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Agression contre Ghaza: Des ONG internationales appellent à un cessez-le-feu immédiat

par Mohamed Mehdi

Depuis le 7 octobre 2023, le nombre de victimes des massacres israéliens à Ghaza s'est élevé à 28.858 martyrs et 68.677 blessés, a indiqué samedi un communiqué du ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a ajouté que l'occupation sioniste a commis «9 massacres, faisant 83 martyrs et 125 blessés», lors de la journée de vendredi.

En 133 jours depuis le début du génocide à Ghaza, l'armée sioniste a commis 2.500 massacres, tuant 12.660 enfants, 8.570 femmes, 340 personnels de santé, 130 journalistes et 36 secouristes, parmi les 28.858 martyrs dont les corps ont été enterrés.

Parmi les 68.677 blessés, au moins «11.000 sont des cas graves nécessitant un transfert à l'étranger», a expliqué le ministère de la Santé à Ghaza.

A Ghaza, il y a aussi «10.000 cancéreux, 700.000 patients atteints de maladies contagieuses, 350.000 malades chroniques, 8.000 cas d'hépatite A, 60.000 femmes enceintes en situation de danger, notamment en raison de la famine et du manque de prise en charge médicale.

Après 133 jours de bombardements intenses de l'armée israélienne, l'état du secteur de la santé à Ghaza est, sans doute, le plus catastrophique au monde : 31 hôpitaux et 53 centres de santé ont été mis totalement hors service, 152 établissements sanitaires fonctionnent partiellement, et 124 ambulances ont été détruites par les bombardements et les tirs d'artillerie.

Au 133e jour de l'agression sioniste, au nord de Ghaza, pas moins de 400.000 personnes souffrent de grave famine, alors qu'à Rafah, au sud de l'enclave, s'entassent 1,4 million de personnes dont plus de 1 million de déplacés.

Dans sa stratégie génocidaire, Israël, que les pays occidentaux considèrent comme une démocratie, bombarde, assiège, et occupe des hôpitaux, ses tireurs d'élite tirent sur des déplacés au sein des hôpitaux.

Et au 133e jour, les Etats-Unis d'Amérique, «grand» défenseur et promoteur de la démocratie, des libertés et de la paix dans le monde, s'opposent toujours à un cessez-le-feu permanent et immédiat à Ghaza et ferment les yeux sur le blocage de milliers de camions d'aide humanitaire bloqués à la frontière de l'enclave. Mieux, l'administration du président Joe Biden se prépare à livrer davantage d'armes à son protégé et agent dans la région du Moyen-Orient.

Des familles entières décimées

Samedi, l'aviation et l'artillerie de l'armée israélienne ont bombardé plusieurs villes au nord, au centre et au sud de Ghaza.

A Khan Younes, qui est sous les feux intenses depuis plus de trois semaines, un bombardement qui a visé une maison dans la ville d'Al-Qarara, au nord-est du gouvernorat, a fait au moins 5 martyrs et plusieurs blessés, a rapporté, hier, un correspondant d'Al Jazeera.

La même source a également fait état de 5 martyrs de la famille Massoud retrouvés après le bombardement de leur maison dans la ville de Ghaza, précisant que 6 autres membres de la famille étaient toujours sous les décombres.

Les forces d'occupation israéliennes ont bombardé avec des tirs d'artillerie les zones sud et est de la ville de Deir al-Balah, dans le centre de l'enclave, ainsi que le quartier de Cheikh Radwan, dans la ville de Ghaza, selon Al Jazeera.

Comme l'explique le correspondant d'Al Jazeera English (AJE), Aboubakr Abed, la série de bombardements aériens qui ont visé la région de Deir al-Balah, dans le centre de Ghaza, ont touché une zone où les Palestiniens qui ont fui les bombardements de Rafah depuis que Israël a intensifié ses raids sur cette ville du sud et où elle prévoit une incursion terrestre aux relents d'un massacre.

Le quartier d'Al-Zaytoun, au sud de la ville de Ghaza, a lui aussi été la cible de tirs d'artillerie plusieurs fois durant la journée de samedi.

A Rafah, le bombardement d'un appartement dans le quartier d'Al-Djeneina, au centre du gouvernorat du sud de Ghaza, a fait au moins un martyr et plusieurs blessés.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté aussi le martyr de deux Palestiniens et la blessure de plusieurs autres dans un bombardement israélien ciblant une maison de la ville d'Al-Zawaïda, dans le centre de Ghaza.

La même source a rapporté aussi que des affrontements à la mitrailleuse lourde ont eu lieu hier entre la résistance palestinienne et les forces d'occupation sionistes dans les quartiers est de la ville de Ghaza.

Hier, vers 15h GMT, le correspondant d'Al Jazeera a indiqué qu'un bombardement de l'aviation israélienne contre cinq maisons dans différentes zones du centre de l'enclave de Ghaza a fait des dizaines de martyrs et de blessés.

Six ONG mettent en garde contre l'incursion à Rafah

Vendredi, les directeurs de six organisations humanitaires et de défense des droits humains ont signé une lettre ouverte dans laquelle ils expriment leurs craintes des conséquences d'une offensive terrestre israélienne à Rafah, et appellent à un cessez-le-feu immédiat et permanent.

«Nous sommes consternés par les développements déchirants à Rafah, la zone la plus peuplée de Ghaza, où 1,5 million de personnes se réfugient, dont plus d'un demi-million d'enfants. Si Israël lance son offensive sur le terrain, des milliers de civils supplémentaires seront tués et le flux actuel d'aide humanitaire risque de s'arrêter complètement. Si ce plan militaire n'est pas stoppé immédiatement, les conséquences seront catastrophiques», lit-on dans le document.

Les ONG, Action Aid International, Amnesty International, Association des agences internationales de développement (AIDA), Conseil danois pour les réfugiés, Handicap International-Humanité & Inclusion, Oxfam International et War Child Alliance, affirment : «Il est inconcevable que l'armée israélienne déplace de force la majorité de la population de ses foyers vers Rafah - avec six fois plus de personnes qu'auparavant, désormais entassés dans la zone - et qu'elle ait ensuite annoncé son intention de l'attaquer».

Les signataires affirment que «punir collectivement des civils en leur refusant un abri adéquat, de la nourriture, de l'eau potable et d'autres produits essentiels nécessaires à leur survie et en faisant obstacle aux secours humanitaires destinés à atténuer la famine, peut constituer de graves violations des obligations d'une puissance occupante en vertu du droit international humanitaire, constituant ainsi des crimes de guerre».

Le texte rappelle aussi que l'attitude d'Israël est due au silence des puissances mondiales qui la soutiennent dans sa politique. «Le silence, et parfois le soutien matériel apporté à l'armée israélienne par des nations puissantes, témoigne d'une complicité affligeante dans l'aggravation de la crise à Ghaza. Qu'il s'agisse du transfert d'armes ou de l'obstruction diplomatique aux résolutions, de telles actions ont effectivement accordé à Israël l'impunité».

«Nous exhortons tous les États à considérer que leur inaction ou leur soutien continu non seulement aggrave la tragédie mais les implique également. Nous les appelons à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher de nouvelles offensives militaires et instaurer un cessez-le-feu permanent et global à Ghaza», conclut le document.

La Palestine au Sommet de l'Union africaine

Le président des Comores et président en exercice de l'Union africaine, Azali Assoumani, a déclaré hier, lors du Sommet de l'Union africaine (UA) qui se tient à Addis-Abeba, que «le peuple palestinien a le droit d'établir son propre État avec Al Qods pour capitale», et a appelé à «l'arrêt immédiat des bombardements israéliens à Ghaza».

Participant à ce Sommet, le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a remercié l'Afrique pour son soutien, notamment par la plainte pour génocide portée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), appelant à pousser ce soutien en boycottant les produits israéliens provenant des colonies de Cisjordanie occupée.

M. Shtayyeh a établi, dans son discours au Sommet de l'UA, un parallèle entre la lutte palestinienne et la lutte anticoloniale de l'Afrique. Il a demandé que l'entité d'occupation sioniste soit mise au ban de la communauté internationale et que des sanctions soient imposées en réponse à ses crimes et à ses violations du droit international.

«Nous défendons notre terre, notre peuple et nos lieux sacrés, tout comme vous avez défendu vos patries contre le colonialisme», a-t-il déclaré, appelant la communauté internationale à reconnaître l'État de Palestine et le Conseil de sécurité des Nations unies à fixer un calendrier pour mettre fin à l'occupation.