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Le nouveau
maréchal Abdelfattah Al-Sissi a raconté avoir vu le feu président Sadate lui
passer le flambeau de la destinée de l'Égypte. Il ne prononce pas le nom de
Hosni Moubarak mais ce dernier vient de le soutenir ouvertement en plus de ceux
qui le portent directement ou à travers le soutien logistique des mouvements de
jeunes entre autres Tamarrod et qui le font à sa place.
Il vante les qualités du maréchal Tantaoui et se dit être le produit de son adoption. Il glorifie les militaires qui tiennent près de 20 % de l'économie du pays, vivent en vase clos : ils ont leurs clubs, leurs écoles, leurs hôtels, leurs hôpitaux etc., se votent un budget gardé secret et prospèrent grâce au 1,3 milliard de dollars que les États-Unis leur versent chaque année depuis les accords de paix de Camp David avec Israël, en 1978.Le jeune maréchal dans toutes ses sorties publiques tente d'esquiver les événement qui détermineront l'Égypte de demain comme cette journaliste de 20 ans fauchée par une balle pendant qu'elle couvre une manifestation pacifique, ou ce bébé que vient de voir le jour dans un poste de police où était détenue sa mère pour avoir exprimer son opinion. Près de six cents condamnation à mort ont été prononcé par la justice dans des conditions dénoncées par les ONG du monde entier. Rappelons que l'évacuation des deux campements Rabia El Adawiyya et El Nahdha, le mercredi 14 août a selon le ministère de la santé égyptien, fait plus 638 mort, le vendredi d'après soit 23 août, ce chiffre est remonté à 811 pour boucler 1022 le vendredi 31 août considéré par la classe politique comme le moins sanglant. Selon ce même ministère, ce chiffre doit s'ajouter aux 846 morts du 25 janvier au 26 février 2011.Selon des indiscrétions recueillies par des amis (balancées sur Twitter) de certains responsables de rang de chercheurs qui ont accepté de participer au gouvernement da transition en Egypte, le trio Al-Sissi, Ahmed Ibrahim et Hazem El Beblawi respectivement Ministre de la défense, ministre de l'intérieur et l'ancien chef de gouvernement craignent énormément le retour de la légitimité. C'est la raison pour laquelle la gestion des membres du gouvernement se fait à la manière d'une omerta. A part ce trio, aucun des membres n'a le droit de s'adresser à toute personne étrangère à l'alliance qui a pris la décision encore une fois collégiale de disperser les deux maydeens. Tout membre qui d'une manière ou d'une autre se désolidarise de cette entreprise sera poursuivi pour haute trahison. C'est le cas d'El Baradei qui au lendemain de ces événements sanglants devait démissionner en évoquant des raisons de principes liées à son statut de prix Nobel de la paix. Comment se demandait-il dans sa lettre mon titre me permettrait-il d'être solidaire à une action de violence contre ce que je considère, des non violents ? Il est actuellement en fuite en Autriche mais reste en Egypte poursuivi pour haute trahison. Aujourd'hui, de nombreux mouvements politiques dont Hizb Eddoustour le réclament pour se porter candidat pour tenir tête non pas au maréchal mais au retour éminent à l'Égypte d'avant le 25 janvier 2011. Qui est justement ce nouveau zaim ? A-t-il les mains franches pour satisfaire les ambitions qu'il annonce ? Enfin l'Égypte peut-elle se réconcilier ? 1- Le maréchal Al-Sissi est un cas Ce qui est visible à l'œil nu est que l'Égypte est divisé en deux : Pour les uns, qu'importent les jours sanglants des neuf mois -, le général Abdel Fattah al-Sissi est le nouveau Nasser. L'homme providentiel que le pays attendait. Pour les autres, autour des Frères musulmans, c'est un général putschiste, auteur du coup d'État contre un président élu à la régulière, Mohamed Morsi. Ils lui ont déclaré la guerre «tant qu'il sera de ce monde». Celui-ci entend bien les casser. Derrière des Ray Ban aux verres foncés, se cache pourtant une personnalité complexe. le général Abdel Fattah Al-Sissi, 58 ans, devient le nouvel homme fort aux yeux de tous. Un nouveau raïs qui aime cultiver son mystère, un «homme de l'ombre», ex-chef des puissants services de renseignements militaires, dont Mohamed Morsi, le président islamiste élu le 24 juin 2012, avait pourtant fait un homme clé en lui confiant les forces armées. Il sait aussi soigner son image. Il fuit les journalistes et a interdit à ses proches de parler de sa vie familiale, mais ses portraits ornent les murs du Caire et les façades des administrations depuis qu'il a destitué Mohamed Morsi, il circule en vélo et se permet un bain de foule mais entouré d'un important dispositif sécuritaire. Il aime cultiver le culte de personnalité, pourtant, lorsqu'il avait été désigné par Mohamed Morsi en août 2012 pour prendre la tête de l'armée, les libéraux et la gauche nationaliste ont fait grise mine. Certains voyaient en lui un islamiste camouflé. Sa réputation de musulman pieux et austère et ses liens familiaux avec les Frères musulmans ont fait craindre plus qu'un. Un cousin de son père, feu Abbas al-Sissi, était une personnalité influente au sein de la confrérie inquiétait quelque peu. Un de ses cousins aurait d'ailleurs été tué lors de la terrible et sanglante évacuation par l'armée des islamistes de la mosquée Rabia al Adawiyya. Mohamed Morsi s'est lourdement trompé en lui confiant le ces corps de l'armée car il croyait avoir trouvé la personne idoine pour islamiser une armée dont les officiers supérieurs ont toujours été réticents vis-à-vis de la confrérie. Il avait certainement oublié qu'il était le patron des services de renseignements militaires sous Moubarak, il l'avait même chargé de traquer les islamistes au sein de l'institution militaire. En fait, Morsi et al-Sissi se connaissaient. Avant l'élection présidentielle qui porta l'islamiste au pouvoir, ils avaient été chargés de discuter, le premier pour les Frères musulmans, le second pour l'armée, des futures relations entre les deux grandes forces du pays, les centurions et la confrérie. C'est aussi paradoxale que cela puisse paraître mais C'est encore al-Sissi qui négocie le changement de génération des officiers supérieurs et la mise à l'écart en douceur de l'ancien chef d'état-major, le vieux maréchal Tantaoui qu'il déclare aujourd'hui son coach. C'est aussi Al-Sissi, et non le maréchal Tantaoui, qui rédige le télégramme de félicitations au nom de l'armée à Morsi au lendemain de son élection pour l'assurer la loyauté de cette dernière. Il a plaide devant les animateurs d'Amnesty International la légitimité des tests de virginité pratiqués sur certaines manifestantes arrêtées. Ils ont été ordonnés sur son insistance pour éviter que les militaires soient accusés de viol. Il est pratiquant et extrêmement religieux. Tewfik Aclimandos, un chercheur au Collège de France et spécialiste de l'armée égyptienne, et un fervent nassérien le qualifie de «culturellement islamiste», un nationaliste grand admirateur de Gamal Abdel Nasser, celui qui avait fait de l'Égypte le coeur du monde arabe. Le général al-Sissi rêve de retrouver ce passé mythique de la nation égyptienne. Sur le plan familial, il est né d'un père artisan et reste dès son jeune âge le plus énigmatique de ses trois frères et trois sœurs. Tous les membres de sa famille, selon des témoignages adoraient plaisanter et raconter des noktas, les petites histoires dont les Égyptiens raffolent, lui, n'était pas ce genre un taiseux, qui préférait écouter. On raconte même que, compte tenu de son autorité, on l'a appelé «le Général» depuis qu'il était enfant. Sur le plan professionnel, il vient d'être promu au grade de maréchal sans connaître la guerre. Il avait 2 ans en 1956, lors de l'expédition de Suez durant laquelle la France, la Grande-Bretagne et Israël envoient des parachutistes sur le canal, 11 ans lors de la guerre des Six - Jours, lorsque les Israéliens clouent au sol l'aviation égyptienne, et, 18 ans, lors de la guerre d'octobre 1973. Son parcours universitaire se fait sans faute jusqu'à ce qu'il dévoile en Pennsylvanie dans un mémoire de 13 pages sa vision de la démocratie au Moyen-Orient qui n'a aucune ressemblance avec celle occidentale. C'est à ce moment qu'il est capté par la CIA et les monarchies du Golfe. Dans sa thèse, il développe qu'aux premières heures de la démocratie aux États-Unis, la religion a joué un rôle important et a fondé les valeurs de la nation américaine. Au Moyen-Orient, l'approche n'est pas vraiment différente, excepté le fait que l'islam y est la religion dominante. Il est donc logique de présumer qu'une forme démocratique de gouvernement serait fondée sur ces croyances. Pour que Le grand défi est de savoir si le reste du monde sera capable d'accepter une démocratie fondée sur des croyances islamiques. 2-Plusieurs incidents ont montré ses divergences avec Morsi Dès novembre 2012, lorsque Mohamed Morsi, déjà en délicatesse avec les institutions judiciaires, prend un décret pour s'attribuer les pleins pouvoirs et que la rue s'enflamme en signe de protestation, le ministre de la Défense sort de sa réserve pour la première fois. Il propose que l'armée joue les médiateurs entre le pouvoir et l'opposition. Morsi accepte une table ronde et revient sur sa décision au dernier moment. Al-Sissi aurait pris ce refus pour un affront personnel. Plus tard, au mois d'octobre, lors d'un dîner pour commémorer la guerre de 1973 contre Israël, Morsi invite à la table d'honneur un des commanditaires de l'assassinat de Sadate. Al-Sissi est installé à la même table. Pour l'officier et pour toute l'armée, c'est une provocation. En privé, Al-Sissi éructe contre cet affront fait à l'armée, pour qui Sadate était un héros et toucher à ces symboles pour le général c'est la goutte qui fait déborder le vase. Il commence alors de jouer la carte de la désobéissance plus ou moins ouvertement. Ainsi, il négocie directement la fin de la grève des policiers. C'est encore lui qui fait livrer à l'université Al- Azhar du matériel de cuisine après un fait-divers qui a marqué le pays par un empoisonnement alimentaire de centaines d'étudiants. Il soigne ses troupes par une augmentation conséquentes des salaires et leur rénove les logements, et les casernes etc. En juin, quelques jours avant sa destitution, Morsi rompe les relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar el-Assad. Anti-islamiste, l'armée égyptienne se sent solidaire de l'armée syrienne. Le général al-Sissi réunit les hauts gradés, les chefs de corps d'armée, pour que soit prise la décision collective de destituer Mohamed Morsi. Il n'a aucun mal à convaincre ses pairs, déjà scandalisés par les négociations de Morsi, qui tente de régler lui-même le conflit territorial avec le Soudan, alors que le dossier est entre les mains des militaires depuis toujours. Main dans la main avec certains hommes d'affaires, l'institution militaire soutient et instrumentalise les jeunes de Tamarrod, qui vont obtenir en deux mois la signature de 22 millions d'Égyptiens qui demandent le départ de Mohamed Morsi .L'erreur du jeune général qui a été fortement encouragé par les medias privés est d'avoir sous estimer l'endurance de la confrérie dont les partisans ne quittent pas la rue, voilà plus de 9 mois. 3- Quelle est sa stratégie ? Dans son discours du11 janvier dernier, adressé au directorat chargé du moral des militaires égyptiens le général Abd el Fatah el Sissi s'est attelé à la refonte en profondeur des orientations religieuses. Il pointe du doigt cette principale bataille, et ce plus grand défi que le peuple égyptien doit relever. Il a souligné la nécessité de présenter une nouvelle vision et une compréhension moderne et globale de l'islam, en remplacement du discours immuable qui a cours depuis 800 ans. Il a dit aussi qu'il incombe à tous de se conformer au vrai islam, afin d'améliorer l'image de cette religion aux yeux du monde, attendu que l'islam est jugé à travers le monde, depuis des décennies, comme étant la religion de la violence et de la destruction, à cause des crimes commis faussement en son nom. Ainsi, isolé de part le monde, il cherche à rejoindre le club des «fighting terrorism». Il s'agit pour lui d'une nécessité absolue, car il y va de la survie de l'Égypte en tant que nation. Une vague sans précédente de violences organisée par les Frères musulmans l'a obligé de dissoudre la Confrérie et de la déclarer hors-la-loi en tant qu'organisation terroriste. C'est la première fois dans l'Égypte moderne que des muftis osent sacraliser un zaim comme on l'a fait pour Al-Sissi en le déclarant comme un don de Dieu. Ce qui fait dire à chercheur égyptien « l'inconscient collectif des Égyptiens est à la recherche d'un pharaon qui redonne à l'Égypte l'équilibre, l'harmonie et la paix, c'est la raison pour laquelle el Sissi, s'exprimant au nom des Égyptiens, parle de l'importance de la refonte en profondeur du discours islamique. » En effet l'Égypte musulmane a refoulé son passé pharaonique et chrétien, ce passé qui est aussi sa vraie nature remonte lentement à la surface et cherche à s'exprimer. Or il est fondamentalement incompatible avec l'islam, s'il ne l'était pas il n'aurait pas été refoulé. Comment se fait-il qu'un chef militaire se mêle d'un sujet qui ne relève pas de ses compétences? Si l'on se réfère au régime pharaonique, la réponse est simple : le pharaon dans l'Égypte ancienne n'était pas seulement le roi, il était également chef religieux et par le fait même intermédiaire entre ses sujets et les dieux égyptiens. Son autorité s'étendait sur tous les temples et sur tous les prêtres. Parce que l'Égypte renoue tranquillement avec sa vraie nature, son nouveau chef se trouve naturellement à assumer sa responsabilité morale de pharaon, car il s'agit bien de responsabilité morale, la civilisation de l'Égypte ancienne n'aurait pas duré plus de trois mille ans si l'institution pharaonique ne reposait pas sur des bases morales solides. El Sissi est convaincu que le peuple égyptien poussera un profond soupir de soulagement quand la version revue et corrigée de l'islam lui sera présentée. Le temps presse, l'Égypte doit se remettre en selle rapidement parce que sa survie est en jeu. L'islam tel qu'on le connaît est son principal handicap, l'islam doit changer en profondeur. C'est ce que le peuple égyptien désire au fond de lui-même et c'est ce que le maréchal a parfaitement compris. Reste à savoir si l'autre frange de la société lui laisse le temps de mettre en œuvre sa stratégie. Il sait parfaitement qu'un retour de manivelle y va de sa vie. 4- Comment la communauté internationale voit-elle la sortie de crise Ce n'est certainement pas en arrêtant un ou deux Syriens, un Afghan et même le frère du chef actuel d'El Qaida qu'on peut entraîner la communauté internationale dans le processus « Egypt fighting terrorism ». Croire ou faire croire cela c'est se leurrer. L'Egypte est historiquement un acteur clé dans la crise au Moyen Orient. Les services de renseignement du monde occidental connaissent au moindre détail ce qui se passe réellement en Egypte et surtout les tenants et les aboutissants de ces événements. La question de qui a servi de couveuse au terrorisme est-ce le wahhabisme ou les frères musulmans est un vieux débat d'école qui ne convainc personne y compris les égyptiens eux même. Donc le terrorisme international existe avec ou sans l'Egypte. Ils connaissent parfaitement la position de l'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, du Koweït et de la Jordanie vis -à vis du printemps arabe. Leur soutien au coup d'Etat militaire ne les étonne pas et surtout ne les trompe pas. C'est pour cette raison qu'elle recommande à l'unanimité des pays qui la compose la réconciliation nationale`au travers un dialogue inclusif et non exclusif. Pourquoi ? Et qui inclure ? D'abord le principal protagoniste : la confrérie des frères musulmans, c'est pour cela qu'il faudrait libérer ses leaders pour entamer ce dialogue. Ensuite la branche armée des Djihadistes, peut être que de cette discussion on comprendrait mieux leur motivation pour prendre les armes et leur poids réel dans la société égyptienne. Il se pourrait aussi que ceci n'a rien d'idéologique mais simplement lié à la marginalisation économique de la région du Sinaï de part sa position géographique névralgique au conflit Israélo ?Palestinien. Il est claire que les médias obéissent à ceux qui les commanditent et El Djazira ne fait pas exception donc elle ment comme mentent les chaînes nationales égyptiennes. Mais les citoyens égyptiens ne sont pas dupes comme le pensent ou le laissent croire certains. Un professeur d'université aujourd'hui, retraité et âgé de 75 ans confiait à un journal français que pour lui la bonne information, il la détient des chaînes nationales en utilisant un coefficient multiplicateur variant de 0 à -1 mais jamais au dessus de zéro et il corrige ce qu'il entend ou voit. Il cite comme exemple la guerre de six jours, il a fallu attendre le sixième jour lorsqu'il ne reste plus rien à cacher pour que les égyptiens apprennent leur défaite par les juifs. Plus le temps passe, plus l'alliance dite de la légitimité populaire s'isole et s'engouffre dans ses propres contradictions et croie uniquement à son propre discours basé sur l'unique principe « celui qui ne partage pas mes idée est mon ennemi ». Ce discours exclusif l'effrite progressivement. D'abord les frères musulmans, puis des figures de son propre rang comme El Baradei, Khaled Daoud, une grande partie des oulémas de la prestigieuses El Azhar, les journalistes, une partie de l'institution judiciaire et voilà maintenant des personnalités charismatiques. Est-il politiquement productif de s'attaquer à toute personnalité qui exprime une idée différente dans d'autres tribunes que celles égyptiennes et de l'accuser de complicité de déstabilisation avec le pays qui lui ouvre cette tribune contre l'Égypte. (El Qaradaoui, Khaled Daoud, Hatem Azam, Djouad et 17 autres.) * Consultant et Economiste Pétrolier |
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