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La Commission mixte d'historiens algériens et français sur
la période coloniale et de la guerre d'Indépendance a fait du chemin, pas si
long mais reflétant son engagement à accomplir la mission qui lui a été confiée
par les présidents algérien et français. A l'issue de deux réunions en
présentiel (et deux autres par visioconférence), l'une à Constantine, en
novembre, et la seconde à Paris, le 25 janvier dernier, la Commission a rendu
publiques ses propositions pour traiter les contentieux entre les deux pays sur
le plan mémoriel. Une rapidité qui dénote de la volonté de sortir avec des
solutions « apaisantes » dans des dossiers qui présentent des similitudes dans
les points de vue des deux parties. Et, ce n'est pas fortuit. Car, la visite
d'Etat du Président Tebboune en France se profile à
l'horizon et ce dossier de la mémoire constitue l'un des points qui l'ont
retardée. Rappelons, dans ce contexte, les déclarations du ministre des
Affaires étrangères, Ahmed Attaf, lors d'un entretien
accordé à la plate-forme de la chaîne qatarie «Al-Jazeera» Atheer,
en décembre, où il a évoqué les « cinq lourds et grands dossiers » qui plombent
les relations entre Alger et Paris, qui figurent parmi les motifs qui ont
conduit au report de la visite en question, parmi eux les dossiers de la
mémoire.
Selon le communiqué de la Commission, les historiens des deux pays proposent d'abord des solutions pour la question des Archives qui ne semblent plus poser grand problème, notamment grâce à la numérisation. Mais, rien de nouveau, ou pas grand-chose, concernant le lourd contentieux concernant la restitution, à la partie algérienne, des biens appartenant à l'Émir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d'autres personnalités algériennes, « l'épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l'émir Abdelkader, la tente d'Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat », cités expressément par le communiqué de la Commission. Précisant que ces questions ont été traitées par la Commission sans pour autant s'aventurer à parler de restitution de ces biens. Tout juste, la Commission propose la « réalisation des expositions sur l'histoire de l'Algérie, au XIXe siècle, à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie ». Mais, pour restituer ces biens à l'Algérie, la situation reste bloquée par l'obligation de passer par une loi à voter par le Parlement français. Dans un entretien accordé à RFI (publié le 8 février), l'historien Benjamin Stora, qui préside la Commission côté français, a donné plus de précisions à ce propos. Mis à part la possibilité de la restitution de documents authentiques hautement symboliques, toute autre décision doit passer par le vote du Parlement français, a-t-il avoué. Toutefois, l'historien estime « qu'en attendant que cette loi soit votée, que l'ensemble des partis politiques français se mettent d'accord, ce qui est loin d'être le cas, sur la restitution des biens », on « peut quand même s'accorder et faire des propositions aux chefs d'État pour des restitutions, par exemple, sur le bâton de commandement de l'émir Abdelkader et, par exemple, sur son Coran ». Soit, aller vers des compromis pour avancer ? |
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