Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Si son produit n'a pas de patrie, l'artisan en a une, c'est son cachet». Mahatma Gandhi a laissé une phrase célèbre à l'humanité en disant que «si le communisme est mauvais, le capitalisme est pire». Au risque d'attirer le courroux des mauvais copieurs et des tenants opportunistes des stratégies, des modèles et de l'assistanat étrangers, nous dirons que si la stratégie des industries industrialisantes est mauvaise, la nouvelle stratégie (version 2007) est pire. Le mal algérien que nous vivons chacun dans sa chaire, le ras-le-bol de la jeunesse, cette bombe à retardement, malgré les signes avant coureurs, et grâce aux médias lourdes qu'a le pouvoir à son service, occulte, vernit en «tout va bien dans le meilleur des mondes» sont le fait des échecs successifs des stratégies inadaptées, voire antinationales, depuis l'indépendance à ce jour. Il n'y a de secret de polichinelle que pour les incrédules. Faisant table rase du passé, les pouvoirs successifs ont livré le pays telle une tête d'orphelin aux apprentis «coiffeurs» étrangers de tous bords où chacun y met du sien au mieux des intérêts stratégiques de son pays, à produire des modèles et des stratégies souvent périmés en les oblitérant de labels «made in Algérie» pour plaire à leurs alliés. On peut s'inspirer des modèles étrangers, mais pas de les copier intégralement. Jamais l'Algérie musulmane n'a connu autant de suicides, de corruption, de malversations, de fuites de capitaux, de drogués, de haraga, de «hogra» que ces deux dernières décennies. Le marché est contrôlé par l'informel à hauteur de 60%. Nous citerons entre autres, les fameux modèles, d'autogestion, des révolutions industrielle, agricole et culturelle, qualifiées par Benyoucef Benkhedda de désastre( cf. son ouvrage : la crise de 1962) du capitalisme d'Etat, le «modèle algérien de développement version Abdelhamid TEMMAR (élève de Debernis, concepteur de la stratégie des industries industrialisantes» du modèle de «production de substitution aux importations de «l'austérité pour un avenir meilleur» avec son fameux programme anti pénurie (PAP), de l'économie de guerre» de Belaid Abdesselam, etc., qui ont coûté au petit peuple de longues périodes d'austérité et de pénuries les plus insidieuses, pour un avenir qui n'est pas du tout meilleur, mais tragique, dramatique, triste, et incertain. Jamais l'Algérie musulmane n'a connu autant de suicides de corruption, de malversation, de fuite de capitaux, de drogués, de haraga, de «hogra» que ces deux dernières décennies. Le marché est contrôlé par l'informel à hauteur de 60%. Le modèle ou la stratégie, conforme à nos spécificités, globale ou par objectifs ne peut s'effectuer, répétons-le, que par les forces propres quel que soit leur niveau de compétences. Tous ces modèles et stratégies que nous venons de citer en rajoutant la «nouvelles stratégie industrielle» ont été élaborés en «circuit fermé» par une poignée de technocrates scientistes formés à l'école du FMI et de la banque mondiale, homologués par le pouvoir, assistés de leurs homologues étrangers pleins de théories abstraites mais, peu de pratique. Ces modèles et stratégies ont lamentablement échoués pour la raison simple : les compétences endogènes ont été occultées sinon totalement exclues de leurs élaborations. La version donnée par les technocrates mercantiles et sans état d'âme, est que les compétences nationales sont d'un nombre négligeable et peu qualifiées. La réalité est toute autre. Nos compétences ne sont pas associées, elles sont exclues pour les critiques et les contradictions objectives qu'elles portent sur les desseins que cachent ces modèles et stratégies qui consistent à faire perdurer l'Algérie dans l'éternelle période de transition, d'assistanat et de dépendance. Pour tout le respect que nous avons pour le professeur Hocine Benissaad, nous nous permettons de lui dire que l'Algérie n'a pas de modèle ou de stratégie que celui actuel, de la mauvaise gestion qui a généré et continue à générer le gaspillage, la gabegie, la corruption, le détournement des deniers publics. Loin de nous tout nihilisme au point de dire que rien n'a été fait dans notre pays, mais avec l'immensité des richesses humaines et matérielles dont il est doté par la nature. Des pays comme le Swaziland ou le Zimbabwé (les plus pauvres de la planète) peuvent se développer mieux que l'Algérie, si ces pays sont dotés d'un cinquième des mêmes ressources. De notre vécu, tous, les plans de développement économique que ce soit pendant la période de l'économie planifiée» ou de l'actuelle « économie de marché» sont confectionnés en vase-clos sans avoir associé ni les collectivités locales ni la société civile à plus forte raison les compétences nationales. Le problème n'est pas dans l'explication abstraite des modèles et des stratégies, mais réside dans la faiblesse pour ne pas dire l'absence d'une conscience nationale susceptible de prendre en charge le modèle ou la stratégie et à exécuter scrupuleusement et sincèrement les objectifs assignés. C'est là où se situe le noeud gordien du problème. Nous n'avons rien à reprocher aux modèles étrangers même au modèle fasciste. Le modèle socialiste est fait par des socialistes dans l'âme. Le modèle capitaliste est fait par des capitalistes convaincus. L'un et l'autre sont porteurs du progrès car ils émanent de la conscience nationale existante chez ces peuples. En d'autres termes, ces modèles et stratégies sont élaborés par des hommes qui croient profondément en leur patrie. Toute technique ou tout modèle n'est pas neutre. Les 22 pays les plus riches qui dominent actuellement le monde en accaparant 80% des richesses mondiales, sont devenus ce qu'ils sont grâce à l'éthique et à la déontologie dont leurs managers ou leurs commis d'Etat font preuve à conduire leurs économies dans la bonne gouvernance. Des exemples ne manquent pas en matière de veille, ou de vigilance dans la gestion du patrimoine et des deniers de l'Etat. La justice française a mis en examen l'ancien président Jacques Chirac, l'ancien Premier ministre Devillepin, et d'autres hauts commis de l'Etat par ce que les Français ont une haute conscience de la gouvernance et de leur patrie. En Algérie, les pouvoirs administrés par les opportunistes de tout acabit ont nagé et nagent encore dans les méandres de la mésaventure de la conscience nationale (cf. les damnés de la terre, de Frantz Fanon). La réussite d'un projet ou d'une stratégie est liée au facteur confiance en les propres forces. L'Algérien a perdu la confiance en son Etat et réciproquement depuis que le régime a commencé à étatiser les gargotes, les cafés et les bains maures ainsi que les échoppes des artisans en 1963. L'Algérien n'a même pas confiance en sa propre monnaie et il veut attirer les étrangers à investir dans son pays ? C'est un non sens. Le modèle ou la stratégie, conforme à nos spécificités, globale ou par objectifs ne peut s'effectuer répétons-le, que par les forces propres quel que soit leur niveau de compétences. Les 22 pays riches actuels, peut-on, nous citer un seul pays qui a demandé l'assistance d'un pays tiers pour se développer ? Gaston Berger éminent prospectiviste français disait: «il vaut mieux un mauvais plan où tout le monde participe qu'un plan parfait ou tout le monde est exclu». Compter sur les autres que soi, c'est aider à la recolonisation de soi. Aujourd'hui en tant qu'assistés nous y sommes. Quand on est commis de l'Etat, l'on doit être modeste et ne pas s'autoproclamer publiquement comme le meilleur talent que l'Algérie a la «chance» de posséder. Cela s'appelle «houhou yachkar rouhou». Les meilleurs sont les plus humbles qui laissent le soin à l'histoire de les juger. Dans l'élaboration de la nouvelle stratégie, «le chef cuisinier» n'a associé que 4 ou 5 cuisiniers de « renommée mondiale» triés sur le volet plus par des affinités idéologiques, pour préparer, un «banquet» à 600 convives septiques. Selon ces derniers, ils n'ont même pas accès à la préparation pour connaître les ingrédients qu'ils doivent avaler. En terme journalistique: «les assises ont réuni plus de 600 participants, mais en spectateurs» c'est-à-dire pour servir uniquement de fonds de commerce. Pourtant, ce n'est pas des cuisiniers nationaux de renommée ou de dimension internationale qui manquent à l'Algérie. Celle-ci rappelons le, est le 1er pays exportateur mondial de «Makhakh» dans le monde où les compétences partent d'une manière forcée. Comment admettre qu'un expert étranger soit payé en Algérie 1.000 euros/jour sans les perdiems, alors que l'expert indigène qui fait tout le travail est payé 250 euros/jour y compris les perdiems. Comment peut-on expliquer cela? , sinon de la matière première à bon marché. L'expert algérien est prouvé qu'il est plus compétent que l'expert étranger en se sens que l'expert algérien connaît parfaitement l'environnement économique national qui échappe à l'expert étranger. Venu dans le but de former l'expert algérien, c'est ce dernier qui forme l'étranger en lui inculquant les ficelles des pratiques locales. C'est évident, l'expert étranger a toujours une vision extérieure de la chose intérieure, donc erronée rappelons-le. Il y a une pléiade de cuisiniers algériens de haut niveau qui ont été occultés, sinon exclus de la préparation de la nouvelle stratégie. Ils ont été oubliés par ce que ces derniers ne cessent de critiquer la recette et demandent le changement total de la recette et des cuisiniers. Dans notre pays, il est devenu même une règle, lors qu'un citoyen quelconque se rapproche de la sagesse, de la réalité, il est traité de «mouchaouiche» (de dérangeant). Il est de ce fait mis sur «cale» ou limogé, s'il n'est pas emprisonné ou éliminé. La stratégie qui engage l'avenir de toute une nation exige la consultation de toutes les sensibilités. L'Algérie par les moyens matériels et humains dont elle dispose actuellement est capable de s'affranchir de toute aide extérieure. Elle est en mesure de se débrouiller toute seule et d'occuper même la place dans le peloton de tête des pays développés. Le Conseil National Economique et Social (CNES) version Salah Mentouri a fait état de 400 000 compétences formées par l'Algérie qui font actuellement le bonheur des pays qui par ironie du sort, l'Algérie toute honte bue sollicite leurs assistances. En Algérie, le modèle de démocratie est toujours à sens unique avec un président unique, un parti unique, une télévision unique, une assemblée populaire unique, un sénat unique, si bien que tout est devenu unique, cynique, comique et despotique...un pays étrange comme disait notre président de la république. A en croire la presse, à propos de la nouvelle stratégie, le ministre de la PME/ artisanat a dit que: le «chef cuisinier» a agit seul. Toujours selon la presse, le Premier ministre a dit d'une manière brutale «il y a beaucoup de «parlotte» et rien dans l'assiette». Quand on est commis de l'Etat l'on doit être modeste et ne pas s'autoproclamer publiquement comme le meilleur talent que l'Algérie à la «chance» de posséder. Cela s'appelle «houhou yachkar rouhou». Les meilleurs sont les plus humbles qui laissent le soin à l'histoire de les juger. Qui n'a pas apprécié l'autocritique faite dernièrement par le président de la république en disant: «nous nous sommes trompés, on a fait tout faux» ? Sans doute monsieur le président, vous n'avez pas besoin de défoncer les portes ouvertes. Sans doute ces faux managers qui nous gouvernent nous ont tout fait faux. L'aveu du premier magistrat du pays est de taille. Il reflète pour la première fois la réalité. On a fait une fausse route, une fausse école, une fausse université, une fausse agriculture, une fausse industrie, une fausse culture, un faux Etat de droit, une fausse justice, de fausses institutions administratives, législatives et judiciaires, un faux projet de société, en fin une fausse nouvelle stratégie industrielle. La folie des grandeurs, la mégalomanie, l'extravagance, dit-on, mènent à l'infinie grandeur et finalement à l'absurde, à la schizophrénie. Dans toutes ces contrefaçons qui faut-il incriminer ? Les institutions ou les hommes qui les gèrent ? Les faux sont les frères des opportunistes. Les entreprises sont gérées par des faux managers, de faux patrons. L'Etat est administré par des faux commis, les institutions élues par des faux élus. Tous les partis politiques sont des faux ou entachés de faux. En analysant les nombreuses contributions des universitaires et des praticiens parues dans la presse privée nationale et internationale (01) sur l'évolution de notre économie, l'opinion est unanime en disant que: «l'Algérie n'a jamais eu une vision claire de la politique globale de l'économie. L'Algérie n'a même pas des objectifs clairs». Il n'y a pas d'arbitrage même du temps de la «planification impérative». A noter que pour ceux qui se souviennent le ministère de la planification et de l'aménagement du territoire (MPAT) n'a joué le rôle que de «boite aux lettres». En analysant cette nouvelle stratégie industrielle, cela nous transporte dans les rêves «des mille et une nuit». Le réveil du Géant tel est le slogan choisi pour cet événement «zalt ou t'farâin». Il n'y a même pas un gramme de pudeur dans cette démagogie. Cette stratégie qui veut réveiller non pas le géant mais Ramsès se veut incarner l'esprit impérial de Napoléon avec des désirs inassouvis de Bokassa, nous promet des mégapoles, des technopôles, des pôles d'excellence avec des retombés d'une bureaucratie des plus monstrueuses, une centralisation outrancièrement rigide et finalement un totalitarisme et un militarisme pire que le régime nazi. La folie des grandeurs, la mégalomanie, l'extravagance, dit-on, mènent à l'infini grandeur et finalement à l'absurde, à la schizophrénie. Déjà, les actuelles SGP de dimension tout juste d'une PME américaine donnent du fil à tordre à nos experts de la république. Elles constituent autant d'obstacles qui non seulement ont détruit l'appareil de production mais les travailleurs en tant que force motrice de croissance. Le gigantisme comme trame de la nouvelle stratégie a été déjà responsable de la crise économique des pays industrialisés en 1970. Cette crise occultée par nos stratèges et nos talents de la république a sonné le glas du Fordisme, du taylorisme et du Stakharrovisme. Wall Street journal écrivait en 1974, ceci; «chaque jour de différentes façons, la grande entreprise apparait de plus en plus comme une espèce de dinosaure claudiquant vers son extinction. L'environnement culturel et politique devient plus hostile. L'adaptation naturelle devient toujours difficile, les modes de survie sont au-delà de la faculté d'imagination». Depuis 1980, les chercheurs économistes occidentaux ont affirmé que l'avenir est pour la PME/ artisanat qui sont porteuses d'un système post-Fordisme, flexible, décentralisé, d'entreprenariat, et rarement de salariat. De la même façon, que nos experts endogènes forment les experts étrangers, la PME/ artisanat apprend à la grande entreprise le sens de l'intérêt de la flexibilité pour décongestionner leur rigidité cause de sa récession. La réussite d'une stratégie est une question de technique et de tactique. En guerre, comme en économie, il est question d'intelligence éveillée C'est à dire de ruse. Le Viêt-Nam, ou l'Algérie qui en sont venus à bout des puissances de l'OTAN, américaine et française grâce à l'utilisation des petites unités mobiles décentralisées, d'une efficacité à toute épreuve appelée guérilla. Ford fondateur de la puissance économique américaine se redéployait en petites filiales autonomes. Chaque restructuration d'une grande entreprise entraîne des licenciements des milliers et des milliers de salariés. Partout dans les pays dit développés, les multinationales se filialisent, s'externalisent et se décentralisent et se délocalisent pour surmonter la crise de récession qui les frappent. Les économistes de ces pays n'ont pas démontré par démagogie mais par preuve à l'appui (ratios à l'appui) l'inefficacité de la grande entreprise. En dépit de restrictions causées sur le plan social, le gigantisme industriel a déraciné les hommes et les capitaux vers des métropoles, des mégapoles saturées. Ceux qui ont visité le Caire, Sao-Polo, Rio, Mexico, Bombay peuvent vous raconter la vie d'enfer que mènent les habitants de ces métropoles. La nouvelle stratégie industrielle élaborée exige que l'on déplace les hommes et les capitaux vers des pôles et des mégapoles dit d'excellence sans mesurer les conséquences néfastes que sont le déracinement, la déstabilisation, l'encasernement. N'est-il pas sage de déplacer les techniques vers les hommes au lieu du contraire ? J. Gravier, dans son livre «Paris ou le désert français» a donné à réfléchir aux décideurs français à redéployer leur économie sur l'arrière pays. Nos experts de la république veulent faire de l'Algérie: Alger et désert algérien. L'Algérie est déjà gagnée par le désert malgré le fameux barrage vert qui a coûté des moyens humains et matériels faramineux. L'option pour un super-ministère d'organisation et de gestion de la nouvelle stratégie à la manière du GOSPLAN de l'ex URSS, regroupant les acteurs de conceptions, d'exécution dénote une philosophie abstraite sans «queue ni tête». Au risque de nous répéter la nouvelle stratégie industrielle bâtie sur du sable mouvant non datée, non chiffrée, est comparable, en effet, au géant aux pieds d'argile. Les nostalgiques du collectivisme suggèrent même la création d'un organe centrale de planification et des industries industrialisantes. La nouvelle stratégie préconise la création des commissions de conception, de suivi, d'exécution pour stimuler la «réunionite» et l'absentéisme, comme si l'Algérie n'est pas bloquée déjà par ces phénomènes. Tout homme averti sait que lorsqu'un commis d'Etat ne veut pas résoudre le problème, il confie celui-ci à une commission. L'adage est dans l'esprit sage qui dit: «plus il y a du monde dans la commission, plus on rit» malgré les expériences malheureuses qu'ont eu nos concepteurs de la stratégie, ils continuent à avoir leurs têtes dans les nuages et l'Algérie avec. Bien sûr les stratèges en raffolent de l'aide étrangère. En axant la priorité sur les investissements directs étrangers (IDE). Ils considèrent que ces IDE constituent une solution de crise et un effet d'entraînement technologique et un plus à la performance de l'entreprise. Les industries industrialisantes étudiées, conçue et réalisées par le savoir-faire massivement importé clé en main et même produit en main sont d'un effet nul sur l'économie. Elles ont conduit purement et simplement à la désindustrialisation du pays et la tragédie nationale comme disait monsieur le président de la république Abdelaziz Bouteflika. Le contenu de la stratégie a conduit également à une dualité exacerbée entre la ville et la campagne. Ce que nous notons dans cette stratégie ni indicative, ni impérative et qu'elle ne présente ni l'échéancier ni plan d'action, ni les moyens à mettre en oeuvre pour sa réalisation. Doit-elle être encore réalisée clé en main ? Produit en main ou en mobilisant, où en faisant appel aux 400 000 techniciens nationaux qui vivent à l'étranger ? «Le chat échaudé craint le froid» dit-on. Ceux qui sont encore vivants actifs ou en retraite peuvent témoigner de l'histoire du complexe moteurs-tracteurs de Oued Hamimine(Khroub). Pour faire démarrer ce complexe, SONACOME, on a fait venir pur 70% de l'effectif d'encadrement des algériens de France en leur payant les frais de déménagement en leur offrant des logements souvent de 5 pièces dans la ville de Constantine. A la fin des années 70, ils n'en restaient aucun, tous ont regagné la France. Cet exemple ne nous détourne pas de l'analyse critique de la nouvelle stratégie, mais l'expérience reste à méditer. L'incapacité de définir une stratégie globale avec un tableau intersectorielle et interbranche, les concepteurs se retournent sur une stratégie sectorielle qui, encore une fois incite au gaspillage des ressources rares, à la lenteur des réalisations, au gonflement des structures en des dimensions extravagantes et la perversion des appareils de production et de gouvernance (administratifs et élus). Nous pouvons faire tout un ouvrage sur les tares de cette nouvelle stratégie démentielle. En marge de notre sujet, les statistiques mondiales sont unanimes pour dire qui à partir de l'âge de 70 ans, la démence, la maladie d'alzheimer, la fatigue, atteint presque 70% de cette population. A notre humble avis, pour diminuer les mauvaises notes de l'Algérie faites par les organismes non gouvernementaux ou internationaux dans tous les domaines, corruption, sécurité, développement humain, mauvaise gouvernance, droits de l'homme, de la femme même de l'enfant etc, notre économie globale en général et industrielle en particulier nécessite un redressement, un rééquilibrage profond. La stratégie crédible est celle qui est axée sur le développement de l'arrière pays. Cette Algérie profonde qui a tout donné et qui n'a rien reçu, restera toujours comme une boule dans la gorge de ceux qui ont détournés les objectifs tracés par les idéaux du 1er Novembre 1954. Les martyres n'ont pas besoin de fleurs, ni de discours sur leurs tombes, ni de servir de fond de commerce aux opportunistes. Ces martyrs de l'Algérie profonde désirent uniquement d'exhausser leurs vœux pour une Algérie d'égalité entre la ville et la compagne. Une stratégie du juste milieu n'est pas comme certains malintentionnés attribuent comme «cité de l'islam». Elle date de l'ère d'Aristote. Pour ce prestigieux philosophe, «les régimes tempérés sont à la fois les plus justes et les plus solides». «La bonne constitution, dit-il, se définit par le rôle que tire la classe moyenne dans la politique». Ce philosophe ancien disait: «que la classe moyenne est d'une part la plus nombreuse et sa participation au pouvoir garantie la solidarité, elle est, d'autre part, placé par rapport aux richesses dans un juste milieu entre l'opulence excessive et la pauvreté excessive, position modérée qui est la meilleure assurance de justice dans l'exercice de l'autorité politique». Abderrahmane Ibn Khaldoun où toute sa Moqqadima repose sur l'économie du juste milieu disait que « c'est l'injustice qui détruit la civilisation», le rééquilibrage que nous suggérons pour que cette stratégie reprenne la route conforme aux réalités spécifiques repose sur les objectifs suivants : 1.Première suggestion: la priorités de priorités doit être donnée à la PME et à l'artisanat, à la petite et moyenne agriculture, ces secteurs sont à la dimension des forces propres de l'arrière pays. Ils constituent des vecteurs de l'authentique développement durable, facteur de production et de redistribution des richesses et d'emplois à travers tout le territoire. La PME et l'artisanat constituent l'âme et l'arme des pays riches. Par leur petite dimension et leur gestion souple, elles rivalisent parfois avec les grandes firmes. Les classes moyennes et même riches des puissances mondiales préfèrent la petite voiture pour leur déplacement par ce qu'elle est facile à garer donc fonctionnelle. Le succès des Start-up de la Silicone-Vallée ou d'ailleurs en témoignent de l'engouement pour ce qui est «Small is beautiful». L'effort des pays riches à réajuster leurs économies par la PME et à l'artisanat et les pépinières d'entreprises, ajoute de la crédibilité à notre thèse. Alfred de Sauvy célèbre démographe français, dans son ouvrage «la tragédie du pouvoir » disait-que «l'abandon des métiers artisanaux n'est qu'un leurre fatal du régime capitaliste». L'artisanat est, selon Raymond Barre «l'école qui forme des «maestros» et des donneurs de travail à la source de l'exode rural». En modeste chercheur sur l'artisanat et la très petite entreprise (TPE) nous dirons sans démagogie aucune, que l'artisanat prépare du stade d'une société des hommes non qualifiés à celle des entrepreneurs qualifiés. 2.Une deuxième suggestion porte sur le choix et le développement des NTIC qui préserve un avenir autonome à l'Algérie. Le banc industriel que nous avons acquis dans les années 70, rouillé, en panne, doit être réanimé par les NTIC. Dans les pays riches, l'industrie, l'artisanat et la PME s'appuient sur les NTIC d'où leurs performances qui défient toute concurrence. L'informatique n'est l'apanage d'aucun pays. Au même titre que l'artisanat et la PME, elle est créatrice et donneuse de l'emploi à toutes les catégories socioprofessionnelles sans distinction. Nous devrons nous rendre à l'évidence que chacun de nous est incompétent dans plusieurs domaines. Des exemples abondent dans ce sens. Nous avons observé un analphabète, sur toute la ligne, qui manie son mobil phone de la dernière génération avec dextérité en se branchant à l'internet. Il y a par contre des professeurs universitaires âgés qui ne savent qu'en former un numéro et dire simplement : allo ! André Danzin, ingénieur polytechnicien français et président du comité européen de recherche et développement disait: «c'est dans la société de l'informatique que l'Europe qui risque la décadence retrouve sa véritable renaissance». L'informatique permet une véritable révolution sociale de la société en ce sens qu'elle engendre de grandes mutations dans tous les secteurs de l'économie nationale. 3.Une troisième suggestion consiste à axer la stratégie sur la décentralisation qui libère les initiatives et la liberté d'entreprendre. La décentralisation réhabilite nos valeurs spécifiques, d'entraide, de coopération et d'entreprenariat, de l'éthique et de la déontologie, de l'attitude chevaleresque de la parole donnée. Le retour à la décentralisation par les pays riches dénote l'impasse dont se trouve leur développement inégal qui s'explique par l'engorgement des villes, des coûts de fonctionnement de plus en plus difficile à supporter et la dégradation des mœurs. L'Algérie musulmane de coeur doit éviter ces erreurs des stratégies étrangères et à se pencher sérieusement sur un développement «rouleau compresseur» appuyé sur la décentralisation en recourant à des technologies intermédiaires, à la stratégie régionale (planification) à des programmes d'auto assistance pour revitaliser la vie villageoise. La décentralisation stimule la capacité d'innovation, de créativité, et la recherche des techniques propres à mettre fin à l'infantilisme de l'assistanat étranger. A l'extérieur, il n'y a pas d'amis. Tout le long de notre vie, nous n'avons jamais vu un pays qui a recours à l'aide étrangère, figurer dans la nomenclature des pays hautement développés. Tous ces pays «aidés» sont à genou devant les puissants. Nous savons que nous allons attirer les esprits mal intentionnés en disant de quoi peut s'enorgueillir l'Algérie « aidée» depuis l'indépendance pour rester au même stade de dépendance si non la plus exacerbée où 90% de ses besoins sont importés et que 96% de ses recettes proviennent de la rente pétrolière. Que représente 500 ou 600 millions d'USD d'exportations hors hydrocarbures sinon 2 ou 3% du total des exportations. Uniquement pour l'exportation de l'artisanat, nos voisins, le Maroc et la Tunisie, chacun en tire 2,5 à 3 milliards de dollars US/ An. Ces chiffres que nous avons utilisé sont affichés dans les tableaux statistiques du FMI, de la banque mondiale et de tous les pays qui s'intéressent au marché algérien. 4.La quatrième proposition consiste dans l'accent à déployer en matière de formation permanente (ou continue) au créneau supérieur en vue de rompre avec l'université classique conservatrice qui produit actuellement plus de diplômés chômeurs que des compétences à l'encadrement de l'économie. Cette université préconisée doit être souple ouverte au monde et non sur le monde du travail. L'exemple des universités anglo-saxonnes doivent servir d'exemple à cette réforme. En d'autres termes cette université différente de l'ancienne, se présentera comme un instrument de libre entrée, à l'acquisition du savoir à ceux qui ont une intelligence dormante, à suivre le cursus supérieur, mais pour une raison ou une autre de leur vie, ils n'ont pas eu la chance de faire leurs études. 5. La cinquième suggestion porte sur la nécessité de multiplier les « mariages » (les rapports) entre les universités, les centres de recherches, les associations professionnelles et les entreprises en vue de promouvoir intensivement la recherche développement dans tous les secteurs économiques. L'université doit vivre de l'entreprise et vis-versa et non de l'Etat providence. Il y a lieu de rappeler que quelles que soient les périodes des « vaches maigres» ou «fastes», l'université algérienne a toujours tourné le dos à l'entreprise et vis-versa. Penser à faire des pôles d'excellences, c'est franchement du délire. Depuis 47 ans de développement, les pouvoirs publics n'ont pas réussi à concilier les deux entités, soudainement, par une baguette de Sidna Souleyman on projette de réussir par miracle des complexes intégrés de la science, du savoir, de l'intelligence et de la production sous une seule gouvernance. 6. La sixième suggestion concerne l'école. L'action doit viser la remise en cause en profondeur du système éducatif actuel. Partant du fait que c'est l'éducation scolaire qui fait sortir l'individu de l'ignorance vers le savoir et en fait l'homme de demain, la réforme doit, en plus des principes moraux que sont le civisme, le savoir-vivre et la protection de l'environnement, doit intégrer le travail productif et l'informatique dans l'éducation afin de briser le mur entre la théorie et la pratique. « Quand la main travail l'esprit réfléchit », disait Daway, célèbre sociologue américain de l'éducation. 7. La septième suggestion concerne les investissements où la préférence sera donnée aux capitalistes nationaux. Les investissements directs étrangers doivent être sélectifs. Ne seront admis que les investissements productifs, ceux qui développent l'industrie du savoir, enfin les investissements qui permettent à l'Algérie d'entrer dans le progrès. Ces investissements doivent justifier de leurs rentabilités économique et financière. La stratégie des industries industrialisantes a échoué par ce que l'Etat patron à l'époque n'a pas tenu compte des ces critères. Dans la nouvelle stratégie, la non-estimation des coûts, l'élaboration mercantile dont elle fait l'objet induit un coût qui dépasserait largement trois fois le montant des réserves de change dont dispose actuellement le pays. 8. La huitième proposition porte sur l'arrêt progressif du pompage du pétrole dont la durée de vie, selon les experts est au maximum de deux décennies. A moyen terme, cette matière perdait de sa valeur, puisque les USA, le Brésil et d'autres pays riches axent leurs efforts de recherche pour remplacer le pétrole par des énergies nouvelles et renouvelables. Les résultats de ces recherches sont d'ors et déjà probants. 9. La neuvième proposition porte sur la priorité à donner à la mission de contrôle du patrimoine, des projets étatiques réalisés ou en cours de réalisation d'une manière apriori ou postériori pour endiguer la corruption, la malversation, virus qui gangrène l'économie et la société. Pour cela, la Court des Comptes doit être dotée des mêmes prérogatives que la Cour des Comptes française. 10 . La dixième suggestion ; celle-ci doit porter sur la moralisation de l'Etat et de ses institutions. Sans le respect, la confiance entre les gouvernants et les gouvernés, il n'y a pas de projet économique possible. Actuellement l'Algérie est l'un des pays les plus productifs de lois. Mais ces lois sont moins respectées par ceux qui les ont produites et ceux qui sont sensés les appliquer. Répétons-le : les gérants des pays riches ont le sens de la mesure et respectent la chose publique. 11. La onzième proposition porte sur la problématique de l'informel et de l'économie souterraine : la stratégie doit intégrer les capitaux du secteur informel dans l'économie nationale au moyen de l'amnistie fiscale à condition que ces capitalistes investissent dans les secteurs productifs. Nous savons qu'il est plus facile de déplacer les montagnes qu'agir sur le coure des hommes. La tâche est certes ardue, pour passer du comportement de fumeur à celui de non-fumeur. La génération de 70 ans et plus qui gouverne (mal) actuellement le pays, se trouvent dans la fuite du temps et de la proximité de la mort. J.J.Rousseau dans les « rêveries du promeneur solitaire » disait « la jeunesse est le temps d'étudier la sagesse, le vieux est le temps de la pratiquer ». Il est criminel de gaspiller le peu de temps qui nous reste dans rêveries, les désirs de richesses, de gloriole ou des plaisirs. Tous ces errements doivent laisser place à la sagesse. Cette sagesse réside dans la rupture totale avec l'initiation des schémas extérieurs ou à l'allégeance aux pouvoirs extérieurs et de revenir à la prise de conscience nationale celle qui consiste à compter sur soi-sur, nous-mêmes. L'histoire de l'Algérie qui est faite sur une montagne de martyres, interdit de continuer à trahir leurs idéaux pour les quels ils se sont sacrifiés. Même si l'Algérien quel que soit le niveau de responsabilité et où il se situe, oublie, l'histoire, elle, n'oublie pas et ne pardonne pas. La sagesse consiste à prendre le pouvoir sur ce qui nous est propre, c'est à dire de réfléchir, d'élaborer des stratégies conformes à la raison, à nos valeurs, aux valeurs de nos ancêtres. Les principes affirmés dans la déclaration du 1er novembre 1954, la plate-forme de la Soummam, du programme de tripoli, dans toutes les chartes et constitutions depuis l'indépendance, de combattre l'injustice, les inégalités régionales situent le contexte de cette longue et modeste réflexion. Aussi il ne suffit pas d'écrire il s'agit de trouver une oreille attentive pour remettre la stratégie industrielle à la dimension humaine, œuvre déterminante dans laquelle chaque algérien participe, et ait droit au travail, à la créativité et à la dignité. C'est de cette manière que l'Algérie profonde répondra encore une fois au rendez-vous de son histoire, à construire son indépendance économique par ses propres forces. Cette série de suggestions apportent une valeur ajoutée à cette nouvelle stratégie en la débarrassant de ses effets pervers et disfonctionnels pour la remettre sur les rails d'un développement indépendant et durable recherché. Ses suggestions sont moins couteuses et simple à réaliser. Elles suscitent sans doute l'enthousiasme de tous les Algériens et algériennes à l'effort national de développement. La réussite de cette stratégie autocentrée exige qu'elle soit encadrée par un Front de Libération de l'Economie Nationale de toute Assistance et Dépendance Extérieures (FLENADE). * Enseignant universitaire en retraite ; Consultant en économie de l'entreprise. 1. Ce travail, quelle que soit sa valeur a été réaliser grâce aux contributions des universitaires, des praticiens, et des journalistes nationaux, parues dans la presse nationale indépendante. Sans les citer par leurs noms, qu'ils trouvent ici toute notre gratitude. (*) Elément de la génération de Novembre 1954 ; Ancien commis du MPAT ; |
|