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Gain facile et rapide

par Abdelkrim Zerzouri

A entendre ces appels incessants aux investisseurs étrangers pour venir en Algérie réaliser des projets dans le domaine de l'agriculture saharienne, en tant que force de notre sécurité alimentaire, on est tenté de croire que les Algériens sont restés sourds et aveugles face à cette immense richesse que recèle le sud du pays ? Peut-être qu'on a si longtemps assimilé le Sud aux puits de pétrole, l'or noir, comme on l'appelle, alors que l'or vert sommeille tout à côté en l'absence d'investisseurs pour l'éveiller. Les appels aux étrangers ont été lancés particulièrement aux Américains, ainsi que d'autres pays qui possèdent une expérience dans le domaine de l'agriculture saharienne, et tous ont répondu positivement aux propositions de l'Algérie, sauf que des hésitations incompréhensibles ont retardé le démarrage concret des projets envisagés.

Ce n'est pas le cas des Italiens qui sont déjà passés à l'action et annoncent le lancement d'un «grand» investissement en Algérie l'année prochaine.

C'est la société italienne spécialisée en agriculture Bonifiche Ferraresi (BF) qui a exprimé, lundi 6 février, lors d'une rencontre de travail avec l'Agence algérienne de promotion de l'investissement (AAPI), sa disponibilité à réaliser de grands investissements agricoles dans le sud de l'Algérie, notamment en matière de production de blé dur et de semences.

Le PDG de la société italienne, Federico Vecchioni, a révélé au terme de cette rencontre que sa société avait obtenu l'année dernière un contrat de concession définitif au niveau de la wilaya de Touggourt pour la production du blé dur, soulignant que cela constituait «un premier pas pour un projet beaucoup plus important». En attendant les Américains, et pourquoi pas d'autres pays arabes, les Italiens sont déjà à l'œuvre dans le Grand Sud algérien. Les Algériens ? Ils y sont, mais avec de petits projets relativement à l'immensité du Sahara.

L'ex-ministre de l'Agriculture et du Développement rural avait déclaré, en mai 2023, que son département avait mis dans le cadre du programme de l'agriculture saharienne, en 2022, 230.000 ha à la disposition des investisseurs. Et 220.000 ha devaient être mis à la disposition d'autres investisseurs, dans le cadre des plans de cultures élaborés pour cette région, notamment celles stratégiques, comme les céréales et les légumineuses. Mais que peuvent représenter ces milliers d'hectares quand l'Algérie propose 3 millions d'hectares aux investisseurs ?

La seule solution est de faire appel aux potentiels investisseurs étrangers, non pas parce que les Algériens n'ont pas les moyens financiers nécessaires, mais pour d'autres raisons, notamment le manque d'attrait pour le retour d'investissement sur le moyen et long terme. L'appât du gain rapide a tué l'investissement chez les Algériens en possession de capacités financières conséquentes. Et tant que le gain rapide reste à portée, pourquoi tenter l'aventure dans le Sud ?