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Bouillonnement africain

par Abdou BENABBOU

Le sommet de l'Union africaine qui se déroule ces dernières quarante huit heures à Addis-Abeba ne s'est jamais réuni sous d'aussi mauvais auspices. Affirmer qu'une grande partie de l'Afrique est en feu n'est pas exagéré car l'ensemble des indicateurs négatifs prouve que le continent s'oriente vers des jours sombres. Terrorisme aux allures étendues à leurs extrêmes, enlèvements quotidiens sans limites, banditisme instauré en ultime culture, coups d'Etat répétés en continuité sont devenus l'insigne figé d'une partie du monde où les habitants par millions n'ont plus que le recours à l'errance, à la fuite et à l'exode.

On localise régulièrement la tragédie africaine par le terrorisme qui sévit au Sahel. Mais l'étalage de la terreur terroriste n'est plus circonscrit à quelque trois ou quatre pays africains, et ne s'arrête plus à leurs territoires pour indiquer qu'il ne reconnait plus les frontières.

Des gradés militaires se croient bien avisés de s'interposer avec leurs seules et uniques expériences des armes au nom d'une plate autorité pour éviter le chavirement de leurs pays. Le monde ne fonctionne pas ainsi et ils n'ont récolté que l'amplification des zizanies inter-Etats pour se présenter aujourd'hui divisés à un sommet continental où ils ne pourront que développer leurs rancœurs. Trop d'importants intérêts sont en jeu pour que l'on puisse croire que finalement le bouillonnement africain actuel ne puisse pas offrir un terrain propice aux manœuvres des grandes puissances. Comme toujours ce seront les peuples qui en paieront le prix cher. La pandémie du Covid et la crise économique mondiale ont lacéré des populations entières et des terribles écorchures qu'elles produisent en leurs seins ont causé des dégâts humanitaires incommensurables. La faim et le désespoir, en plus des drames, amplifient la violence y compris dans des Etats supposés sereins.

Au train avec lequel évoluent les événements, notamment en Afrique, il n'est pas dit que l'étroitesse des vues de certains régimes africains les prédispose à des rôles d'outils au service des puissances qui, en attendant, préparent leurs derniers mots.