Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

En majorité des enfants et des femmes: Une centaine de martyrs en une journée à Rafah

par Mohamed Mehdi

Au 129e jour de l'agression contre Ghaza, le bilan des victimes s'est élevé à 28.340 martyrs et 67.984, a annoncé hier le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. L'armée israélienne a commis 19 massacres contre des familles faisant au moins 164 martyrs et 200 blessés au cours des précédentes 24 heures, a ajouté la même source, précisant que de nombreuses victimes se trouvent encore sous les décombres et sur les routes, sans possibilité pour les ambulances et les équipes de la protection civile de les atteindre, ni pour les civils en raison des tires des snipers.

Le porte-parole du ministère de la Santé, Ashraf Al-Qudra, a précisé hier que « 7 citoyens ont été tués et 14 membres du personnel médical et des personnes déplacées ont été blessés par les balles des tireurs d'élite de l'armée d'occupation dans les cours du complexe Nasser ».

« Personne ne peut circuler dans les cours du complexe médical Nasser à Khan Younes », a-t-il ajouté, soulignant que « les plafonds se sont effondrés dans plusieurs services opérationnels de l'hôpital en raison des puissantes explosions autour du complexe médical Nasser ».

Al-Qudra a également alerté que l'établissement hospitalier, assiégé depuis plus de trois semaines, manque terriblement de nourriture et d'eau potable.

De son côté, le directeur de l'hôpital koweïtien a déclaré, lundi, à Al Jazeera que les cours des hôpitaux de Ghaza se transforment en fosses communes. « Nos hôpitaux se transforment en charniers. Nous souffrons d'une grave pénurie de fournitures et de consommables », a-t-il déclaré, précisant que l'aide humanitaire « est interrompue depuis jeudi dernier ». Par ailleurs, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté le décès de la journaliste palestinienne Alaa Al-Hams des suites de ses blessures lors du bombardement de la maison de sa famille dans le quartier d'Al-Geneina, à l'est de Rafah, il y a quelques jours. La même source a déclaré que l'armée d'occupation israélienne a forcé les personnes déplacées de l'école Siham à Khan Younes, au sud de Gaza, à quitter les lieux, avant de bombarder avec des obus d'artillerie.

Le massacre commence à Rafah

Plus de 1,3 million de Palestiniens entassés à Rafah, dont une majorité de personnes déplacées, ont vécu une nuit de dimanche à lundi d'enfer suite aux bombardements intenses de l'aviation israélienne. Dans un premier bilan annoncé hier vers 10h GMT, le ministère de la santé à Ghaza a déclaré que « 67 martyrs dont des enfants et des dizaines de blessés ont été transférés vers des hôpitaux après les massacres commis par l'occupation dans la ville de Rafah », ajoutant que les opérations de secours des victimes se poursuivaient encore.

Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza a également souligné que la situation médicale et humanitaire à Rafah est « extrêmement catastrophique » et que « le nombre de victimes est supérieur aux capacités des hôpitaux ».

Deux heures plus tard, le nombre des victimes des bombardements à Rafah augmenté. Al Jazeera fait état de « près de 100 martyrs et des dizaines d'autres blessés, pour la plupart des femmes et des enfants, dans les violents bombardements israéliens contre des maisons et des mosquées à Rafah, au sud de l'enclave de Ghaza ».

Le correspondant d'Al Jazeera à Rafah a déclaré que « les bombardements israéliens violents et sans précédent » étaient concentrés « dans les zones nord de la ville de Rafah et à proximité de la mosquée Al-Rahma et dans le camp Al-Shaboura ». Il a également précisé que les navires de la marine de guerre israélienne ont également bombardé les zones côtières de Rafah.

Toujours selon le correspondant d'Al Jazeera, les bombardements sionistes ont détruit la mosquée Al-Huda dans le camp de Yabna, la mosquée Al-Rahma dans le camp d'Al-Shaboura et 14 habitations à Al-Mughayyir, Al-Masry, Abu Jazar , Abu Al-Husayn, Abu Rizq et d'autres dans les régions de Yabna, Khirbet Al-Adas, Al-Shaboura, Tal Al-Sultan, la région de Musabah et le camp de Badr. Le journaliste a précisé encore que des centaines de citoyens ont fui vers l'hôpital koweïtien pour tenter d'échapper aux violents bombardements israéliens.

Al Jazeera a également rapporté, hier aussi, qu'un bombardement israélien contre une maison de la rue Al-Baraka à Deir Al-Balah, dans le centre de l'enclave de Ghaza, a fait 15 martyrs et des blessés.

Missiles incendiaires

Cité par Al Jazeera, le directeur de l'hôpital koweïtien de Rafah, Suhaib Al-Hams, a déclaré que l'armée israélienne a fait usage de « missiles incendiaires internationalement interdits » lors des bombardements de la nuit de dimanche à lundi. L'intervenant a fait état d'un « grand nombre de personnes amputées et brûlées ». La Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a ajouté aussi que le nombre de martyrs du massacre de Rafah « va probablement augmenter, en raison de la présence de personnes disparues sous les décombres des maisons dont les habitants ont été bombardés ». Le PRCS a également précisé que le processus de transport et d'acheminement des martyrs et des blessés vers les hôpitaux se fait de « manière primitive », en raison du « manque d'ambulances pour secourir les blessés après la nuit sanglante à Rafah ».

De son côté, Médecins sans frontières (MSF) a déclaré lundi que « l'offensive terrestre déclarée par Israël sur Rafah serait catastrophique et ne doit pas avoir lieu ».

« Alors que les bombardements aériens de la zone se poursuivent, plus d'un million de personnes, dont beaucoup vivent dans des tentes et des abris de fortune, sont maintenant confrontées à une escalade dramatique du massacre en cours », a déclaré l'organisation sur son site Internet. MSF ajoute : « aucun endroit de Ghaza n'est sûr et les déplacements forcés répétés ont poussé les gens vers Rafah, où ils sont piégés dans un minuscule espace et n'ont pas d'autre choix », rappelant également que, depuis le début de la guerre d'Israël contre Ghaza, les équipes médicales et les patients de l'organisation ont été contraints d'évacuer « neuf centres de soins différents ».

Khan Younes: cimetière des soldats israéliens

De violents affrontements ont lieu hier à Khan Younes dans la continuité des combats qui se déroulent depuis plusieurs semaines dans ce département du sud de l'enclave de Ghaza. Le correspondant d'Al Jazeera a fait état lundi d'affrontements entre la résistance palestinienne et les forces d'occupation israéliennes dans la ville de Abassan al-Kabira, à l'est de Khan Younes.

Dimanche soir, des médias israéliens, cités par Al Jazeera News, ont rapporté que les soldats de l'armée d'occupation sont tombés dans une embuscade, qualifiée de « vaste et précise », menée par la résistance palestinienne à Khan Younes, qui a coûté la vie à « plus de 11 soldats ».

La Société de radiodiffusion israélienne a déclaré : « L'événement sécuritaire a eu lieu au sud-est de Khan Younes, sous la forme d'une embuscade élaborée, et il a fallu plusieurs heures pour transporter les morts et les blessés », rapporte Al Jazeera News. Par ailleurs, les Brigades Ezzeddine al-Qassam, bras armé de Hamas, ont annoncé que leurs combattants « ont éliminé 10 soldats de l'occupation du «point zéro» » dans la région de Abassan al-Kabira.

Dans la même région Al Qassam a ajouté hier, dans un communiqué publié sur Telegram, que ses combattants « ont fait exploser un engin anti-personnel au passage d'une troupe piétonne de soldats sionistes, faisant plusieurs morts et blessés ».

Toujours à Khan Younes, les Brigades Al-Qods, la branche militaire du Mouvement du Jihad islamique, ont annoncé hier : « Lundi à l'aube, nos combattants ont tendu une embuscade à une force israélienne dans la région de Ma'an, au sud-est de Khan Younes ». Le communiqué des Brigades Al-Qods explique que « dès l'arrivée des soldats sionistes sur le site de l'embuscade, nos combattants les ont surpris avec des tirs nourris de mitrailleuses, des obus antipersonnel, et des engins explosifs, faisant des morts et blessés parmi eux ». Les Brigades Al-Qods ont également annoncé, hier, le bombardement d'une position de commandement des forces israéliennes dans l'axe Al-Taqadum, au centre de Khan Younes, avec des obus de mortier.