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Enseignement des maths: La «réforme» de la formation continue des enseignants s'impose

par M. Aziza

L'Algérie à travers le secteur de l'Education nationale intensifie ses efforts pour promouvoir l'enseignement des mathématiques et surtout faire aimer les maths aux élèves. Mais certaines lacunes et certains dysfonctionnements doivent être surmontés pour atteindre cet objectif.

Mme Nadia Azrou , enseignante et chercheuse en didactique des mathématiques, a été chargée, dans le cadre du partenariat entre le ministère de l'éducation, l'Unesco et l'UE, de faire un état des lieux des mathématiques en Algérie. L'analyse des données a abouti à l'élaboration d'un plan de formation détaillé. Le plan prévoit la formation de 150 inspecteurs en mathématiques qui débutera ce 4 février.

La réalisation de cet état des lieux des mathématiques résume la vision des pouvoirs publics pour une prise en charge fondamentale des disciplines scientifiques à travers l'amélioration de la formation des enseignants de mathématiques et la transformation de leurs pratiques pédagogiques dans les trois niveaux du système éducatif (primaire, moyen et secondaire). Visant à améliorer les programmes de formation continue des enseignants de mathématiques avec l'intégration des éléments innovants et de bonnes pratiques.

Cette mission a permis à l'experte et didacticienne chargée de la conduire, de mener une étude sur le terrain sur un échantillon de 33 établissements parmi les trois (03) cycles du système éducatif: onze (11) écoles primaires, onze (11) CEM et onze (11) lycées couvrant les régions du Centre, de l'Est, de l'Ouest et du Sud. Ce qui a permis à cette dernière de rencontrer 77 agents de l'éducation dont des directeurs, des inspecteurs et des enseignants. Même les élèves ont été interviewés.

Il est ressorti très clairement, d'après l'analyse des résultats de cette étude, que les élèves ne détestent pas les mathématiques, mais qu'ils ont des appréhensions par rapport à cette matière. La didacticienne a affirmé sur la base des résultats obtenus que «100% des élèves interviewés, à travers tous les établissements visités, ont dit que les mathématiques sont difficiles et compliquées». D'où la nécessité, dit-elle, de trouver des solutions adaptées pour réconcilier les élèves avec cette matière. Elle relativise en précisant : «j'ai vu des élèves qui pourraient vraiment aller mieux dans un contexte meilleur». Et si certains, dit-elle, trouvent des difficultés, cela est dû, selon son analyse, à la faiblesse des pré-requis. «Il y a des blocages, des confusions et des complications et un manque d'application qui s'accumulent d'une année à une autre et les transitions discontinues aggravent ces difficultés». Elle précise que «les méthodes d'évaluation actuelles ne sont pas fidèles au niveau réel de l'élève», expliquant qu'en termes de pré-requis, les notes basses des mathématiques sont souvent compensées par des matières de mémorisation. «On favorise beaucoup plus le passage de l'élève tout en accumulant un niveau faible d'une année à une autre». Il y a aussi le problème de l'orientation qui parfois se trouve biaisée.

Elle reconnaît cependant qu'il y a une prise de conscience ascendante en ce qui concerne l'enseignement en général, en particulier pour les mathématiques, de la part des différents acteurs qui «démontre une certaine connaissance de certains facteurs à prendre en charge, il y a certains qui font des analyses pertinentes». «J'étais surprise, à travers cette étude, par les compétences de certains enseignants et par leur intérêt à l'amélioration de l'enseignement des mathématiques. Ils attendent juste le déclic pour que la machine fonctionne à merveille». Ils exigent des formations de qualité et efficaces, en identifiant eux-mêmes les faiblesses de la formation purement théorique adoptée jusqu'à maintenant. Pour elle, la formation continue «est soit insuffisante soit inadaptée, ou plutôt, selon les enseignants, pas très efficace». En ce qui concerne le livre scolaire des mathématiques de différents niveaux, l'experte a estimé qu'ils sont bien faits.

En ce qui concerne le recrutement des enseignants, l'experte a évoqué le profil des enseignants. Au niveau du primaire, «ce sont généralement des littéraires, dans le collège et le secondaire on trouve souvent des ingénieurs en génie mécanique, électronique et des ingénieurs en statistiques». Elle résume en affirmant que «les matheux ne sont pas souvent prioritaires pour enseigner les mathématiques». Autre chose qu'il faut vulgariser et expliquer davantage, selon ses propos, c'est «l'approche par compétence». Elle dira que les enseignants ou les acteurs qui sont sur le terrain connaissent «l'approche par compétence mais apparemment ils ne savent pas comment l'utiliser concrètement». «Les opportunités pour améliorer et promouvoir l'enseignement des mathématiques existent. Le partenariat entre le ministère de l'Education, l'Unesco et l'UE est une des opportunités», conclut-elle.