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Chaleur extrême en Algérie: Un système de vigilance sanitaire adapté s'impose en urgence

par M. Aziza

  Le Dr Salah Sahabi Abed, directeur de l'exploitation météorologique, à l'Office national de la météorologie a mis l'accent sur la nécessité de mettre en œuvre un système de vigilance sanitaire adapté pour la chaleur extrême et qui réponde aux défis du changement climatique.

A travers sa communication présentée, jeudi dernier, lors d'un séminaire sur « l'impact du changement climatique sur la santé », organisé par l'Académie Algérienne des Sciences et Technologies (l'AAST), au Palais de la Culture ‘Moufdi Zakaria', à Alger, l'expert a affirmé que les scénarios futurs du climat prévoient pour l'Algérie une accentuation des événements climatiques extrêmes. Il précise que les projections futures du climat en Algérie, montrent que les saisons chaudes continueront à s'étendre au-delà des périodes estivales, au cours des prochaines années. Et de souligner que la gestion des vagues de chaleurs prolongées et intenses sera, par conséquent, de plus en plus complexe. Pour M. Sahabi Abed, les Services sanitaires devront coordonner avec les Services météorologiques pour la mise en place dudit système aussitôt que possible.

Le Dr Zoubir Harrat, chercheur et membre de l'AAST a affirmé, pour sa part, que certaines maladies à transmission vectorielle sont directement affectées par les changements climatiques. En citant les cas de la leishmaniose, le paludisme, la maladie du virus du Nil occidental (West Nile Virus), la dengue et le Chikungunya. Il dira que certaines espèces de moustiques et des moucherons piqueurs (Phlébotome) sont très sensibles aux variations climatiques. Il explique que « l'augmentation de la température, des précipitations et de l'humidité relative favorise, dans la plupart du temps, la multiplication des gîtes et la croissance des stades larvaires des moustiques. Ce qui entraîne une augmentation de l'intensité de la transmission des maladies vectorielles ». Il a évoqué le cas des leishmanioses qui sévissent à l'état endémo épidémique dans notre pays et sont responsables entre 8.000 et 10.000 nouveaux cas par an. Il dira qu'une nette corrélation entre les précipitations et les flambées épidémiques a été observée dans les foyers endémiques dans notre pays et dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Le Dr Harrat a indiqué, en outre, que le risque d'épidémie de dengue ou de chikungunya demeure une menace réelle pour notre pays. Et ce, du fait de la propagation inquiétante du moustique tigre, dans plusieurs wilayas du nord du pays. Il conclut en affirmant que le succès de la lutte contre ces maladies vectorielles dépend des capacités de surveillance des structures de santé et de l'appropriation communautaire des nouvelles mesures d'adaptation au changement climatique. Les réponses adaptatives nécessitent également, le renforcement du système d'alerte précoce, le diagnostic et la notification en temps réel et le suivi régulier des mesures préventives entreprises. En matière de stratégie de lutte contre les changements climatiques, le Dr Harrat a tenu à préciser que l'Algérie a fait d'énormes efforts pour limiter les émanations des gaz à effet de serre. Et ce, dans le cadre du « Plan national Climat », adopté en 2019 et mis en œuvre en 2020, comprenant 155 projets. Il a également évoqué la mise en place, durant l'année 2023, d'une Commission parlementaire multisectorielle dédiée aux questions environnementales. En précisant que « peu de pays disposent d'une telle instance au sein de leurs parlements ».

Le président de l'Académie algérienne des Sciences et des Technologies (AAST), Pr Mohamed Hicham Kara, a mis en relief les efforts fournis par l'Algérie dans sa lutte contre les effets du changement climatique. Il a affirmé, dans ce sens, que l'Algérie a « présenté récemment trois rapports reflétant sa détermination à contribuer activement à réduire les émanations des gaz à effet de serre, auprès du secrétariat de la Convention-cadre onusienne sur les changements climatiques ». Mais, dit-il, cette « décision politique doit être soutenue par la connaissance scientifique ».

M. Kara a mis, en outre, l'accent sur la nécessité de coordonner le travail entre l'écologie et la biologie humaine et animale ainsi que le renforcement de l'observation de l'environnement, du comportement humain et des maladies transmissibles. Et ce, pour réduire l'impact du changement climatique sur la santé.