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Le paradoxe migratoire

par Abdou BENABBOU

L'Etat américain du Texas a décidé de construire une caserne militaire à proximité de la frontière mexicaine. Selon toute vraisemblance, le contrôle migratoire ne sera plus du ressort de la police des frontières mais il semble maintenant dévolu à l'armée fédérale et un premier escadron de 300 soldats prépareraient leurs armes et leurs sacs de couchage pour s'y installer. Jointe au mur de béton de plusieurs dizaines de kilomètres, cette résolution démontre la montée en puissance d'une ténacité à faire barrage à un flux migratoire qui s'amplifie.

L'Europe n'est pas en reste. Elle ne cesse de remodeler sa législation sur le sujet jusqu'à mettre en cause ses frontières intérieures et à dénier ce sur quoi elle a été essentiellement fondée. L'abolition de la libre circulation de ses propres ressortissants a tout l'air de se programmer.

La peine s'annonce déjà perdue, car l'on a constaté, chiffres à l'appui, que plus on s'échine à multiplier les obstacles en assortissant leurs natures et plus le flux augmente. La réticence forcenée à recevoir des étrangers est d'autant plus dérisoire qu'elle élargit paradoxalement les appels d'air pour les itinérances humaines forcées. Le curieux dans le problème migratoire, particulièrement aux Etats-Unis, est que ce sont les pays à essence et à consistance humaine migratoire qui s'adonnent à un fort penchant à refuser de recevoir des étrangers. L'opiniâtreté de ceux qui donnent un sens travesti à l'accueil des étrangers en attribuent d'autres à la xénophobie en lui attribuant d'autres habits alors qu'il est probable que leurs aïeuls l'ont eux-mêmes subie.

L'argument justificatif de la clandestinité de l'errance des humains ne tient pas, car même la transhumance régulière souvent de courte durée est atrophiée en réglementations et mesures limitatives injustifiées. Si le prétexte de la menace terroriste est légitime, il ne tient cependant qu'à un fil car le vrai sujet tu sinon survolé par les extrémistes a un fort relent civilisationnel.