'accès à la devise selon le schéma A ------M-----A'(à), dans lequel (à)' représente la part devise née d'une activité dont la pérennité n'est nullement assurée). La part des importations dans la balance commerciale est la preuve de la reproduction d'un système dont l'axe stratégique est mal connu. Un bref examen du budget des ménages, fait apparaitre une étroite corrélation avec la balance commerciale et détermine le poste importations. Les dépenses alimentaires représentent 58,22% du budget des ménages ; dont 25,46% pour les céréales, le lait et produits dérivés 13,68% les légumes secs 13,60%, les viandes 10,12%, les fruits et légumes 6,44% et 5,10% (16). Qu'en est-il de la structure des importations ? En 2011, les céréales constituent la facture alimentaire la plus importante de l'Algérie, avec 42,34% des importations de biens de consommation alimentaire. Les importations de blé par l'Algérie ont poussé à la hausse la facture alimentaire globale. Quant au sucre, il a connu une évolution de 178,59% passant à 151,36 millions de dollars contre 54,33 dollars à la même période de l'année précédente. Une hausse spectaculaire expliquée en partie par les différentes mesures d'exonération de taxes et de droits de douanes ayant touché le sucre blanc raffiné importé ainsi que les sucres roux. Une exonération décidée par les pouvoirs publics afin de stabiliser le prix du sucre sur le marché en dessous du seuil de 90 DA le kilo. Le groupe légumes secs et autres a également connu une croissance spectaculaire de 112,11% en atteignant 20,15 millions de dollars, contre 9,5 millions en juillet 2010, alors que le groupe lait et produits laitiers est passé à 91,96 millions de dollars contre 85,26 millions en juillet de l'année passée (7,86%). En revanche, les importations de café et de thé étaient les seules à avoir accusé une baisse de plus de 10%. Sur un plan plus global, les importations en produits alimentaires durant les sept premiers mois de 2011 totalisent un montant de 5,65 milliards de dollars contre 3,46 milliards durant la même période de 2010, soit une hausse de 63,5% (17). Faute d'une production suffisante, face à une demande sociale importante l'Algérie couvre la majorité de ses besoins alimentaires par ses importations. C'est là un constat d'utilisation des ressources pétrolières par l'Etat dans le cadre de la libéralisation des échanges commerciaux. " Que de choses dont je n'ai point besoin " disait Socrate devant l'échoppe d'un commerçant. La mondialisation du commerce des produits industriels et financiers conduit à s'interroger sur la logique de création de besoins sociaux (MASLOW). Car la libéralisation telle que la conçoit l'OMC aura dans l'avenir -si ce n'est déjà en place-, des effets sur la balance des paiements. Si l'on dépasse le raisonnement immédiat qui consiste à admirer béatement les bienfaits du libéralisme, il y a matière à réflexions et à critique radicale de ce qu'on appelle le " mode de production industriel ". Le passage à l'économie de marché s'est effectué sans aucun plan (18) ni au niveau macro économique ni au niveau de l'entreprise. En outre, le secteur d'état balloté par les restructurations successives dont il fait l'objet, par suite d'absence de vision économique de son rôle et plus par idéologie néolibérale, s'est vu détruit peu à peu. Il s'est transformé en friche industrielle offerte au " moins disant " ! Quant à l'investissement direct étranger (IDE) il se trouve qu'il ne connait que le secteur des hydrocarbures ! L'Algérie donne une image paradoxale d'un pays qui s'est donné en principe les bases institutionnelles d'une économie de marché libéralisée, sans transformation de ses bases d'accumulation lui permettant d'envisager une croissance durable hors hydrocarbures. Ainsi l'on notera qu'un marché financier intérieur a été créé, le cadre d'encouragement à l'investissement privé a été mis en place et amendé maintes fois, depuis 1993, en vue théoriquement de lever tous les obstacles à l'incitation à investir. L'Etat s'est fortement désengagé de l'économie en renonçant à tout investissement productif structurant et ou de relance économique depuis deux décennies, les régimes monétaires et du commerce extérieur ont été libéralisés. Mais la fiscalité et le système bancaire n'ont pas suivi jusqu'ici ce vaste mouvement. La déréglementation, pour l'instant, a eut deux principaux effets ; les capitaux privés s'orientent vers les secteurs spéculatifs à haut rendement immédiat tel celui de l'importation soit directement soit par reconversion d'activités. Les capitaux étrangers s'orientent vers le secteur des hydrocarbures. Le système de production national étant confronté à un double phénomène celui de l'obsolescence en raison d'une concurrence déloyale ou d'une hyper-compétitivité remettant en cause une production socialement utile. Que faut-il donc pour inciter à investir afin d'assurer une croissance et un développement durable ? L'investisseur recherche plus que des garanties institutionnelles. Il veut être à l'abri des pressions et tracasseries de son environnement des fluctuations au quotidien du bénéficiaire de son investissement. Cela nécessite " un climat " d'investissement financier stable et viable car l'investissement suppose un calcul de rentabilité et de rendement qui impliquent une stabilité. Dans tous les cas la clé est dans des institutions stables et transparentes et un Etat fort, responsable et compétent à même d'en garantir le respect par tous. En second lieu si l'on souhaite une croissance économique durable qui ne soit pas simplement le contraire d'une économie fondée sur un développement autocentré il y a lieu de créer les conditions économiques pour un investissement orienté vers la demande nationale à des conditions compétitives avec le marché international. Pour ce faire l'ensemble des opérateurs nationaux doivent avoir une appréhension exacte claire et solidaire de la dimension extérieure. Les marges de manœuvres sont étroites d'autant que le système national de production publique a été mis en panne depuis prés de deux décennies de réformes et que le secteur privé de production par suite d'instabilité de l'environnement s'est converti vers des activités plus commerciales. La dimension extérieure s'est aussi l'entrée dans la zone de libre échange avec l'Europe en 2010 et les obligations de l'OMC. Les effets de ces deux accords tiennent au poids de la compétition européenne sur le maigre tissu industriel national restant, qu'il soit privé ou public. La gestion ou la bonne gouvernance de cette dimension consistera à retirer un bénéfice touchant l'ensemble du pays et non seulement des îlots locaux ou sectoriels. Face à ces défis certains ont préconisé l'élaboration d'un Pacte National de Croissance susceptible de refonder le consensus social déstabilisé par l'économie de marché et l'ouverture commerciale. L'histoire économique récente des pays avancés montre que la croissance économique suppose une discipline sociale mais que les sacrifices consentis doivent avoir une contrepartie. Note : (9) Voir l'article du Professeur Chitour sur l'indicateur de " Bonheur national brut " (10) Voir C.A..PIGOU "The Economics Of Welfare" (11) C'est par la position de chacun sur la courbe des satisfactions que se détermine cette nouvelle répartition. (12) Voir John Rawls "A theorie of justice " (13) Amarya Sen "Collective Choice and Social Welfare (14) Travaux de la conférence nationale sur la pauvreté et rapports du CNES sur le développement humain (15) Sources ONS (16) Rapport PNUD/CNES sur le développement humain en Algérie 2006p40 (17) El WATANE du 25/08/11 commentaire d'un rapport duCNID (18) Le ministère en charge de la planification a été dissous en 1989 |
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