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![]() ![]() ![]() ![]() Hassiba Benbouali, l'étoile ardente de la
bataille d'Alger
Elle était une flamme, et cette flamme ne s'est jamais éteinte. Elle brûle encore dans la mémoire d'un peuple, dans l'écho des ruelles sinueuses de la Casbah, dans le vent qui caresse les collines d'Alger. Hassiba Benbouali, étoile incandescente de la révolution, n'a vécu que vingt ans, mais son nom résonne à jamais dans l'épopée d'un peuple insurgé. Née pour défier l'oppression, elle n'a pas courbé l'échine devant l'injustice. Elle aurait pu choisir la douceur d'une vie ordinaire, mais son cœur battait au rythme du fracas des chaînes coloniales qu'il fallait briser. Aux côtés de Larbi Ben M'hidi, de son frère d'armes Ali la Pointe, du petit Omar, messager des âmes libres, elle a porté le feu sacré de la révolte jusque dans les ruelles de la Casbah. La révolution fut son chant d'amour, sa prière et son dernier souffle. Au creux des nuits fiévreuses d'Alger, sous l'ombre des arcades blanches et des balcons fleuris, elle cousait des rêves d'indépendance en tissant des fils de courage et de sacrifice. Elle n'était pas seulement la combattante, elle était la sœur, la mère, la fille de cette Algérie insurgée, belle et indomptable. Le vent de la liberté Dans les venelles de la Casbah, entre les murs usés par le temps, Hassiba avançait avec une sérénité ardente. Elle transportait les bombes comme d'autres portent des fleurs, non pas par goût de la violence, mais par nécessité d'éveil. L'ennemi ne comprenait pas : comment une jeune femme, douce et instruite, pouvait-elle embrasser la lutte avec une foi si inébranlable ? Mais Hassiba, comme ses compagnons, savait qu'il n'y avait pas d'autre chemin que celui de la dignité. Le 8 octobre 1957, cernée par l'armée coloniale dans une cache de la Casbah, Hassiba Benbouali, Ali la Pointe, Hamid Bouhamidi et le petit Omar devinrent des étoiles. Les paras français, ces brutes vêtues d'uniformes, pensaient qu'ils allaient capturer des révolutionnaires. Mais la révolution ne se capture pas. La révolution explose, se disperse, s'infiltre dans les cœurs et les âmes. Une détonation secoua Alger, et les murs tremblèrent comme sous l'impact d'un séisme. Sous les gravats de la maison soufflée par l'explosion, le corps de Hassiba reposait. Mais son esprit, lui, s'éleva, porté par le vent d'une liberté qu'elle avait arrosée de son sang. Hassiba, éternelle lumière Aujourd'hui encore, son nom vibre dans l'air d'Alger, dans les murmures du vent qui danse sur les toits de la Casbah, dans les chants des enfants qui apprennent son histoire. Elle n'est pas morte sous les décombres, elle s'est transformée en feu sacré, en souffle d'insoumission, en promesse d'éternité. Les révolutions enfantent des légendes, et Hassiba Benbouali est de celles qui ne meurent jamais. Elle est la braise qui rougit sous la cendre, prête à embraser les cœurs dès qu'un vent d'injustice se lève. Son nom est gravé dans la pierre et dans le ciel, dans les livres d'histoire et dans la mémoire du peuple. Elle était une flamme, et cette flamme ne s'est jamais éteinte. Hassiba Benbouali, l'éclat du sacrifice Au pied des monts de l'Ouarsenis, là où la terre respire l'orgueil des ancêtres et où les oliviers murmurent aux étoiles les récits des héros disparus, naquit Hassiba Benbouali. Issue d'une famille aisée de Chlef, elle aurait pu suivre la voie du confort et des promesses d'un avenir paisible. Mais son cœur, forgé par l'amour de la patrie, battait au rythme de la révolte qui enflammait l'Algérie. Loin des illusions d'une existence protégée, elle choisit la clandestinité, les nuits d'angoisse et l'odeur de la poudre, préférant la lutte à la soumission, l'honneur à la servitude. Les sœurs d'armes, les «Djamilets» Dans la ferveur de la bataille d'Alger, Hassiba rencontra d'autres lionnes, ces femmes au regard incandescent et à la détermination sans faille. Les «Djamilets» -Djamila Bouhired, Djamila Boupacha, Zohra Drif- toutes unies par le serment du sacrifice, par la certitude qu'une nation ne naît que dans la douleur de l'engagement. Elles étaient les filles de l'Algérie insurgée, les sœurs du maquis, les gardiennes de la dignité. Elles la savaient jeune, Hassiba, la plus jeune parmi elles, et tentaient parfois de la préserver du danger. Mais comment protéger une étoile déjà brûlante, un feu déjà consumé par l'idéal ? Toujours la première à répondre à l'appel, toujours en avant lorsque l'ombre menaçait, elle incarnait la jeunesse intrépide d'une révolution qui refusait de plier le genou. Le choix du destin Engagée dans la guérilla urbaine, Hassiba devint une ombre insaisissable dans les rues de la Casbah, déposant la mort entre les mains de ceux qui semaient l'oppression. Elle ne tuait pas par haine, mais par nécessité. Chaque bombe posée était une parole lancée contre l'injustice, une réponse à la torture, aux exécutions sommaires, aux larmes des mères en deuil. Le 8 octobre 1957, encerclée avec Ali la Pointe, Hamid Bouhamidi et le petit Omar, elle vit son destin s'accomplir sous les murs de la Casbah. L'armée française, croyant arracher à la révolution son âme, fit exploser leur refuge. Mais on ne détruit pas une idée, on ne réduit pas en poussière une foi aussi ardente. Sous les gravats, elle rejoignit les martyrs, laissant derrière elle un cri immortel : celui de l'Algérie libre, debout, éternelle. Hassiba, l'étoile inextinguible Dans le ciel d'Algérie, là où le jour se lève avec la promesse des aubes nouvelles, brille encore le nom de Hassiba Benbouali. Elle n'a pas vieilli, elle n'a pas disparu. Elle est dans les chants des femmes qui ont célébré la victoire avant même que la guerre ne s'achève, dans les regards fiers des jeunes filles qui marchent libres dans les rues d'Alger, dans le vent chaud qui caresse les cimes de l'Ouarsenis. Hassiba ne s'est pas éteinte. Elle s'est levée dans la lumière du sacrifice, illuminant à jamais le chemin de ceux qui refusent l'oppression. Hassiba Benbouali, flamme immortelle et héritage victorieux Son combat n'a pas été vain. Son sang versé sous les gravats de la Casbah n'a pas été un sacrifice stérile. Il a irrigué la terre d'Algérie, nourri ses racines profondes et donné naissance à une nation qui ne pouvait plus ignorer l'héroïsme de ses filles. L'Algérie indépendante, forgée dans le feu et la douleur, s'est souvenue de celles qui, comme Hassiba, ont défié l'oppression en bravant la mort. À l'aube de cette liberté conquise, les dirigeants du pays n'avaient d'autre choix que de reconnaître le rôle fondamental de la femme algérienne. Parmi eux, Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, porta une vision claire : l'émancipation des femmes passera par l'éducation. Lorsqu'on lui demanda comment libérer la femme algérienne, il répondit avec la sagesse d'un révolutionnaire qui savait que la véritable indépendance ne se gagne pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans l'esprit des peuples : «La seule voie, c'est l'école. L'instruction donnera la liberté à la femme». L'école, un nouveau champ de bataille Là où Hassiba et les combattantes de la guerre avaient affronté les balles et les tortures, les générations suivantes allaient mener une autre bataille, tout aussi décisive : celle du savoir. Malgré les défis immenses -la reconstruction d'un pays meurtri, les crises économiques, les résistances conservatrices- les femmes algériennes n'ont jamais reculé. Elles ont investi les bancs de l'école comme d'autres avaient investi le maquis. Elles ont compris que la plume pouvait prolonger la lutte là où le fusil s'était tu. Et elles ont remporté la bataille. Aujourd'hui, elles sont majoritaires parmi les 12 millions d'écoliers et lycéens, et représentent plus de 60% des deux millions d'étudiants qui peuplent les universités du pays. Là où hier elles étaient interdites de parole, elles sont aujourd'hui enseignantes, chercheuses, médecins, magistrates, diplomates. Elles ont conquis l'espace public, imposé leur présence dans des secteurs où elles étaient jadis absentes. L'héritage de Hassiba : une victoire sans retour Là où l'on pensait que les femmes resteraient en marge, elles se sont imposées avec une force irrésistible. Dans l'éducation et la santé, elles sont la majorité. Dans la magistrature et la diplomatie, elles sont une force incontournable. Plus encore, elles se sont taillé une place dans des domaines qui semblaient inaccessibles : les services de sécurité, l'armée, l'entrepreneuriat, l'industrie, l'agriculture. Elles dirigent des entreprises, innovent, bâtissent, rêvent et réalisent. Hassiba Benbouali, Zohra Drif, Djamila Bouhired, et tant d'autres n'ont pas combattu en vain. Leur engagement a tracé un chemin que plus rien ne pourra effacer. Si elles ont défié l'ennemi avec des armes, leurs héritières d'aujourd'hui défient l'histoire avec leur intelligence, leur ambition et leur persévérance. Le cri de la Casbah en octobre 1957 n'a pas été étouffé par l'explosion des bombes. Il résonne encore dans chaque réussite d'une femme algérienne. Hassiba n'a pas vécu pour voir l'Algérie libre, mais l'Algérie libre porte en elle l'âme de Hassiba. Elle était une flamme, et cette flamme brûle encore. |