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Technologies du numérique et intelligence artificielle dans le domaine de la santé: Plaidoyer pour des parcours académiques hybrides

par Houari Barti

Des experts dans le domaine des technologies du numérique et de la santé plaident désormais pour la mise en œuvre de nouveaux formats académiques à l'université pour la formation «d'ingénieurs en médecine et d'étudiants en médecine avec une culture du numérique et de la technologie». C'est ce que révèle l'Agence thématique de recherche en sciences de la santé et de la vie (ATRSSV), dans le sillage de la table ronde scientifique intitulée « Nouvelles technologies, intelligence artificielle et santé » à laquelle ont pris part récemment des experts algériens établis en Algérie et à l'étranger, venus notamment des universités de Paris 6, Grenoble et Brest. Selon cette même source, «le Professeur Chafia Hamitouche, une experte algérienne de renommée exerçant au laboratoire de traitement de l'information médicale (LaTIM - INSERM UMR) qui englobe les universités de Bretagne, Brest, CHU de Brest et IMT atlantique en France, a plaidé, dans sa conférence intitulée «l'ingénierie et technologies du numérique au service de la santé», en faveur de l'idée de former des ingénieurs et des étudiants en médecine avec une culture du numérique et de la technologie». L'impact de ces technologies sur le parcours du patient est, selon un communiqué diffusé hier, «la cible de plus en plus de recherche, d'où la préparation préopératoire (simulation, gestes…)», notamment «en utilisant la réalité virtuelle qui prend une place de plus en plus considérable». De même, on parle du «bloc opératoire du futur avec des objets connectés et des data analysés en temps réel». L'embarcation de capteurs sur des implants serait également «une des pistes de la médecine du futur permettant de bien suivre l'état de santé du patient», ajoute la même source qui estime que «cette technologie donnera naissance à une masse de données considérable et valorisable à travers son analyse en utilisant IA». Dans son expérience à travers son laboratoire où se côtoient des cliniciens et ingénieurs traitant et analysant de la data médicale avec des produits valorisables sous forme de start-up, le Professeur Hamitouche a présenté une expérience prometteuse sur l'intelligence artificielle et les technologies du numérique. Une expérience, rappelle l'ATRSSV, qui établit un «lien forme-fonction utilisé en orthopédie avec la création d'un espace mathématique de représentation forme-fonction». L'utilisation des technologies du numérique a également permis «de développer des techniques chirurgicales mini invasives», rappelle la même source avant de souligner que le laboratoire développe actuellement des implants connectés. Selon l'ATRSSV, le Pr Hamitouche, également membre du conseil scientifique de l'Agence avait démarré une coopération fructueuse avec cet organisme dès 2017 avec un workshop IA et santé, projet PHC Tassili avec trois universités algériennes et trois centres de recherche français. Cette collaboration aurait pour finalité la proposition de création d'un laboratoire mixte ou associé en simulation en santé (SIMULAB) avec des actions de formation, simulation médicale et recherche. Ce laboratoire sera composé de cliniciens et chercheurs en ingénierie et viserait à promouvoir l'innovation en utilisant la simulation numérique, IA, Big Data, jumeau numérique…

Le projet PULSE, un modèle à suivre

L'Agence thématique de recherche en sciences de la santé et de la vie (ATRSSV) avait également invité le Professeur Mounir Mokhtari, une des sommités algériennes basées à Singapour (National University of Singapore) et France (Institut Mines Telecom) avec une longue expérience internationale dans l'utilisation des technologies numériques, intelligence artificielle, Big Data, et IOT à large échelle pour la prévention des maladies et le bien-être des populations âgées.

Le Professeur Mokhtari a présenté le projet PULSE «Participative Urban Health and Wellbeing H2020», qui, en utilisant les données relatives à la qualité de l'air avec la collecte de plusieurs données grâce à des capteurs connectés sur des patients, permet d'étudier, suivre et prédire des maladies comme le diabète ou maladies respiratoires.

Des modèles prédictifs de diabète et asthme ont été développés et utilisés dans l'éducation des citoyens et même utilisés par les agences régionales de santé. Ayant conscience de la nécessité de faire bénéficier l'Algérie de son expérience, le professeur Mokhtari propose de refaire l'expérience de Singapour dans une ville algérienne avec un échantillon de dizaines de milliers de citoyens intégrés dans un projet régional pour mettre en place un système de prévention du diabète et de l'asthme basé sur l'analyse des données. De son côté, le professeur Hamadouche M., expert et doyen de la faculté des sciences exactes et appliquées à Oran, a présenté l'expérience réussie de la formation ingénierie et santé lancée depuis des années à l'université Oran 1 en collaboration avec l'université Paris-Est (UPEC). Cette formation avait permis la formation de cadres algériens spécialisés dans les technologies numériques et intelligence artificielle appliquées aux différents domaines de la santé humaine. Cette formation assurée par la faculté des sciences exactes et appliquées de l'université Oran 1 a permis aux étudiants de bénéficier de plusieurs formations données par des experts de l'université Paris 6, dont la dernière session remonte au mois de mai dernier. Pour rappel, l'Agence thématique de recherche en sciences de la santé et de la vie (ATRSSV) est une agence nationale chargée de la planification, le suivi et l'évaluation des différentes activités de recherche liées aux domaines de la médecine, pharmacie, biologie, biotechnologie et agronomie, englobant un réseau de 313 laboratoires universitaires, 62 équipes mixtes de recherche, 04 réseaux thématiques de recherche, et une diversité de projets à impact socioéconomiques et thématiques.

L'agence édite également une revue scientifique spécialisée Algerian Journal of Health Sciences, et dispose d'un panel d'experts de renommée. Cette année, l'agence a lancé l'opération d'évaluation quadriennale de 171 laboratoires de recherche appartenant à 43 établissements universitaires.

Cette évaluation est réalisée pour la première fois totalement en ligne via une plateforme numérique qui a permis de recenser et tracer dans un communiqué diffusé hier, plus de 41.000 livrables de recherche pour 778 équipes de recherche nationales.