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Ghaza: Stratégie génocidaire d'Israël

par Mohamed Mehdi

Lundi, le nombre de victimes de l'agression israélienne contre Ghaza s'est élevé à 28.985 martyrs et 68.883 blessés, a annoncé le ministère de la Santé. La veille, l'armée d'occupation a commis 13 massacres, faisant 127 martyrs et 205 blessés dans plusieurs villes de l'enclave assiégée.

Le bureau des médias du gouvernement à Ghaza a déclaré aussi que l'armée d'occupation avait bombardé 29 maisons au cours des dernières 24 heures (journée de samedi), faisant des dizaines de martyrs.

Les conditions de vie à Ghaza se détériorent davantage. La faim touche plusieurs centaines de milliers de personnes dans le nord de l'enclave, alors que ceux du centre et du sud ne vivent pas une meilleure situation.

Hier, dimanche, l'OMS a officiellement déclaré hors service le complexe médical Nasser de Khan Younes, après plus de trois semaines de siège par l'armée sioniste, des bombardements de plusieurs services, l'arrestation de membres du personnel, et une évacuation forcée des malades, des blessés et des milliers de déplacés qui y ont trouvé refuge.

Hier, l'armée d'occupation a bombardé avec la même intensité des précédents jours plusieurs régions et quartiers de l'enclave de Ghaza.

Le bombardement qui a visé le voisinage d'une école abritant des centaines de personnes déplacées dans la ville d'Al-Qarara, au nord-est de Khan Younes, dans le sud de Ghaza, où l'occupation continue de cibler les déplacées, a fait 2 martyrs et plusieurs blessés, selon un correspondant d'Al Jazeera.

La même source a confirmé le martyr de 3 Palestiniens et de plusieurs personnes blessées dans un bombardement qui a visé la maison de la famille Hamad dans la région d'Al-Zawaïda au centre de la bande de Ghaza.

Toujours dans le centre de Ghaza, des raids de l'armée d'occupation ciblant une école abritant des personnes déplacées à l'est de Deir al-Balah, ont fait plusieurs blessés.

Dans la ville de Ghaza, un bombardement israélien a également visé une maison dans le quartier de Sheikh Radwan, faisant des martyrs et des blessés.

A Rafah, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, hier, que des navires de guerre israéliens ont bombardé la côte de la ville, à deux reprises dès les premières heures de la matinée, après des bombardements d'artillerie qui ont touché le sud et l'est de la ville au milieu de la nuit.

Le Croissant-Rouge palestinien a confirmé hier que l'artillerie de l'occupation israélienne a bombardé le troisième étage de l'hôpital Al-Amal à Khan Younes, au sud de Ghaza. Cet hôpital, affilié au Croissant-Rouge, est soumis depuis plusieurs semaines à des attaques répétées de l'occupation, entraînant la mort de dizaines de personnes.

Par ailleurs, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un bombardement israélien qui a visé une maison de la rue Mansoura, à l'est du quartier de Shujaiya, dans la ville de Ghaza, a fait 2 martyrs et plusieurs blessés.

Al Jazeera a également rapporté que des dizaines de personnes ont été victimes, samedi, d'un bombardement israélien qui a visé 10 maisons dans diverses zones du centre de l'enclave de Ghaza. Selon la même source, dans le bombardement de l'une des maisons ciblées, qui appartenait à la famille Hamad, dans la zone d'Al-Zawaïda, on ne compte pas moins de 13 martyrs et des blessés, en majorité des femmes et des enfants, alors que des dizaines de corps étaient encore sous les décombres.

Des images partagées dimanche par Al Jazeera montrent les corps des martyrs entassés dans la cour de l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, à Deir Al-Balah, dans le centre de Ghaza, après que l'armée d'occupation a intensifié ses bombardements aériens et d'artillerie sur les maisons du gouvernorat central, rendant insuffisantes les capacités de la morgue.

Les hôpitaux de Ghaza agonisent

Les attaques répétées de l'armée israélienne contre des établissements hospitaliers font partie de la stratégie génocidaire de l'entité sioniste de paralyser les services de santé à Ghaza pour un maximum de victimes et pour pousser la population à quitter l'enclave.

En quatre mois et demi, les bombardements contre les hôpitaux ont fait plus de 200 martyrs parmi le personnel médical à Ghaza.

Selon les dernières évaluations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), seuls 11 des 36 hôpitaux de Ghaza fonctionnent partiellement : 5 dans le nord et 6 dans le sud.

Samedi, le directeur général de l'OMS a déclaré que l'hôpital Nasser, de Khan Younes, le deuxième plus grand hôpital de Ghaza, n'était «plus fonctionnel» après des semaines de siège et de bombardements israéliens meurtriers.

Hier, le Croissant-Rouge palestinien a confirmé que l'occupation israélienne a bombardé avec de l'artillerie le troisième étage de l'hôpital Al-Amal à Khan Younes.

Hier également, le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al-Qudra, a déclaré dans un communiqué que l'armée d'occupation israélienne a transformé le complexe médical Nasser en caserne militaire et l'a mis totalement hors service.

«L'occupation a placé le personnel médical pendant de longues heures dans le service de la maternité, leur a attaché les mains, les a battus et les a déshabillés», affirme le communiqué cité par Al Jazeera.

Al-Qudra a ajouté qu'il «ne reste plus que 25 membres du personnel médical au complexe médical Nasser» qui «ne peuvent pas traiter les cas nécessitant des soins cliniques extrêmes», précisant que le médecin des urgences a été également arrêté et qu'il n'y a donc aucun praticien pour suivre les cas critiques.

Le communiqué ajoute que des dizaines de patients dans l'incapacité de bouger ont été également arrêtés. «Alors qu'ils étaient sur des lits de l'hôpital, les soldats les ont placés sur des civières militaires, les ont placés dans des camions et les ont emmenés vers une destination inconnue, mettant ainsi leur vie en danger», ajoute la même source.

«L'arrêt de l'oxygène à l'hôpital Nasser, en raison de la coupure d'électricité, a entraîné jusqu'à présent la mort de 7 patients (un 8e est décédé deux heures plus tard, ndlr), et l'on craint la mort de dizaines de cas graves», a ajouté Al-Qudra.

«Trois femmes, dont un médecin, ont accouché au complexe médical Nasser dans des conditions désastreuses et dangereuses, dont le manque d'eau, de nourriture, d'électricité et d'hygiène», alors que les «eaux usées inondent les services d'urgence du bâtiment Al-Taraha du complexe médical», ajoute la même source.

Citée par Al Jazeera, la Société de radiodiffusion israélienne a confirmé, hier, que le service de renseignement militaire a enquêté avec le directeur de l'hôpital Nasser, Dr Atef Al-Hout, lors du siège de l'hôpital, ajoutant que son arrestation n'avait pas encore été décidée.

L'Algérie présente une résolution de cessez-le-feu immédiat

L'Algérie a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir ce mardi 20 février pour voter un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Ghaza. La mission algérienne aux Nations unies a distribué vendredi aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution amendée, exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza, pour des raisons humanitaires.

Le projet de résolution «refuse le déplacement forcé de la population civile palestinienne», demande l'arrêt de cette «violation du droit international» et la «libération de tous les otages».

Les Etats-Unis ont menacé samedi de bloquer une nouvelle fois un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» à Ghaza. Après des semaines de discussions, l'Algérie, qui avait lancé cette initiative après la décision fin janvier de la Cour internationale de justice appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de «génocide» à Ghaza, a demandé un vote pour mardi matin, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Pour l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, le texte soumis au vote pourrait «aller à l'encontre» des négociations diplomatiques en cours en vue d'une trêve incluant de nouvelles libérations d'otages.

«Pour cette raison, les Etats-Unis ne soutiennent pas» un vote sur ce texte et «si on en arrivait à un vote sur le projet actuel, il ne serait pas adopté», a-t-elle mis en garde, menaçant clairement d'un veto.

Malgré le risque d'un nouveau véto américain, l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, avait, il y a quelques jours, insisté pour un vote. «Nous pensons qu'il est grand temps désormais pour le Conseil de sécurité d'adopter une résolution sur un cessez-le-feu humanitaire», a-t-il plaidé, estimant avoir été «plus que généreux pour donner plus de temps».