Pourquoi le projet de résolution du Conseil de sécurité de
l'Algérie appelant à un cessez-le-feu à Ghaza, qui a
été communiqué le mercredi 28 janvier aux 15 membres du Conseil, dérange-t-il
les Etats-Unis tant qu'ils ont toute la latitude d'opposer leur veto comme ils
l'ont fait quand ils ont été le seul pays à bloquer l'adoption d'un
cessez-le-feu, en décembre ? Vendredi dernier, l'ambassadrice américaine auprès
des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a laissé entendre devant les
journalistes que le projet de résolution en question « pourrait mettre en péril
des négociations délicates et faire dérailler les efforts diplomatiques
exhaustifs et continus visant à obtenir la libération des otages et à garantir
une pause prolongée dont les civils palestiniens et les travailleurs
humanitaires ont désespérément besoin ». «Négociations sensibles» en cours
visant à obtenir une pause dans la guerre d'Israël, comme le révèle
l'ambassadrice américaine, et projet de résolution appelant à un «
cessez-le-feu », le fil est mince entre les deux initiatives, tant que les
négociations visant à obtenir une « pause durable », vues par l'ambassadrice
américaine comme « un pas de plus vers la création des conditions nécessaires à
une cessation durable des hostilités », ne sont que le reflet d'un pas vers le
cessez-le-feu. A la différence près, qu'avec un cessez-le-feu, on ne projette
pas de reprendre la guerre, du moins pas aussi aisément qu'on ne le ferait
après une « pause ». Le fil est mince également entre les deux constats finaux,
en l'occurrence la fin des souffrances des populations à Ghaza
et la libération des otages, mais les mots semblent avoir un poids qui fait
toute la différence entre les deux voies diplomatiques, menant toutes deux à
faire taire les armes mais selon des principes différents. Si l'ambassadrice
américaine parle d'une « pause prolongée dont les civils palestiniens et les
travailleurs humanitaires ont désespérément besoin », le cessez-le-feu
également ne peut apporter que soulagement et paix aux civils palestiniens et
aux travailleurs humanitaires. Pourquoi alors privilégier la proposition de la
« pause prolongée », élaborée la semaine dernière par les États-Unis, Israël,
l'Égypte et le Qatar, et rejeter le projet de résolution d'un cessez-le-feu
durable contenu dans l'initiative de l'Algérie et communiquée aux 15 membres du
Conseil de sécurité ? Peut-être que les Etats-Unis préfèrent l'approche de la
pause durable plutôt que le cessez-le-feu dont ne veut pas entendre parler le
gouvernement de Netanyahu. Tout comme ce dernier ne veut pas entendre parler de
la solution à deux Etats prônée par tous les pays du monde, y compris les
Etats-Unis. En tout cas, pour le moment, les deux propositions restent
suspendues, l'une devant recueillir au moins neuf votes favorables et ne pas
faire l'objet d'un veto de la part des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la
France, de la Chine ou de la Russie pour être adoptée, et l'autre attendant
encore une réponse du Hamas.