Les
détenteurs de fonds inactifs, qui constituent le solde d'argent en circulation
hors des circuits bancaires, ont-ils repris confiance dans le système bancaire
? On peut mesurer cette confiance placée dans les banques à travers les
derniers chiffres communiqués par le ministre des Finances, Laaziz
Faïd, qui a affirmé, jeudi dernier, lors d'une
Journée d'information sur l'inclusion financière et l'épargne, organisée par
l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers
(ABEF), qu'une hausse avait également été enregistrée en termes de comptes
épargnes qui ont atteint 12 millions à fin 2023, d'un montant total de plus de
3.600 milliards de DA. «Ces chiffres sont encourageants par rapport aux années
précédentes, grâce aux efforts colossaux consentis par l'ensemble des
établissements financiers en vue de promouvoir la qualité des services aux
niveaux requis», a indiqué le ministre. Des chiffres qui incitent à croire que
l'Algérie est sur la bonne voie pour remporter sa bataille contre l'argent en
circulation hors des circuits bancaires. L'amélioration des services bancaires
a donné des «résultats encourageants» en matière de renforcement de la
couverture bancaire par rapport aux années précédentes, en consécration de
l'inclusion financière, et ce, grâce aux efforts des établissements financiers,
comme l'a souligné le ministre dans son intervention, comme un aveu qu'il reste
encore beaucoup à faire dans ce domaine. D'autres chiffres de la Banque d'Algérie
montrent, en effet, que la bataille en question est loin d'être remportée. Dans
sa note de conjoncture relative aux tendances monétaires et financières de
l'économie algérienne au cours des neuf premiers mois de l'année 2023, la
Banque d'Algérie a révélé que la circulation fiduciaire hors banques s'est
accrue de 8,6% par rapport à la même période de référence. Et la note
précédente fait un constat similaire, relevant que « la circulation fiduciaire
hors banque a connu une hausse, légèrement plus importante que celle
enregistrée l'année précédente, avec un taux de croissance de 10,14% en 2022
contre un taux de 9,35% en 2021 ». Des chiffres qui confirment une emprise
importante du secteur informel sur l'économie nationale. Faut-il attendre la
fin de l'année en cours et le début de l'année 2025 pour sonder les nouveaux
taux de circulation fiduciaire hors banque pour s'assurer d'un renversement de
la vapeur en se fiant à cette tendance à la hausse des comptes d'épargnes ? La
finance islamique a certainement un rôle important en matière de canalisation
de la circulation fiduciaire hors banques, mais il s'agit de trouver d'autres
moyens afin de rétablir la confiance des clients dans le système bancaire,
notamment à travers l'amélioration du service marketing, la numérisation (qui
avance assez bien) et l'amélioration des services, notamment sur le plan des
transferts et des retraits de grosses sommes d'argent.