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Les prix sous surveillance

par Abdelkrim Zerzouri

Alors qu'on s'attendait en toute pertinence à une baisse des prix des produits de large consommation, en conformité avec les décisions introduites dans la loi de finances 2024 visant la protection du pouvoir d'achat du citoyen, notamment la baisse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la suppression de la Taxe sur l'activité professionnelle (TAP), accouplée à l'inexistence d'aucune nouvelle taxe, certains producteurs de boissons gazeuses ont entrepris une voie contraire, en décidant de hausser les prix de leurs produits, et ce à la veille du mois sacré où la consommation augmente d'une manière exponentielle. Une initiative irréfléchie, désolément encourageante pour d'autres producteurs dans d'autres domaines à suivre cet exemple.

Ainsi, à près d'un mois du mois de Ramadhan, certains producteurs de boissons gazeuses ont mis au point une stratégie de rentabilité inégalée durant tout le reste de l'année, en imprégnant une hausse de prix après avoir retiré de la vente les bouteilles de leurs produits concernés portant des inscriptions de l'ancien prix. Cela a vite fait réagir le ministre du Commerce.

Aucune augmentation «soudaine et non justifiée des prix des boissons gazeuses ne sera tolérée», a-t-il prévenu. Rappelant dans ce sillage qu'aucune augmentation des taxes n'a été prévue dans la loi de finances 2024, comme l'a instruit le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de la préservation du pouvoir d'achat du citoyen une priorité. Non sans mettre en garde les producteurs de boissons activant sur le marché algériens, qui seront «contrôlés un par un», et recommander à ceux qui ont appliqué toute hausse de revenir au prix initial.

Il n'y a pas que les prix des produits subventionnés qui doivent être contrôlés, malgré le fait que si on cherche bien, on trouve toujours la subvention de l'Etat au bout ou en amont de la chaîne, comme le sucre, le gaz, l'électricité, l'eau ainsi que les facilitations concernant les investissements et certains taux bancaires bonifiés, a fait remarquer le ministre.

En la matière, l'exemple le plus étayant à propos du contrôle des prix par les autorités nous vient des Etats-Unis, où les prix ne sont plus aussi libres qu'ils l'étaient auparavant.

D'une manière inédite, la Maison Blanche s'est ingérée directement ces derniers jours dans ce volet sensible des prix, en suggérant aux chaînes de supermarchés de baisser les prix de leurs produits, qu'il s'agisse de lait, d'œufs ou de pain. «Notre message est très clair et le président continue de s'appuyer sur ce message : si vous êtes une entreprise dont les prix des intrants ont baissé et que vous ne répercutez pas ces économies sur le consommateur, il vous le fera savoir», a déclaré Jared Bernstein, président du Conseil des conseillers économiques du président M. Biden, lors d'une réunion virtuelle avec les journalistes.

Comment peut-on avoir dans cet environnement mondial l'effronterie d'avancer l'argument des prix libres qui plus est dans une économie adossée aux transferts sociaux, totalisant près de 3.000 milliards de dinars dans le budget annuel de 2024 ?