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L'Algérie
importe, environ, soixante pour cent de sa nourriture. S'il y avait blocage des
ports algériens pendant un mois, beaucoup de secteurs rentreraient en crise et
les services cesseraient de fonctionner. S'il survenait un conflit de dimension
internationale, que vaudrait la souveraineté de l'Algérie face aux exigences de
producteurs étrangers de blé ou de farine ?
1ère partie Notre facture alimentaire a triplé de volume : elle est de l'ordre de 9 milliards de dollars ! Un cinquième seulement de la consommation de lait est produit localement (27 des 46 milliards de Dinars de subventions pour la filière sont destinés à la poudre de lait. Sur les marchés internationaux, le prix de la tonne de lait a augmenté de 60%, faisant grimper la facture d'importation d'un aliment qui pourrait être produit localement ! On a perdu des milliers d'hectares de terres cultivables cédées au béton (150.000 ha depuis l'indépendance, un petit peu plus selon le Ministre de l'agriculture) On a pris le temps de perdre aussi les agriculteurs, les métiers de la terre ; on ne trouve plus grand monde dans la campagne algérienne apte à réaliser un travail d'effeuillage des pieds de tomates, une opération de greffe ou de déchaussage de vignes, sans compter la perte de la culture levurière et l'aptitude à produire des semences. Avec tout ça, nos habitudes de consommation ont changé puisqu'on préfère, aujourd'hui, le blé tendre au blé dur, y compris dans nos campagnes, de plus en plus dépeuplées. En effet, les algériens vivent, majoritairement, dans le Nord du pays. Alger la blanche, conçue pour abriter 500.000 habitants, en accueille plus de 3.000.000, voire plus. Constantine chavire de monde et se balance au-dessous de ses gorges et de son rhummel. Annaba, Oran, Sétif et beaucoup d'autres villes encore, sont surpeuplées, étouffent de monde et sont noyées dans le marché de l'informel. A l'horizon 2025, nous serons quelques 46 millions d'algériens. L'exode rural, continue inexorablement son cycle, malgré les efforts menés en matière d'habitat, de reconstruction, de repeuplement de l'intérieur du pays, ravagé par les années noires du terrorisme. L'agriculture est en peine, la dureté des travaux, des revenus trop maigres pour des familles de plus en plus nombreuses, le diktat d'une administration locale omnipotente, bureaucratique, l'absence de petites manufactures, d'ateliers, l'école surchargée, ânonnante et lointaine, l'attrait de la ville, le cousin, le beau-frère, sont autant d'appels d'air et de motifs d'exode. La ville, le logement social, l'AADL drainent les masses rurales, suscitent des convoitises et font fructifier les affaires immobilières. Le passage vers une vie meilleure, trouve son sens dans le bidonville et le marché de l'informel. Quels plans de circulation nous faut-il, on va marcher et rouler les uns et les autres, pendant ce temps là, les concessionnaires continuent de se frotter les mains suite aux bonnes affaires qu'ils accumulent. Les enfants grandissent, réussissent peu ou prou dans leurs études, tournent mal pour certains ou, donnent le dos au pays, en attendant de le quitter, même clandestinement, vers l'autre rive de la méditerranée, qui fait rêver malgré la crise qui la frappe. Notre école est toujours sinistrée : nos enfants apprennent, beaucoup qu'ils ne comprennent. Pour ceux qui fréquentent l'université, ils se contenteront d'un label «enseignement supérieur», peu significatif au regard des lacunes qu'ils auront accumulé dans leur scolarité, dès le primaire, le collège et jusqu'au lycée. Peu importe, car en fin de compte, ces étudiants là seront gagnés par la certitude d'obtenir, quoiqu'il advienne, un diplôme à la valeur intellectuelle douteuse mais socialement monnayable, au prix de manifestations et autres sit-in, s'il le faut. Nous allons fêter le cinquantenaire de l'indépendance et deux algériens sur trois, ne connaissent la guerre que par les récits familiaux et les reportages redondants de la télévision nationale, sur les hommes et les maquis Ce qui était charnel pour les moudjahidines n'est plus qu'un ouï-dire pour les adolescents. Même nos joueurs de foot-ball ne chantent plus kassaman, pour ceux, du moins qui en connaissent, le premier couplet. On arrive progressivement à une impasse, plus qu'un conflit de générations, on doit faire face à des refuzniks et des rejetionnistes parmi nos enfants. Ils ne croient plus à rien. On donne l'illusion que les choses bougent mais, dans l'immobilisme généralisé, car le mécontentement gagne tous les secteurs et toutes les régions du pays y compris celles du Sud. Le fossé est en train de se creuser, davantage, entre ces jeunes et les générations au pouvoir, car ils estiment qu'ils n'ont pas eu la part de pétrole qui leur revient, ou les postes de travail qu'ils méritent. Ils veulent un travail et un logement, pour rattraper le temps perdu déjà. Ensuite ils aviseront. L'Etat est peut-être victime de son succès ou de son omnipotence. Il a construit des logements, ouvert des milliers de postes de travail et aujourd'hui il se trouve confronté à la double rébellion du social et des libertés publiques. Du social tout d'abord qui est dans le même temps soumis aux exigences économique de profit, de rentabilité et corrélativement, de grèves et de conflits sociaux. Des libertés publiques ensuite, qui font partie des acquis du peuple et qui en même temps alimentent le corpus des réformes que l'Etat s'est engagé à mener à terme. La politique, toutes les politiques suivies s'essoufflent en l'absence des vrais débats sur ce que doit être la projection du pays dans le mondialisme. Les réformes n'apportent pas de dividendes, du moins dans l'immédiat. On continue à ne compter que sur les hydrocarbures et Sonatrach n'en peut plus des coups qui lui sont portés, par ceux chargés, paradoxalement, de la faire prospérer et le pays avec. A ce propos, s'interrogeait un journaliste, quel regard, nous peuple d'Algérie, portons sur les épisodes scabreux de la politique intérieure française ? Il y a finalement beaucoup d'envie, non pas parce que nous manquons de scandales, d'autant plus que les nôtres sont énormes, mais c'est parce qu'ils sont vite étouffés, font l'objet de manœuvres dilatoires ou, sont laissés à l'usure du temps ou plus encore, ils sont utilisés par un clan contre l'autre. Tandis que là bas, ils sont portés sur la place publique et la justice s'en saisit, illico. En tous les cas, lorsque la glace du secret bancaire sera brisée, rien ne pourra alors être dissimulé aux algériens qui disposeront, de ce fait, d'outils juridiques adaptés, pour remonter la traçabilité de l'argent détourné, mal acquis et des fortunes auxquelles des complicités ont permis le passage aux frontières. Les Etats seront obligés de coopérer dans le cadre d'un nouvel ordre bancaire international, où l'argent public ne pourra plus franchir les frontières dans des valises et être placé dans des comptes off-shore. Pendant ce temps là, malgré les recommandations de FMI nous conseillant de varier nos investissements et de diversifier notre économie, nos exportations restent insignifiantes et notre production nationale n'est pas compétitive. Notre dinar n'est toujours pas convertible alors que les billets de 2000DA font florès au grand plaisir des corrompus et des adeptes de la chkara. Nous avons 1200 kms de côte marine, et nous manquons cruellement de poisson même si la sardine est disponible à 500 DA le kilogramme. Depuis des années, des décennies, on parle de relance du tourisme, on discute, on pérore d'assises en assises. En vain, les ministres se suivent et se ressemblent, dans l'immobilisme et le manque de vision. Aucun investissement sérieux, digne du nom n'a été entrepris depuis 1970, que du bricolage, malgré le potentiel du pays : une côte maritime à l'infini, le deuxième plus grand désert du monde, du soleil à volonté, la neige, les montagnes, les sources thermales. Et l'absence d'imagination ! Donner le secteur à n'importe quel voyagiste et il vous dira, franco de port, ce qu'il faut faire dans l'immédiat : 1-développer le tourisme domestique : thermalisme et balnéaire pour les algériens. 2-mettre le paquet sur le désert et le saharien et viser les étrangers. Point barre ! La culture, il vaut mieux passer. Le cinéma, il devient de plus en plus muet et les salles de plus en plus obscures de crasse et d'abandon. L'administration, incapable d'apurer le fichier électoral jusqu'à ce jour, budgétivore, est composée de ronds- de-cuir et de fonctionnaires férus de contrôle, autoritaires, bureaucrates et dépassés. L'Algérie est prise en otage par cette administration, élitiste, corporatiste, revancharde, promotrice de ses règlements et qui ne supporte pas que quiconque prenne de la puissance en dehors d'elle. Cette administration phagocytée par l'Enarchie, comme en France, avec les résultats que l'on connait en matière de mauvaise gouvernance et de corporatisme de mauvais aloi (walis épinglés et même poursuivis pour malversations) Cette administration qui gagnerait à s'engager beaucoup plus à former les élus plutôt que les walis, d'en faire des managers et de les libérer du carcan de leur tutelle et des finances et de la fiscalité locale qu'il faudrait revoir. Ils n'auront à rendre compte de leur bilan qu'à ceux qui leur auront conféré mandat, ou à la justice s'ils sont défaillants. Ses slogans, l'écoute, la proximité, le service des citoyens, redondants à souhait, font sourire y compris dans les rangs de ses commis les plus zélés. La communication officielle, quant à elle, prête plus à la propagande qu'à la volonté d'éclairer l'opinion sur ce qui la concerne. Les instituts de sondage ne sont pas pour demain, car la vérité fait peur. A suivre Note de lecture: Top dix des incivilités des Algériens. (Hamida Méchai) |
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