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Agression contre Ghaza: Plus de 100 martyrs en 24 h

par Mohamed Mehdi

Au 137e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, correspondant au 111e jour depuis le début des incursions terrestres, le nombre de victimes a atteint 29.195 martyrs et 69.170 blessés, a indiqué mardi le ministère Palestinien de la santé sur son compte Telegram. La même source a précisé que durant les précédentes 24 heures (la journée de lundi), les bombardements de l'armée d'occupation ont commis 9 massacres faisant 103 martyrs et 142 blessés.

Hier, mardi, l'aviation, l'artillerie et les navires de la marine de guerre israéliens ont bombardé Khan Younes, le camp Nuseirat, le quartier Al-Zaytoun, et la ville de Ghaza. L'Association du Croissant-Rouge palestinien a annoncé que l'armée d'occupation a bombardé l'hôpital Al-Amal de l'association à Khan Younes, au sud de Ghaza.

Toujours à Khan Younes, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté hier aussi le martyr d'un Palestinien victime de balles de tireurs d'élite israéliens dans la ville d'Abasan Al Kabira, à l'est de la ville de Khan Younes. La même source a ajouté que les corps de 7 martyrs et 17 blessés ont été transférés depuis hier lundi à l'hôpital européen à l'est de la ville de Ghaza.

Le bombardement du camp de Nuseirat dans le centre de la bande de Ghaza a fait 7 autres martyrs et des dizaines de blessées, affirme encore le journaliste d'Al Jazeera.

Lundi, au moment où l'armée d'occupation affirme être "proche" d'accomplir ses opérations à Khan Younes, sans citer de résultats autres que les bombardements qui ont fait des dizaines de martyrs, de violents affrontements entre les combattants de la résistance Palestinienne et les troupes sionistes ont été signalées dans plusieurs régions de l'enclave de Ghaza. Le correspondant d'Al Jazeera a confirmé que la résistance palestinienne était engagée, hier, dans de violents affrontements avec l'armée israélienne, soutenue par les bombardements de l'aviation, à l'est du quartier d'Al-Zaytoun, au sud de la ville de Ghaza. Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Mouvement de la Résistance islamique (Hamas), ont déclaré de leur côté que leurs combattants menaient des "combats acharnés contre les forces d'occupation au sud du quartier de Zaytoun, dans la ville de Ghaza".

Al-Qassam a ajouté avoir ciblé deux chars "Merkava" avec des obus "Al-Yassin 105" au sud du quartier de Zaytoun, ajoutant que plusieurs hélicoptères de israéliens ont été dépêchés pour transporter les morts et les blessés lors de ces affrontements.

Citée par Al Jazeera, la 14e chaîne israélienne a rapporté que des soldats sionistes ont été "pris dans une embuscade à Khan Younes", lundi, après avoir été ciblés avec un obus RPG dans une maison dans laquelle ils étaient stationnés. L'attaque menée par la résistance palestinienne a conduit à l'incendie de la maison et des soldats qui l'occupaient, ajoute la même source.

Toujours selon Al Jazeera, l'armée israélienne "a reconnu la mort d'un soldat de la Brigade Parachutiste suite à des blessures subies il y a quelques jours lors de combats dans le sud de la bande de Ghaza". Cela porte à 575 le nombre de soldats sionistes abattus lors des combats depuis le début le 7 octobre 2023, indique Al Jazeera.

L'armée israélienne a également annoncé hier que "46 officiers et soldats ont été blessés lors de combats dans la bande de Ghaza au cours des dernières 24 heures (journée de lundi), portant à plus de 3000 le nombre de ses blessés depuis le 7 octobre.

Des patients évacués de l'hôpital Nasser assiégé

Le ministère de la Santé à Ghaza a indiqué hier dans un communiqué publié sur Telegram que 18 patients avaient été évacués le jour même du complexe médical Nasser vers des hôpitaux de campagne.

La même source a ajouté que 118 autres patients se trouvaient toujours à l'intérieur du complexe Nasser, indiquant que la situation à l'intérieur de cet hôpital, que les forces israéliennes ont transformé en base militaire, est au-delà du catastrophique et constitue une menace directe pour la vie du personnel et des patients, selon le communiqué.

Le ministère a indiqué que le personnel médical et les patients ne disposent pas d'électricité, d'eau, de nourriture, de lait pour les nourrissons, ni d'installations d'oxygène et de moyens médicaux appropriés pour les cas difficiles.

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, hier, avoir réussi à évacuer 32 blessés, dont des enfants, dans un état critique, de l'hôpital Nasser de Khan Younes, alors que les hostilités se poursuivent. L'organisation a précisé qu'au moins 15 médecins et infirmières se trouvaient encore à l'intérieur de l'hôpital totalement aux mains des israéliens.

L'OMS a exprimé ses craintes pour la sécurité des patients et des personnels de santé restés sur place.

Des ONG dénoncent le blocage des aides alimentaires par Israël

Mardi, le directeur régional des médias de l'UNICEF pour le Moyen-Orient a déclaré à Al Jazeera que "90% des enfants de l'enclave de Ghaza souffrent de malnutrition". L'intervenant a ajouté que "l'aide n'avait pas atteint le nord de Ghaza depuis plusieurs semaines", exigeant que "tous les points de passage vers la bande soient ouverts".

Le même responsable a averti que si la situation sur le terrain ne changeait pas, notamment en ce qui concerne l'entrée des aides humanitaires, "nous allons assister au pire".

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a annoncé hier la cessation des livraisons d'aide au nord de la bande de Ghaza. De son côté, le responsable des affaires humanitaires de l'ONG "ActionAid", Ziad Issa, a déclaré à Al Jazeera que l'organisation avait tenté à plusieurs reprises d'apporter de l'aide dans la bande de Ghaza, mais qu'Israël avait refusé.

Le même intervenant a confirmé que les médecins de Ghaza informaient l'organisation que des enfants mouraient en raison du manque de médicaments, mettant en garde contre une augmentation du taux de malnutrition due à l'absence d'aide humanitaire.

Pour l'ONG Oxfam, il y a matière à être très inquiets en raison du fait que les "épidémies qui se propagent à Ghaza sont difficiles à contrôler". Hadeel Qazzaz, porte-parole d'Oxfam, a déclaré, mardi, à Al Jazeera que "la famine règne à Ghaza en l'absence d'une aide suffisante".

"Il existe une propagation d'épidémies difficiles à contrôler dans l'enclave assiégée. Il n'y a pas de produits alimentaires", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, selon Al Jazeera, citant des médias sur place, des tirs de snipers et d'obus de chars ont ciblés des Palestiniens qui attendaient l'entrée de camions d'aide humanitaire à l'ouest de la ville de Ghaza, confrontée à une grave crise de famine. "Les forces d'occupation ciblent à plusieurs reprises la population de Ghaza qui attend des camions d'aide humanitaire dans diverses zones de la bande, faisant des dizaines de morts et de blessés", ajoute la même source.

2e jour des audiences de la CIJ

Hier, s'est déroulé au siège de la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye le deuxième jour des audiences publiques sur les "Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d'Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est", qui ont vu les plaidoiries des pays suivants : Arabie saoudite, Algérie, Afrique du Sud, Canada, Pays-Bas, Bangladesh, Chili, Brésil, Belgique et Bolivie.

Lors de son plaidoyer, prononcé au nom du groupe des juristes algériens, Ahmed Laraba, Professeur en droit international et membre de la Commission du droit international à l'ONU, a déclaré : "L'Algérie est profondément convaincue que l'impunité est la première loi des oppresseurs. Notre fonction est de leur dire qu'il y a une loi et que celle-ci doit être respectée et que ce n'est pas une loi de vengeance, mais de justice".

M. Laraba a dénoncé "les politiques et pratiques sionistes en Palestine occupée qui violent les règles fondamentales des droits humains", appelant les instances internationales compétentes à sommer l'entité sioniste de mettre un terme à cette situation qui se "détériore" de plus en plus ces derniers mois. Ajoutant que "les autres Etats sont tenus de ne pas reconnaitre comme licite la situation créée et ne doivent pas porter assistance" à l'entité sioniste".

Outre Me Laraba, le groupe de juristes algériens est composé de l'experte dans les questions des droits de l'homme et vice-présidente de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP), Mme Maya Sahli Fadel. De son côté, le représentant de l'Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice a déclaré que les "attaques israéliennes dans la bande de Ghaza sont plus horribles que le régime de l'apartheid" et que "les auteurs des crimes israéliens doivent être tenus pour responsables et rendre des comptes". Ajoutant que les Palestiniens "doivent être autorisés à exercer leur droit à l'autodétermination". Pour le représentant de l'Arabie saoudite, les actions d'Israël montrent qu'il "n'a pas l'intention de parvenir à une paix". Quant à l'équipe juridique des Pays-Bas, elle a déclaré devant la Cour internationale de justice (CIJ) "qu'Israël ne peut pas exercer sa souveraineté sur le territoire palestinien, ni annexer un territoire occupé". "Une puissance occupante ne peut pas déporter ou transférer une partie de la population du territoire qu'elle occupe, ce qui constitue un crime de guerre", affirme un des représentants de l'équipe qui rappelle que "le droit à l'autodétermination s'applique aux peuples sous occupation".