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Le secteur
libéral va certainement être amené à jouer un rôle crucial dans la lutte contre
l'épidémie prévisible du coronavirus qui risque de sévir, soit directement en
dépistant à temps les cas suspects afin de les isoler et les orienter
correctement, soit indirectement en déchargeant les établissements hospitaliers
qui vont subir une pression grandissante des autres pathologies dont la prise
en charge pourra entraver les efforts de lutte contre ce fléau et, enfin, en
accueillant les nombreux malades qui refuseront d?y aller vers les hôpitaux par
crainte fondée de possibles contaminations.
L'afflux aux services des urgences reléguera au second plan la prise en charge des autres pathologies courantes en dehors des urgences vitales et cela aura certainement des répercussions sur l'activité des cabinets. Oublié par les différentes politiques sanitaires, le secteur libéral ne pourra faire maintenant totalement face à une telle situation qui le dépasse malgré la bonne volonté. Certains médecins ont déjà reçu à leurs cabinets des notes émanant de la DSP (direction de la santé) leur intimant l'ordre de poursuivre leurs activités, toutefois, sans en prendre des mesures concrètes pour les encourager à poursuivre leur devoir dans des conditions minimales de sécurité, d'abord pour ce qui est de leur propre protection. Il existe une pénurie de masques FFP2, de bavettes, de gel hydroalcoolique, de gants, de surblouses à usage unique; les médecins se trouvent à les quémander auprès d'officines et autres commerces dont certains ont trouvé l'occasion pour en spéculer au moment où dans les autres pays, on organise des campagnes de dons en faveur des professionnels pour pallier au manque. Le personnel assistant sans lequel aucun médecin ne pourra accomplir ses tâches, infirmier-e-s réceptionnistes, femmes de ménage ne pourront pas pour beaucoup se déplacer vers leur lieu de travail en raison de la suspension totale et sans distinction des moyens de transport et en l'absence de solution de remplacement proposée, ce qui rendra impossible pour beaucoup de médecins d'assurer l'accueil et la prise en charge des patients. Ces salariés du secteur privé ne semblent pas aussi être pris en considération par les mesures prises par les autorités au profit de leurs collègues du secteur public en matière d'indemnités en cas d'absence ou d'impossibilité de rejoindre leurs postes, ces aléas ne pourront pas être à la seule charge de l'employeur qui, en guise de réparation, devrait bénéficier d'allègement des charges fiscales ou sociales pour pouvoir y contribuer de son côté. Pour le médecin libéral qui prend des risques avérés en se rendant à son travail, il n'est prévu aucun mécanisme compensatoire en cas de confinement pour contamination bien qu'il soit à jour de ses cotisations sociales. Pris entre l'enclume et le marteau, le ton est alors donné à travers les pages dédiées dans les réseaux sociaux où la majorité a, semble-t-il, fait son choix et décidé de fermer leurs cabinets si tous ces problèmes ne sont pas résolus et afin surtout d'éviter de se faire contaminer ainsi que son personnel et d'être la source d'une diffusion du virus. Le médecin libéral doit bénéficier d'égards et d'un minimum de compensation car s'il a des devoirs à remplir, il doit bien en avoir en retour des droits qui lui permettent d'exercer sans la hantise de devoir payer chèrement son engagement au cas où il ne pourra assumer la continuité des soins pour cause de maladie. Et ce n'est nullement un prétexte pour fuir ses responsabilités envers ses concitoyens comme tentent de le faire croire certaines publications qui émanent même de la part de confrères zélés donneurs de leçons, alimentant au mauvais moment des compagnes de dénigrement et jetant en pâture les médecins libéraux représentés comme des charognards à l'affût du seul gain ! Une idée bien ancrée malheureusement dans l'esprit de petits cerveaux revanchards. Certes, les médecins ne sont pas tous des anges, c'est d'abord des humains avec leurs qualités et leurs défauts, mais croyez-le bien, la majorité ont gardé leur esprit éthique et de discernement et ne peuvent être loin des inquiétudes légitimes de leurs malades. Les médecins libéraux sont au contraire prêts comme ils l'ont toujours été à apporter leur contribution active dans la prise en charge des malades dans ces moments difficiles et si certains par dépit et crainte pour leur vie et celle de leurs famille sont prêts à renoncer à leur unique gagne-pain, c'est qu'on n'envoie pas un soldat à la bataille sans armes pour se faire harakiri ! le médecin est conscient que dans les circonstances actuelles sans le minimum requis, non seulement il sera inefficace mais il contribuera à aggraver l'épidémie en transformant son cabinet en un milieu de culture du virus qui n'épargnera alors personne. Et sans attendre de conseils paternalistes, voilà que dès l'annonce des premiers cas dans le pays, ils sont très présents dans les différents forums spécialisés inaccessibles à la population où ils s'échangent continuellement les idées et les propositions pour trouver le juste milieu qui permet de répondre aux doléances des malades et tente d'éviter que leur cabinet ne devienne un lieu propice à la contamination et à la propagation de la maladie en raison surtout de l'absence de moyens de prévention et de protection; une vérité bien réelle et non un sauf-conduit pour se démarquer de leurs devoirs imposés par l'éthique de la profession. Et en l'absence totale à ce jour de recommandations spécifiques de la part des autorités sanitaires ciblant les cabinets, les médecins privés tentent de reproduire et d'adapter à notre contexte celles préconisées en Europe qui nous devance dans la cinétique de la propagation du Covid-19 et dont on doit s'inspirer pour gagner du temps dans cette course effrénée avec le virus. Ils essayent aussi de revoir les modalités de leur exercice en adaptant les horaires, en exigeant la prise de rendez-vous pour éviter la promiscuité dans les salles d'attente et en assurant pour certains des conseils et consultations téléphoniques non rémunérées. Mais tous ces efforts doivent trouver un répondant car avec toute la bonne volonté, on ne peut s'attendre à la réussite de cette stratégie si elle n'est pas soutenue par les appareils d'Etat et même en assurant le minimum nécessaire pour la protection personnelle, ce qui en pratique est encore loin du compte et des promesses faites au SNML (le Syndicat national des médecins libéraux) pour la fourniture à travers un réseau de pharmacies des masques pour les médecins privés et afin de faciliter l'orientation des malades suspects, c'est-à-dire ceux qui présentent des signes d'infection par le Covid-19 et les empêcher ainsi d'aller directement aux cabinets ou bien dans les services des urgences où ils représentent un risque potentiel de contagion. Il faudrait mettre en place d'autres procédures pour contenir la circulation du virus avec, entre autres, la création de toute urgence comme cela a été préconisé dans un précédent article à la mise en place rapide de structures dédiées au tri; ces structures ont été pour la plupart facilement érigées dans les pays européens et en Chine en camp de toile où des médecins équipés et bien protégés recevront ces malades orientés et feront la part des choses en décidant soit de maintenir le malade dans le confinement chez lui dans certaines conditions ou bien de l'hospitaliser ou enfin de l'orienter. Il est inopportun à l'heure où tout le monde doit conjuguer ses efforts pour enrayer la dissémination du virus de provoquer gratuitement à l'égard des médecins libéraux la furie des citoyens très susceptibles, anxieux et ne disposant pas de toute l'information nécessaire car, qu'on le veuille ou pas, le secteur libéral fait partie de l'arsenal indispensable et apte à assumer pleinement ses responsabilités sans pour autant essayer de le mettre devant un choix cornélien; l'offrir à la vindicte populaire ou à la cruauté du virus. *Docteur |
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