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132e jour de l'agression contre Ghaza: Israël continue de massacrer dans les hôpitaux

par Mohamed Mehdi

Au 132e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 28.775 martyrs et 68.552 blessés, a annoncé vendredi le ministère de la Santé. Plus de 71% des martyrs sont des enfants (12.300) et des femmes (8.400), ainsi que 340 personnels de santé et 46 personnels de secours et 130 journalistes.

Pour les seules journées de mercredi et jeudi derniers, l'armée d'occupation a commis 19 massacres à Ghaza, faisant au total 199 martyrs et 261 blessés.

Vendredi l'entité sioniste a continué à bombarder plusieurs régions du nord au sud de Ghaza. Khan Younes et Rafah, dans le sud de l'enclave, sont soumis, depuis plus de trois semaines, à de violents bombardements aériens et d'artillerie. A Khan Younes, les soldats de l'armée sioniste ont continué leur assaut contre l'hôpital Nasser, et ont bombardé l'hôpital Al Amal appartenant au Croissant-Rouge palestinien.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, hier, qu'au moins 11 martyrs sont tombés et 5 personnes ont été blessées, suite au bombardement des maisons des familles Jouda et Za'rob au centre et au nord de la ville de Rafah. A Rafah également, un bombardement des forces d'occupation israéliennes d'une maison dans la ville d'Al-Nasr, au nord de la ville de Rafah, a fait 7 martyrs et des blessés, selon la même source.

Le journaliste a également rapporté que deux palestiniens sont tombés en martyrs et d'autres blessés dans un bombardement israélien visant des citoyens à l'est de Khan Younes.

Jeudi, l'armée israélienne a bombardé le centre et la ville de Ghaza, faisant au moins 6 martyrs et plusieurs blessés. Vendredi, le nombre de journalistes martyrs à Ghaza est passé à 130 depuis le début de l'agression israélienne contre l'enclave, selon le bureau des médias du gouvernement. La même source a rendu public les noms de deux professionnels des médias victimes des carnages israéliens. Il s'agit de Zaid Abu Zayed, tombé en martyr avec sa femme et ses enfants, dans le bombardement d'une maison du camp de Nuseirat dans le centre de Ghaza. Et du journaliste martyr Yasser Mamdouh, victime des balles d'un tireur d'élite sioniste au sein même du complexe médical Nasser à Khan Younes.

Situation catastrophique à l'hôpital Nasser

«Nous sommes impuissants, la situation à l'hôpital est catastrophique», a déclaré, vendredi, le Dr Nahed Abu Taima, directeur du complexe médical Nasser à Khan Younes, à Al Jazeera.

«Nous avons été contraints de transférer tous les patients et les blessés dans l'ancien bâtiment de l'hôpital», a-t-il ajouté, précisant que les forces israéliennes rassemblaient les malades, les blessés et les civils réfugiés à l'hôpital.

«L'électricité a été coupée dans tout le complexe. De nombreux patients en soins intensifs, sous oxygène et dialysés se battent pour leur survie depuis 3 heures du matin», a déclaré Taima.

«Nous sommes impuissants, incapables de fournir une quelconque forme d'assistance médicale aux patients à l'intérieur de l'hôpital ou aux victimes qui affluent dans l'hôpital chaque minute», affirme encore l'intervenant.

Vendredi également, les forces israéliennes ont pris d'assaut la maternité de l'hôpital Nasser, assiégé depuis trois semaines. Dans une déclaration sur Telegram, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que «les soldats avaient forcé les femmes et les enfants à quitter le service de maternité. Les soldats ont également investi le bâtiment administratif du complexe», rapporte Al Jazeera.

Par ailleurs, le directeur de l'hôpital chirurgical du complexe médical Nasser a déclaré que «4 patients en soins intensifs sont décédés à la suite de l'arrêt de l'oxygène dû à l'arrêt des générateurs électriques».

MSF exprime son inquiétude

Médecins Sans Frontières (MSF) a appelé hier à la fin des attaques israéliennes contre l'hôpital Nasser, à Khan Younes, qui ont fait plusieurs morts et blessés.

«Après le bombardement d'hier matin, nos cadres ont signalé une atmosphère de chaos, avec un nombre indéterminé de morts et de blessés. Le sort d'un de nos confrères reste inconnu depuis l'attaque», a indiqué l'organisation sur la plateforme X.

MSF a ajouté que son personnel avait été contraint de fuir et d'abandonner les patients à l'hôpital. «Les forces israéliennes ont mis en place un point de contrôle pour les gens qui quittaient le complexe, et l'un de nos collègues a été arrêté à ce point de contrôle. Nous appelons à préserver sa sécurité et à protéger sa dignité», a ajouté l'ONG.

MSF demande à Israël «d'arrêter immédiatement cette attaque, car elle menace le personnel médical et les patients coincés à l'intérieur de l'établissement».

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi qu'elle tentait d'atteindre le complexe médical Nasser assaillit par les forces d'occupation.

Le porte-parole de l'OMS a déclaré : «Le complexe Nasser est le plus grand hôpital encore en activité dans l'enclave de Ghaza, et il y a des centaines de patients et de personnes grièvement blessées à l'intérieur de l'hôpital».

Après l'assaut contre l'hôpital Nasser, le porte-parole de l'armée israélienne, a déclaré jeudi : «Nous n'entrons pas dans les hôpitaux sans raison, mais plutôt pour les utiliser à des fins militaires». Ajoutant : «Nous travaillons dans la zone de l'hôpital Nasser à Khan Younes et nous n'avons encore rien trouvé en rapport avec les ravisseurs».

Attaque contre l'hôpital Al Amal

Toujours à Khan Younes, les chars de l'occupation sioniste ont bombardé l'hôpital Al Amal, situé dans le siège de la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS).

Le PRCS a déclaré, vendredi, que «les chars d'occupation israéliens ont bombardé le deuxième étage de l'hôpital Al Amal causant de très graves dégâts, sans faire de victimes parmi le personnel ou les patients».

L'association a ajouté dans un communiqué, cité par Al Jazeera, que «des chars d'occupation étaient stationnés aux portes de l'hôpital depuis deux semaines, empêchant l'entrée de toute aide ou matériel médical et logistique».

La même source a indiqué que les forces d'occupation ont libéré hier matin «les deux médecins, Jamal Ayad et Nafith Al-Qarm, du personnel de l'hôpital Al-Amal, après 7 jours de détention», précisant en outre que «12 autres membres du personnel de l'association sont toujours en détention, dont 7 qui ont été arrêtés à l'intérieur de l'hôpital Al-Amal». Le PRCS a partagé, jeudi, via X une vidéo montrant une de ses ambulances gravement endommagée par les soldats israéliens. La vidéo montre clairement des impacts de balles sur le pare-brise de l'ambulance.

Le PRCS a affirmé que l'ambulance a été touchée et que son équipage a été agressé «alors qu'ils tentaient de transférer des bouteilles d'oxygène de l'hôpital Nasser à l'hôpital Al-Amal il y a environ une semaine».

Un désastre humanitaire à Ghaza

Le Conseil de sécurité nationale russe a déclaré vendredi que les actions d'Israël ont conduit à une «catastrophe humanitaire pour deux millions de Palestiniens à Ghaza et déstabilisé le Moyen-Orient», soulignant également que «les États-Unis et la Grande-Bretagne tentent d'entraîner les pays de la région dans le conflit au Yémen».

De son côté, l'Organisation des Nations Unies a déclaré, hier, qu'il n'y «aucun endroit sûr à Ghaza», soulignant la nécessité de protéger les civils, et précisant que «plus de 70% des infrastructures civiles et 84% des établissements de santé à Gaza ont été détruits ou gravement endommagés». Par ailleurs, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Michael Fakhry, a accusé Israël «d'utiliser la faim comme une arme afin de nuire et tuer des civils à Ghaza». Il a également accusé les pays qui ont cessé le financement de l'Agence de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), sur la base de «fausses» allégations israéliennes, d'être les «complices» de cette situation de famine à Ghaza.

«Un habitant sur quatre (à Ghaza) a faim», a déclaré Michael Fakhry, ajoutant que les Palestiniens de Ghaza «constituent actuellement 80% du nombre total de personnes confrontées à la famine, ou à une famine catastrophique dans le monde».

Il a expliqué que lui et d'autres experts indépendants dans le domaine des droits de l'homme au sein du système des Nations Unies ont vu «comment Israël commet un génocide contre le peuple palestinien».

Jeudi, le président du Comité des droits de l'enfant aux Nations Unies a déclaré à Al Jazeera que»la situation des enfants à Ghaza est catastrophique». «Nous n'avons pas vu de situation similaire pour les enfants de Ghaza, en particulier ceux qui ont perdu leur famille», a-t-il ajouté appelant à un «cessez-le-feu immédiat». «Nous appelons à la poursuite du travail de l'UNRWA, car elle est la seule capable d'apporter un soutien. Nous devons commencer à fournir un soutien psychologique aux enfants de la bande de Ghaza», a-t-il poursuivi, exigeant le «respect du droit international pour protéger les enfants de Ghaza».