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Travaux du Comité de haut niveau de l'UA sur la Libye: L'appel de Tebboune

par El-Houari Dilmi

Le Président Tebboune a appelé le peuple libyen «à commencer à dessiner son avenir selon des échéances nationales auxquelles participent toutes les parties libyennes». Dans une allocution lue en son nom par le Premier ministre Nadir Larbaoui devant les participants à la dixième session de la réunion des chefs d'Etat du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, dans la capitale congolaise Brazzaville, le président de la République a appelé le peuple libyen à «donner la priorité à l'intérêt suprême de la Libye, à œuvrer à la réunification et à aspirer à une Libye sûre et stable». Le Président Tebboune a également exprimé le rejet par l'Algérie de «toute ingérence dans la décision libyenne», appelant à la «préservation de la souveraineté nationale de ce pays frère». «Le peuple libyen doit décider de son avenir en mettant en place des institutions légitimes et en choisissant ses représentants», a ajouté le Président Tebboune. Le chef de l'Etat s'est dit convaincu que «toutes les parties libyennes disposent de la volonté nécessaire pour la sauvegarde de l'intérêt général et de la réconciliation nationale en Libye». Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, est arrivé dimanche en République du Congo, en qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour participer à la Réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye.

«L'Algérie a plaidé, plaide et plaidera pour un règlement pacifique des conflits sur le continent africain, loin de toute ingérence étrangère», a déclaré, hier lundi, Abdelaziz Medjahed, directeur général de l'Institut national des études de Stratégique globale (INESG). Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Abdelaziz Medjahed a rappelé que cette position immuable de l'Algérie«a toujours été défendue dans toutes les enceintes internationales, pendant des siècles, y compris lors du Sommet des pays de l'Union africaine en 1966 et en présence des pères fondateurs de l'UA».

Le DG de l'INESG a expliqué que la participation de l'Algérie à la réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, à Brazzaville, vient confirmer cet effort ferme de la diplomatie algérienne pour encourager le dialogue, rejeter les conflits entre les Libyens et aller de l'avant dans la construction d'institutions constitutionnelles élues loin de toute ingérence étrangère». Medjahed a également indiqué que le monde d'aujourd'hui «est géré avec des crises provoquées pour affaiblir les pays arabes et africains et consolider l'hégémonie étrangère», a-t-il souligné, avant d'ajouter : «nous devons travailler pour mettre fin à ces ingérences dans les affaires du continent, ce qui est l'une des principales raisons de la poursuite de la crise libyenne depuis plus de 13 ans», a-t-il argumenté. «Il doit y avoir une approche objective et prudente des conflits et des questions épineuses sur le continent africain en éclairant l'opinion publique d'abord sur ceux qui jouent des rôles positifs dans la résolution des crises, et dénoncer ceux qui jouent des rôles négatifs entravant la construction d'institutions souveraines fortes», a souligné le directeur général de l'Institut national des études de Stratégique globale. Citant l'exemple de récente tournée du Secrétaire d'État américain pour les quatre pays riverains de l'Océan atlantique, qui n'est pas sans lien avec l'expulsion de l'ancien colonisateur par plusieurs pays africains, «le continent africain est aujourd'hui d'un grand intérêt pour les grandes puissances du monde en raison de son potentiel, de sa richesse et de sa situation stratégique, ce qui nous oblige à faire bon usage de ces atouts afin de bien défendre les intérêts du continent», a encore expliqué l'invité de la Radio.

«Une nouvelle approche pragmatique»

Toujours dans ce même contexte, Medjahed a insisté sur la nécessité «d'adopter une nouvelle approche pragmatique dans nos relations avec les grandes puissances, qui ne soit pas basée uniquement sur la coopération, mais sur l'idée de bénéfices mutuels». Et de poursuivre: «Il n'est pas permis de sous-estimer la puissance de l'Algérie et de se concentrer uniquement sur les aspects négatifs car ils sont partout, mais il faut souligner que la révolution algérienne a contribué à la libération de la moitié du continent africain», rappelant au passage la célèbre citation de feu Nelson Mandela: «C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme».

Hakim Boughrara, analyste politique et professeur en Sciences de l'information à l'université de Médéa, a indiqué pour sa part, que l'Algérie «œuvre depuis son indépendance pour renforcer la voix de l'Afrique dans les enceintes internationales conformément à une feuille de route basée sur de nombreux principes, notamment la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays du continent et la restauration de la souveraineté de la prise de décision, mais cet effort s'est heurté à des puissances étrangères qui travaillent constamment à faire des percées afin de renforcer leur influence et leurs intérêts», a-t-il estimé.